Mise à jour 14 Février 2019
CONFÉRENCE de Gabriel CHARDIN
Président du Comité des très grandes infrastructures de recherche du CNRS
« L’INSOUTENABLE GRAVITÉ DE L’UNIVERS. »
Organisée par la SAF
Dans ses locaux, 3 rue Beethoven, Paris XVI
Le Samedi 9 Février 2019 à 15H00
À l'occasion de la réunion de la Commission de Cosmologie
Photos : JPM pour l'ambiance
(les photos avec plus de résolution peuvent
m'être demandées
directement)
Les photos des slides sont de
la présentation de l'auteur. Voir
les crédits des autres photos et des animations.
Le conférencier a eu la
gentillesse de nous donner sa présentation, elle est disponible sur
ma liaison ftp et se nomme :
Chardin-Insoutenable gravité SAF.pdf, qui se trouve dans le dossier
COSMOLOGIE-SAF/ saison 2018-2019.
Ceux qui n'ont pas les mots de
passe doivent me
contacter avant.
Pour info les actualités cosmo
présentées ce jour-là sont
aussi disponibles
sur le site de la commission.
Merci à Olivier Laurent qui a assuré la
rédaction du CR.
Une salle bien pleine (plus de 45 personnes)
pour un sujet éminemment intéressant et controversé.
Il
vient de publier un ouvrage
L’Insoutenable gravité de l’Univers aux éditions Le Pommier.
Ce livre fait débat, car il
propose une idée plutôt iconoclaste : l’antimatière résoudrait le problème de la
matière noire et de l’énergie noire !
On sait que 95% de notre
Univers nous est inconnu, matière noire et énergie noire qui semblent
nécessaires pour structurer notre Univers, sont des entités très énigmatiques.
Mais depuis leur introduction, on n’a rien trouvé.
Or, d’après G Chardin, ces
problèmes pourraient être résolus si on imaginait qu’il reste de l’antimatière
dans notre Univers et que celle-ci possède une masse négative !
Évidemment, c’est audacieux et
à contrecourant des pensées actuelles, mais on devrait bientôt pouvoir tester
cette hypothèse.
Des esprits simplistes diront
qu’avec l’antimatière et les masses négatives, les pommes tomberont…vers le haut
! Ce n’est pas aussi simple, mais c’est
quand même le principe
Il se propose de nous parler de
sa théorie aujourd’hui.
Gabriel Chardin commence par
rappeler les 4
affirmations qui sont considérées maintenant comme inexactes et qui ont
freiné les travaux liés à l’introduction de masses négatives.
·
Les masses
négatives sont impossibles, elles conduiraient à une instabilité majeur,
d’après : E.Witten, R. Schoen et Shing-Tung Yau, Hawking
·
La gravité
répulsive est impossible, elle violerait les conditions d’énergie
·
Toute violation
du principe d’équivalence, au cœur de la Relativité Générale doit être très
faible ou nulle.
·
Il n’y a aucune
indication d’une différence entre la matière et l’antimatière en Relativité
Générale
La gravitation a subi des
évolutions majeures entre la théorie de Newton et celle d’Einstein avec la
relativité générale.
On est passé d’une théorie
basée sur la notion de force dans un espace euclidien avec un temps absolu selon
Newton à une théorie basée des trajectoires suivant des géodésiques (donc des
lignes droites dans un espace-temps courbe maximisant le temps propre de l’objet
en mouvement) selon Einstein.
La théorie de la relativité est
actuellement la meilleure théorie que l’on ait pour expliquer un large ensemble
de phénomènes gravitationnels observables (déflexion des rayons lumineux, ondes
gravitationnelles, trous noirs, …).
Dans les années 1966-68,
Brandon Carter a remarqué que dans les trous noirs en rotation, les trous de ver
permettaient de connecter deux univers où la gravitation est attractive dans
celui contenant le trou noir et répulsive dans celui contenant le trou blanc.
La charge et la masse des
particules dans le premier univers changent de signes dans le second univers.
Une particule dans notre univers classique de masse positive deviendrait donc
après la traversée du trou de ver son antiparticule mais avec une masse
négative.
Kip Thorn a montré qu’il était
nécessaire d’employer de la matière exotique de masse négative pour maintenir le
trou de ver ouvert pour autoriser un passage entre les deux univers.
Le voyage entre deux régions
d’un même univers s’apparente par rapport à l’univers extérieur au trou noir et
au trou blanc à un voyage effectué une vitesse supérieure à celle de la lumière
ce qui autorise un possible voyage dans le passé (paradoxe du grand-père).
Hors ce paradoxe du grand-père
peut être contourné et permet même d’approcher le comportement bizarre de la
physique quantique.
Dès les années 30 avec Fritz
Zwicky et ensuite dans les années 70 avec Vera Rubin, on a pu mettre en évidence
de la matière manquante dans les disques de galaxies.
En 1998, l’étude des supernovae
ont permis de mettre en évidence ce que l’on nomme l’accélération de l’expansion
de l’univers se traduisant comme un effet de répulsion gravitationnelle à grande
échelle correspondant à 70% du contenu énergétique de notre univers.
Tout ceci menant à une
composition très étrange de l’Univers, où 95% de sa composition
est…inconnue !
La découverte de cette énergie
« sombre » a conforté l’idée d’une composante négative au niveau
gravitationnelle et sa véritable nature reste à découvrir.
Le modèle du Big Bang a été
amandé pour le rendre cohérent aux observations (une phase ultra-courte de
décélération après le big bang avant l’inflation, puis inflation, puis une phase
de décélération plus longue jusqu’à la nouvelle phase d’accélération de
l’expansion actuelle).
La cause de ces phénomènes
reste encore aujourd’hui peu comprise et ils n’ont pas reçu encore de
confirmations expérimentales directes.
|
|
Mais où est donc passée
l’antimatière découverte théoriquement par Dirac ? |
L’asymétrie matière et
antimatière reste un mystère.
Comme le signale G Chardin, le
modèle cