Des
Défauts dans l’Univers
Cordes
cosmiques et autres trous de l’espace-temps
par
Patrick PETER et Alejandro GANGUI
1. PRELIMINAIRES
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1.1 Les particules standards.
Résumé
de l’ensemble de toutes les particules qui composent le modèle standard,
incluant les trois familles (générations), les quatre interactions, ainsi que
la particule de Higgs responsable de la brisure de
symétrie.
Les
trois familles de particules, à part les neutrinos, apparaissent sous deux
formes notées “D”et “G” (pour Droite et Gauche), ce qui correspond à l’une des
symétries de la nature (une autre est l’hélicité).
Cette
présentation de l’ensemble des particules de la nature est due originellement à
G. T’Hooft.
1.2 Energies
Dans un
système physique, chaque particule possède une quantité d’énergie qui peut être
sous l’une ou l’autre des deux formes suivantes, ou un mélange des deux :
Energie
cinétique (agitation thermique,
mouvement)
Energie
potentielle (interactions
électromagnétique, faible, forte, gravitationnelle et du champ de Higgs)
1.3 Phases et symétries
Lorsque l’énergie cinétique devient faible devant l’énergie
potentielle les forces d’interaction entre les particules dominent les forces
de mouvement et l’ensemble du système se “fige” --> changement de
phase + brisure de symétrie.
1.4 Transitions et défauts
Le
changement de phase prend un certain temps et ne se fait pas partout
simultanément. Il démarre en différents endroits dans le système et se propage.
Aux endroits ou il y a rencontre, il peut y avoir des incompatibilités (une
même particule peut être sollicité de deux façons antagonistes), ce qui forme
des défauts.
1.5 Le vide
Définitions : “Absence
de tout objet”. (Littéraire)
“C’est
l’état possédant le moins d’énergie possible”. (physique des particules)
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1.7 Super-symétrie
Les
bosons messagers des interactions, sont grégaires, ils tendent à se placer tous
dans le même état.
Les
fermions, constituants de la matière, n’acceptent pas de partager un même
niveau d’énergie.
La
super-symétrie entraîne l’association d’un boson et d’un fermion.
Comme
les deux partenaires doivent avoir la même masse, les particules actuellement
connues ne font pas l’affaire. Il faut donc supposer que cette symétrie est
brisée et qu’il existe dans la nature des particules que nous ne connaissons pas
encore.
2. LES MECANISMES DE HIGGS ET DE
KIBBLE.
Au temps de Planck, la température
de l’Univers est celle de Planck (
1020 GeV ). Elle décroît ensuite
(par l’expansion de l’Univers) entraînant une
succession de transitions de phases.
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2.1 Le mécanisme de Peter HIGGS
P.
HIGGS a proposé un mécanisme qui permet d’attribuer une masse aux vecteurs
d’une interaction.
2.1.1 Analogie avec les cristaux
liquides
Les molécules allongées des cristaux
liquides sont orientés au hasard à haute température et s’alignent à basse
température dans la phase nématique.
Dans le cas le plus simple, un seul
axe moléculaire détermine l’orientation. Cette direction est appelée le
“directeur” et noté “n” sur la figure.
Dans ce type de cristal, la taille
de chaque molécule ne varie pas, par
contre leur orientation peut changer d’un point à un autre. La moyenne des
orientations peut être nulle ou privilégier une direction. L’alignement est
caractérisé par deux nombres : l’angle de l’alignement et l’amplitude moyenne.
Ceci est un champ de type “complexe” représenté par une flèche variable d’un
point à un autre.
A très haute température, les
molécules ne s’alignent pas : l’amplitude moyenne est nulle (flèche de taille
0, sans orientation).
A plus basse température, l’énergie
potentielle (force d’interaction entre molécules) domine l’énergie cinétique :
les molécules s’alignent et la flèche devient maximale. Par contre l’angle de
l’alignement est quelconque. Pour le potentiel, cela se traduit par une vallée
à la même hauteur pour toutes les valeurs de l’angle, avec une bosse pour une
orientation nulle.
En physique des particules, les
molécules et leurs orientations sont remplacées par un champ dit : champ de Higgs.
Son potentiel mesure l’énergie qu’il
contient.
L’analogue d’une particule dans un
cristal est une onde sonore. Elle se propage d’autant plus facilement que les
molécules sont moins bien alignées. Lorsque l’orientation est nulle (molécules
dans toutes les directions) la propagation se fait sans résistance (cas de la
haute température). Après la transition de phase, il y a une orientation
importante (couplage entre molécules) entraînant une résistance à la propagation
c’est à dire une inertie.
L’inertie donne une mesure de la
masse de l’objet qui se propage. On peut donc dire que dés que la symétrie est
brisée, la masse n’est plus nulle puisqu’il y a résistance au mouvement.
De
la même façon, toutes les particules qui interagissent avec le champ de HIGGS,
acquièrent une masse dès que celui-ci n’est plus nul.
2.1.2 La transition de phase vue
dans l’espace du champ de Higgs.
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En bleu, le potentiel du champ de Higgs pour T > Tc.
En
jaune, le potentiel du champ de Higgs pour T < Tc.
A
haute température le champ prend une valeur nulle (bille grise au centre).
C’est un état à haut degré de symétrie.
Pour minimiser son énergie, le champ
cherche à rester au minimum du potentiel.
Durant
la transition de phase, l’Univers entier se refroidit, et le potentiel prend une
nouvelle forme (surface jaune).
Cette surface possède un cercle de
minima (cercle bleu).
Pour minimiser son énergie, le champ
doit choisir une position sur ce cercle. Cette position impose une orientation
particulière qui brise la symétrie.
2.2 Le
mécanisme de KIBBLE
Au cours de
l’évolution de l’Univers, des domaines non corrélés
ont dû apparaître où le champ de HIGGS a pris des valeurs de vide différentes.
La taille de ces domaines a augmenté jusqu’à leur rencontre.
KIBBLE a
mis en évidence que les vides différents de ces domaines ne pouvaient pas se
raccorder. Cela
génère des défauts aux interfaces ou le champ de HIGGS ne peut pas minimiser son
énergie.
Ces interfaces sont constituées de “faux
vide” (le vrai vide étant celui qui existe de chaque côté de l’interface).
La nature des défauts dépend des
symétries du champ de Higgs initial.
Si le champ
de HIGGS a une symétrie circulaire, il va s’ajuster en concentrant les
discontinuités le long de lignes, plutôt que de murs. C’est ce qu’on appel les
“cordes cosmiques”. Elles sont extrêmement fines et constituées de faux vide.
La
structure du champ de HIGGS peut être encore beaucoup plus compliquée et amener
d’autres types de défauts comme des défauts ponctuels appelés “monopôles” , ou même des défauts dits “semi-topologiques”
appelés “textures”.
A part les
“textures”, les défauts préservent l’état de symétrie non brisée, c’est à dire
le faux vide qui régnait avant le transition de phase.
Ces régions devraient contenir d’énormes quantités d’énergie.
2.3 La
longueur de corrélation (Ksi)
Un état de vide est caractérisé par le
fait que le champ de HIGGS prend, dans cet état, une valeur qui correspond à un
minimum du potentiel. Si les minima ont des énergies différentes on parle de
minima locaux. Dans cette situation le vrai vide sera l’état dans lequel
l’énergie est minimisée de façon globale (il ne doit pas exister de configuration
d’énergie moindre).
2.3.1
Transition de phase discontinue
Pour une température inférieure à la
température critique, des bulles de vrai vide apparaissent dans un
environnement de faux vide (nucléation). La phase du champ de HIGGS est
différente d’une bulle à l’autre. Les
bulles vont croître et finir par se rencontrer (leur vitesse de croissance est au
moins égale à celle de l’expansion de l’Univers
avant l’inflation). Lorsqu’elles se rencontrent des défauts (monopôles, cordes,
domain walls) peuvent
apparaître.
2.3.2 Transition de phase continue
Le champ de Higgs
change de valeur de manière continue quand la température décroît, mais le
phénomène étant aléatoire, les valeurs
peuvent être différentes dans des régions éloignées d’ou là encore création de
défauts.
La longueur de corrélation est la
longueur caractéristique du réseau de cordes ainsi formé. Elle dépend de :
- la distance typique
entre deux bulles au moment où celles-ci apparaissent;
- la probabilité de
nucléation;
- la vitesse d’expansion
des bulles;
- la probabilité que les
orientations s’ajustent de manière à former un défaut.
3. ILLUSTRATIONS EN LABORATOIRE
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On considère habituellement que la matière
peut se présenter sous trois phases : solide, liquide, gazeuse. Il y a
cependant des états qui ne répondent pas à cette classification : la
mayonnaise, le lait concentré etc.
3.1
Les cristaux liquides
Ce
sont des composés organiques avec des phases intermédiaires entre le solide et
le liquide : ils peuvent couler comme un liquide tout en ayant les propriétés
des solides, telle une structure moléculaire orientée. Par exemple le cholestéryl de benzoate présente deux points de fusion : à
145,5 °C il passe de l’état solide à l’état de liquide brumeux et à 178,5 °C il
devient un liquide clair.
3.1.1. Echantillon de cristal
liquide nématique
(Image
obtenue au microscope à polarisation croisée.)
Au voisinage d’un défaut le directeur
change de façon très abrupte puisqu’au lieu même du défaut il ne peut être
défini.
L’absence
de directeur est un défaut. De même, le lieu de localisation d’une corde
cosmique (le défaut), est l’endroit où il n’y a pas d’orientation du champ de HIGGS
définie puisque celui-ci doit rester dans le faux vide ou son amplitude est
nulle (phase symétrique).
Dans un
cristal comme en cosmologie, les défauts peuvent se présenter sous plusieurs
formes : ponctuels, linéiques ou plus complexes.
L’omniprésence
des défauts linéiques dans les cristaux liquides, est à l’origine de la
dénomination “nématique” (fil).
Sur
la photo, on voit les bosses de Schlieren. Les
défauts ponctuels sont souvent reliés par des lignes ou le directeur n’est pas
non plus défini. Ce sont les équivalents des monopôles reliés par des cordes
cosmiques. Ces différents défauts peuvent interagir entre eux et même
s’annihiler.
Les défauts d’un cristal liquide ne
sont pas des objets rigides. Ils peuvent se mouvoir et être influencés par des
sources extérieures (champ magnétique, gravitation ...). Ils peuvent aussi
interagir entre eux.
Le
nombre de défauts produits dans chaque bulle de nématique issue de la
transition a été mesuré. Les résultats obtenus sont tout à fait en accord avec
la théorie pour la production de cordes et de boucles cosmiques.
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3.1.2. Intercommutation de deux défauts linéiques dans un cristal
liquide nématique.
Cette séquence montre deux défauts
qui s’approchent, fusionnent, formant un noeud qui, étant topologiquement
instable, se désintègre, conduisant à deux défauts ayant échangé leurs
extrémités.
4. DEFAUTS COSMIQUES
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4.1 Les rideaux (membranes
cosmiques)
La
plupart des théories actuelles n’en prédisent pas.
Si
la brisure de symétrie permet de former des membranes, alors on en trouvera une
par volume d’horizon.
Leur
densité surfacique, est caractérisée par l’énergie (température) au moment de
la transition de phase (
1053 gr/cm2 )
Leur
densité est toujours très supérieure à
la densité critique de l’Univers.
4.2 Les cordes
Ce
sont les seuls défauts compatibles avec l’ensemble des observations actuelles.
Elles peuvent exister sous la forme de petites boucles, qui satisfont aux
critères requis pour la matière noire.
4.2.1.
Apparition des cordes cosmiques.
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Dans
chaque région de l’espace, la direction de la flèche du champ de HIGGS prend
des valeurs comprises entre 0 et 360°.
Lorsque
le champ à le choix parmi toutes les valeurs, c’est qu’on est resté en ce
point, dans l’état d’avant la transition de phase (champ nul, symétrie totale).
A haute
température, le champ de HIGGS est nul partout.
Lorsque la température décroît en
dessous du niveau critique, il choisit une orientation parmi celles qui sont
possibles. Il existe une longueur de corrélation qui définie la distance
supérieure ou cette valeur du champ va
s’imposer, indépendamment de celle
choisie dans les régions voisines. Il se forme ainsi un ensemble de domaines de
tailles équivalentes ou le champ de HIGGS à des valeurs différentes. Lorsque
ces domaines se rencontrent, au minimum 3 par 3, ils forment des arêtes aux
interfaces. Ces arêtes ne pouvant adopter les valeurs des domaines adjacents,
la transition n’a pas lieu pour elles et elles restent dans l’état énergétique
du faux vide. Elles possèdent donc beaucoup plus d’énergie que les domaines qui
sont passés par la transition de phase.
L’épaisseur d’une corde est
approximativement l’inverse de la masse de la particule de HIGGS (10-30
m ).
L’énergie par unité de longueur,
vaut environ le carré de cette masse (1019 tonnes / m)
La force gravitationnelle qu’exerce
une corde est au pire 10-6 .
Cordes locales : leur énergie est confinée dans un coeur très
fin.
Cordes globales: plus épaisses elles
génèrent une interaction à longue portée entre les cordes elles-mêmes.
4.2.2. Modèle de cordes cosmiques
Comme tout objet contenant de
l’énergie, elles peuvent agir par gravitation sur la matière.
Plongeons un fil dans de l’eau :
-
Immobile, il ne se passe rien.
-
Lorsqu’il se déplace, il se forme un sillage.
Si une corde traverse une région
contenant de la matière, elle forme un sillage. Cela conduit à la formation de
régions en forme de plan. Les catalogues
de galaxies peuvent s’interpréter avec de tels feuillets.
Les cordes sont des objets très
curieux : bien que très massives, elles ne produisent pas de champ
gravitationnel statique. L’interaction entre deux cordes produit un phénomène
de reconnexion : deux objets distincts deviennent indiscernables. Ce mécanisme
permet de produire des boucles dotées d’une grande énergie cinétique
(reconnexion). Ce processus permet aussi au réseau de perdre de l’énergie.
Les
cordes cosmiques sont les analogues des lignes de vortex dans les cristaux
liquides. Elles sont prédites par la physique des particules (très hautes
énergies).
Lorsqu’une particule s’approche d’une
corde, elle se trouve piégée. Si la particule est chargée, alors il peut se
créer un courant électrique. La masse des particules provient de leur couplage
au champ de Higgs qui forme la corde. On s’attend à
ce que cette masse soit comparable à celle du champ de Higgs.
Donc le courant doit être de l’ordre de grandeur de la masse de la particule de
Higgs (1020 A). Malgré son importance, cette intensité ne
semble pas modifier le comportement des cordes.
La
génération de champs magnétiques dans le plasma primordial par ces cordes n’a
été que très peu étudiée.
4.2.3. Distribution des cordes
Quand la transition de phase se termine,
les phases prennent des valeurs aléatoires dans des régions séparées d’au moins
la longueur de corrélation ( l ). Les simulations
numériques montrent que les cordes se distribuent au hasard suivant un pas égal
à l . Elles se présentent sous la forme de lignes
brisées erratiques. En conséquence, si une corde passe par deux points de
l’espace séparés d’une distance R, la longueur de corde qui les relie sera : R2
/ l . La longueur de corrélation est donc importante
pour calculer la densité d’énergie due aux cordes.
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Distribution initiale Univers
jeune Univers
actuel
Les cordes évoluent par
reconnexions, formant ainsi des boucles de plus en plus petites. Il arrive un
moment ou la taille et la densité sont telles qu’elles ne peuvent plus se
rencontrer.
Elle se contracte sous l’effet de sa
tension, oscille (elle n’était pas circulaire au départ) et perd une quantité
importante d’énergie par rayonnement gravitationnel. Elle se désintègre par
rayonnement gravitationnel.
Lors de l’expansion, la structure des
cordes sera “lissée” sur des échelles plus petites que celle de l’horizon. Les
simulations montrent que les cordes infinies contribuent pour 80% à l’énergie
du réseau. Cela veut dire qu’au moins 20% du total est sous forme de boucles
dont la distribution en taille se trouve indépendante de la longueur de
corrélation l.
Le réseau
de cordes obtenu est “invariant d’échelle”, c’est à dire qu’il reste identique
lorsqu’on modifie la longueur de corrélation l .
L’évolution du système de cordes est régulé par deux effets :
- l’interaction entre cordes conduit
à la production de boucles ( “inter commutation” ).
- Comme ces boucles sont
oscillantes, elles perdent leur énergie sous forme de rayonnement
gravitationnel.
4.2.4 Les
vortons
Les cordes
qui portent des courants produisent de nouveaux objets appelés vortons.
Si la
corde est initialement parcourue par un courant, le début est le même. Lorsque
la taille de la corde diminue, le courant augmente, il a pour effet de réduire la tension de la corde et de
l’entraîner en rotation. La rotation induit une force centrifuge qui va
augmenter en même temps que la tension de la corde va diminuer. La force
centrifuge va devenir plus importante que la tension et la corde va finir par
arrêter sa contraction. Cet état d’équilibre de la boucle constitue un vorton. Il ne se distingue en rien d’une particule
élémentaire quoique beaucoup plus lourd et plus petit. Il a une charge et il se
comporte comme de la matière ordinaire non baryonique.
Si ces objets ont été produits,, alors ils ont dominés l’Univers
du fait de leur stabilité.
Ce dernier point en fait un obstacle
majeur aux modèles cosmologiques utilisant des cordes supraconductrices pour la
formation des grandes structures.
4.3 Les monopôles
Les champs
électriques et magnétiques ne sont pas symétriques :
- une charge électrique peut exister
seule.
- une charge magnétique n’a jamais été
observée. Il y a toujours une paire de pôles.
Dans les théories de grande unification,
cette symétrie absente des équations de Maxwell, réapparaît. Les pôles nord et
sud sont particule et anti-particule l’un de l’autre. Ils peuvent s’annihiler.
Ils sont topologiquement stables : ce sont des
défauts topologiques.
Ils ne
sont produits que sous certaines conditions comme par exemple :
- Si la symétrie qui reste après la
transition de phase est circulaire (c’est celle de l’électromagnétisme !)
- Aux très hautes températures de l’Univers primordial, les conditions étaient remplies, il y a
donc eut formation de monopôles.
Malheureusement
ils sont produits en très grande quantité, ce qui pose un problème
cosmologique.
- Dès leur formation les monopôles
deviennent non relativistes car ils sont très lourds et interagissent fortement
avec la matière. Leur densité décroît donc comme celle de la matière; soit
comme l’inverse du cube du facteur d’échelle de l’Univers.
La solution à ce problème, envisagée
aujourd’hui, est une période d’inflation cosmique qui a permis de diluer
(jusqu’aux valeurs observées) tous les vestiges primordiaux et en particulier
les monopôles.
- D’autres scénarios permettent de
combattre la surpopulation des monopôles en particulier : les monopôles ne sont
pas formés seuls mais ils sont liés à des cordes cosmiques. Ou bien ils peuvent
cohabiter avec des membranes cosmiques qui les ramassent en les absorbant.
4.4 Défauts
hybrides
Dans les
modèles de grande unification, ce n’est en général pas une, mais plusieurs
brisures de symétrie qui se produisent. On peut donc s’attendre à deux
situations :
- des défauts de types différents sont
produits à chaque transition.
- des défauts vont être produits
accrochés les uns aux autres au fur et à mesure que les transitions de phase se
succèdent. Dans ce cas il s’agit de défauts hybrides. Exemple : une corde et
deux monopôles . Ceci veut dire que les cordes qui
vont se former peuvent être instables
pour que la probabilité pour qu’une corde soit cassée par l’apparition
d’une paire de monopôles existe.
- de la même façon il peut y avoir des schémas
de brisure de symétrie au cours desquels des membranes et des cordes sont
produites successivement. Dans ce cas nous rencontrerons des morceaux de
membranes bordés par des cordes. Les membranes pouvant être trouées par
l’apparition de boucles de cordes.
Toutes ces
configurations sont transitoires et finalement il ne reste plus rien à
condition que ça se passe assez vite.
4.5 Interactions
entre défauts différents
4.5.1. Cas des défauts produits au cours de deux
transitions différentes :
- première transition > génération de
monopôles ;
- deuxième transition > le flux
magnétique de ces monopôles se confine à
l’intérieur de tubes de flux, c’est à dire des cordes cosmiques locales.
Les cordes
s’effondrent sur elles-mêmes du fait de leur tension et les monopôles sont
annihilés.
Evolution du réseau de cordes
reliant des monopôles.
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4.5.2. Cas des défauts produits au
cours de la même transition de phase
Si des membranes sont formées accompagnées
de monopôles, la tension superficielle des membranes les fera se déplacer.
Elles rencontreront des monopôles. Lorsqu’ils sont mis en présence, le monopôle
est absorbé par le mur. Le monopôle forme un état lié avec le mur. Or à
l’intérieur du mur le monopôle n’a plus de raison topologique d’être stable :
il se désintègre. Rapidement le réseau de murs va faire disparaître tous les
monopôles.
Les murs disparaissent lorsqu’ils
proviennent d’une brisure de symétrie imparfaite. Dans ce cas, l’énergie est différente
des deux côtés du mur ce qui entraîne une différence de pression. Le mur se
déplace alors d’une façon extrêmement rapide et disparaît de l’Univers observable (rempli alors par la configuration de
moindre énergie).
Ces phénomènes peuvent être simulés
dans l’hélium 3 superfluide.
4.6 Inflation
L’inflation explique entre autres
choses, la “platitude” de l’Univers (C’est la seule
solution connue aujourd’hui).
Le champ responsable de l’inflation
génère des fluctuations quantiques primordiales.(concurrents
des défauts ?)
Selon les théories de physique des
particules, les défauts sont produits de façon générique, alors qu’amorcer une
phase d’inflation paraît bien peu naturel, car cela contraint à un ajustement
très précis des paramètres .
Dans les tous premiers instants :
domination d’un champ scalaire qui va tendre vers son énergie minimale dans un
Univers vide (ni lumière ni matière). La densité d’un tel champ dépend de son
énergie cinétique (évolution), autant que de son énergie potentielle.
4.6.1 Evolution du champ “normale”
Quelles
que soient les conditions initiales, l’évolution du champ au cours du temps
l’amène au minimum de son potentiel. A partir de là, seule l’énergie cinétique
du champ peut contribuer à la densité totale et on montre que cette
contribution va rapidement devenir négligeable.
4.6.2 “Roulement lent” : [
énergie potentielle très importante + variations temporelles minimes ].
Dans ce
cas le champ s’assimile à une constante cosmologique (champ de quintessence ?).
Il peut aisément dominer l’Univers. Si le champ
domine l’Univers, il le fait entrer dans une phase
d’expansion accélérée (inflation) tout en continuant de descendre vers le
minimum de son potentiel. Lorsque l’énergie est suffisamment faible, le champ
se met à osciller autour de son minimum, ce qui produit des particules et de la
radiation au cours d’une phase de réchauffement.
4.6.3
Modèles concurents, modèles mixtes
La phase d’inflation a dû avoir lieu à
la température de la grande unification, c’est à dire celle de la transition de
phase qui a produit de nombreux défauts topologiques et l’asymétrie des
baryons.
L’arrêt de l’inflation est mal compris.
Toutes les méthodes aboutissent à un réchauffement de l’Univers.
En effet, pour que l’inflation soit efficace, il faut qu’elle est fait grandir
l’Univers dans des proportions gigantesques et donc
la température à dû chuter de même, au point d’être plus faible que ce que nous
mesurons actuellement.
Par ailleurs le champ ne se stabilise
pas immédiatement à son potentiel le plus bas mais oscille. Il transforme ainsi
son énergie en particules, ce qui freine ses oscillations. Ces dernières
particules ont des énergies très importantes. Ensuite elles entrent en
collision pour produire une augmentation de la température, éventuellement des
défauts topologiques (énergie suffisante) et enfin un équilibre thermique.
Le débat actuel n’est plus entre
inflation et défauts topologiques mais entre inflation seule et inflation avec
défauts.
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4.7 Evènements
énergétiques à partir des défauts
Les rayons cosmiques sont des particules
élémentaires telles que protons ou électrons accélérés à des vitesses très voisines
de celle de la lumière. Le 22 avril 1962 il a été trouvé une énergie de l’ordre
de 1021 eV.
Un tel
niveau implique que la particule est née dans un environnement relativement
proche du fait de l’atténuation occasionnée par le fond cosmique. Aucun phénomène
conventionnel, ne semble pouvoir expliquer des particules ayant une telle
énergie.
Numériquement
nous avons :
-
énergie reçue ~1020
eV
-
accélérateur le plus puissant au monde (LEP) ~1012
eV
-
nouvel accélérateur du CERN (LHC) ~1015
eV
-
échelle de grande unification ~1024
eV
Explications
spéculatives par les défauts :
Un défaut topologique formé à une
échelle de grande unification contient des particules stables dans le défaut.
Si elles sont libérées, elles se désintègrent en un grand nombre de particules
de très haute énergie comme des protons.
4.7.1
Monopôles
L’annihilation
d’une paire monopôle - antimonopôle, produit des
bouffées de particules
très énergétiques.
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4.7.2 Cordes cosmiques
Un réseau
de cordes cosmiques évolue en donnant lieu à l’émission de particules massives
très instables (phase de reconnexion).
Série de
vues représentant l’évolution d’un segment de corde cosmique au voisinage d’une
région de haute courbure.
Tube bleu :
Modélisation
de la corde dans une simulation complète de théorie des champs.
Ligne rouge :
Résultat
du calcul dans le cas ou la corde se réduirait à une ligne infiniment fine.
Masse grise :
Une partie
de la corde s’est annihilée au cours de l’évolution et l’énergie associée est
devenue un nuage de rayonnement.
4.7.3 Vortons
Dans certaines conditions de formation,
ils peuvent survivre jusqu’à nos jours, remplissant ainsi le rôle de matière
noire. Dans ce cas, ce sont les défauts eux-mêmes que l’on va observer dans les
rayons cosmiques.
Nous avons
vu qu’ils ressemblaient beaucoup à des particules élémentaires aux différences
près suivantes:
- Leur charge est ~100 fois plus grande
que celle d’un proton. Ils seront donc plus faciles à accélérer dans un champ
magnétique.
- Leur masse est aussi plus importante.
Leur vitesse sera donc moins importante pour une énergie équivalente.
Puisque le vorton
va moins vite que le proton et que sa masse est plus importante, la pression
due aux chocs sera moins grande que pour un proton ; il pourra donc parcourir
une plus grande distance. En fait il ne devrait pas y avoir de limite (cut-off) comme il y a pour le proton.
5. CONCLUSIONS
5.1 Les observations
Plusieurs expériences sont prévues, qui
devraient permettre de vérifier la réalité des différentes hypothèses faites
ci-dessus. Ce sont par exemple :
- le projet de satellite Planck
de l’ESA, qui sera lancé en 2007 et permettra avec une grande précision de
déterminer les paramètres cosmologiques.
- l’observatoire Pierre-Auger qui se consacrera à l’étude des rayons
cosmiques de très haute énergie.
- la construction du LHC (Large
Hadron Collisionneur), qui devrait permettre dés 2005 d’explorer la zone de
quelques dizaines de TeV
(1015 eV).
5.2 Influence sur la réflexion
cosmologique
Nous ne pouvons pas faire d’expérience
sur l’Univers lui-même. Cependant nous observons des
phénomènes pour lesquels il n’y a pas d’explication (formation des structures
actuelles, rayons cosmiques de très haute énergie, matière noire), nous devons
donc imaginer des mécanismes nouveaux et après études des conséquences,
comparer avec les observations. C’est la méthode utilisée ici :
- Les défauts topologiques existent dans
de nombreux systèmes physiques.
- Les théories des particules
élémentaires en prédisent l’existence en cosmologie.
Existent-ils réellement dans l’Univers ? Espérons que l’avenir proche nous le dira ...
A - 1. L’INFLATION (“principes
de la cosmologie” James Rich; éditions école
polytechnique)
1.1. Scénario original (Guth) :
Il suppose
que l’Univers est piégé dans un vide métastable, dont
il échappe par effet tunnel quantique ou par fluctuations thermiques. Ce scénario
est étayé par des théories de grande unification.
Cependant,
l’effet tunnel équivaut à une transition de phase du premier ordre, et il
engendre de grandes inhomogénéités
pendant le processus de nucléation. Ce scénario n’est pas en accord avec
les observations du fond cosmologique.
1.2. Seconde génération de modèles :
Utilisation
de champs scalaires pour créer une énergie du vide effective. Un champs
scalaire
caractérisé par un potentiel V(), peut simuler une énergie
du vide si les dérivées spatiales et temporelle sont suffisamment faibles. Dans
ce cas la densité d’énergie est :
~ -V().
|
Lorsque le
champ est tombé dans le puits de potentiel, il oscille autour du minimum
jusqu’à s’y fixer. Le rayonnement de particules peut être obtenu en couplant
aux champs de matière. Une partie de l’énergie du champ est convertie en
énergie de rayonnement (réchauffement).
Un
potentiel souvent évoqué à cause de sa simplicité est :
V ()
=
4,
[
est une constante sans dimension et a la dimension d’une énergie ]
L’équation
de Friedmann en unités naturelles est alors : H2 = 8
4
/ 3 mpl2
Pour résoudre les problèmes de
et de l’horizon, on a besoin que l’inflation dure pendant N ~ 60 temps de
Hubble. On trouve que le champ doit être initialement déplacé de son minimum de
la valeur :2 › N1/2 mpl
Il est possible d’avoir une
contrainte sur la constante de couplage en considérant les fluctuations quantiques du
champ
(graines à l’origine des structures de l’Univers).
Ces fluctuations sont observées
comme étant:
/
~ 2 x 10-5 ; elles sont par ailleurs reliées à la pente du potentiel
pendant l’inflation :
[
/
] ~ H3 / V’()
Pour le potentiel
4
et
/
~ 2 x 10-5 ,
cela donne : ~ (
/
)2 / N3 ~ 10-15
Le champ est très faiblement couplé
à lui-même, ce qui convient pour engendrer les fluctuations de densité
observées. Mais la quantique provoque des couplages plus importants qui ne permettent pas de satisfaire les conditions ci-dessus !
- 2. L’INFLATION (“The early Univrers facts and fiction”
G. Börner; Springer)
A - 2.1. Pourquoi l’inflation ?
2.1.1.
Problème d’horizon
L’homogénéité et l’isotropie
observées aujourd’hui impliquent que toutes les régions de l’Univers observable aient été en relation causale à
l’origine.
2.1.2.
Densité des monopoles
Le modèle GUT entraîne une grande
production de monopoles dans l’Univers primordial,
qui ne sont pas observés.
A
- 2.1. Définition
L’idée s’appuie sur le fait qu’il a
pu exister différentes époques ou :3 p +
0
pour ce type de “matière” le facteur
d’expansion peut croître plus vite que proportionnellement à t.
Par exemple, quand p +
= 0 , comme pour un champ scalaire doté d’une énergie
cinétique négligeable, alors
= cte et pour un modèle ou K = 0 nous obtenons :R(t)
= exp { (8G / 3)1/2 t }
Cette
croissance exponentielle de R(t) est appelée
“inflation”.
A
- 2.2. Quand a-t-elle eut lieu ?
L’idée est de la placer près de la transition
de phase de l’époque GUT (un peu après) :
t ~ 10-35 sec
~ 108 tpl
A
- 2.3. Durée de l’inflation
La période d’inflation se terminera
lorsque le facteur d’échelle initial R(ti) aura été gonflé d’un facteur :
R(tf) = R(ti)
exp { (8G
/ 3)1/2
t } => 1029
Z
L’intervalle de temps t
doit être suffisamment long pour que :
1/2 t ~ 29 ln 10 ~ 70; avec = (8G
/ 3) x Tc4 ; donc
t ~ ( Mpl
x Tc-2 ) x 70 ~ 1011 tpl
~ 10-8 (GeV)-1;
{ ceci pour Tc
= 3 x 1014 GeV ; tpl
= (1,36)-1 x 10-19 GeV et Mpl = 1,36 x 1019 GeV}.
L’inflation aura débuté aux
alentours de 108 tpl et
prendra fin aux alentours de 1011 tpl.
(10-35 s
10-32 s )
A - 2.3. Réchauffement
Une inflation par un Z = 1029 , donne une décroissance correspondante de
la température : T ~ 10-15 GeV .
Le couplage entre l’énergie du vide
du champ de Higgs et le rayonnement est responsable
du réchauffement par la production de particules et de rayonnement. Il est
redevenu un Univers de type Friedmann-Lemaître.
A - 2. COMPARAISON ENTRE MODELES
et BOOMERANG.
Spectre des fluctuations du
rayonnement de fond et données expérimentales.
A - 3. MECANISME DE BOGOLIUBOV
Un
champ quantique ressent la gravitation (comme tout ce qui contient de
l’énergie).
La
gravitation n’est autre qu’une forme d’accélération (théorie de la relativité).
Les
particules sont des excitations par rapport au vide (par définition).
Si
nous sommes dans un vide, un détecteur de particules au repos ne détecte rien.
Si
on accélère ce détecteur, on lui fourni de l’énergie qui va se traduire par des
particules que verra le détecteur ! Le vide n’est plus le même selon que l’on
accélère ou non.
A - 4. DIAGRAMME
DESTRANSITIONS DE PHASES
|
Aux débuts de l’Univers,
il n’existait aucune des quatre interactions que l’on peut observer
aujourd’hui.
Les transitions de phase
successives, se sont produites du fait de la baisse de la température:
- Super-gravité t = 10-44 s
- Grande unification t = 10-36 s
- Unification électrofaible t = 10-10 s
Chaque transition s’est accompagnée
d’un abaissement du degré de symétrie.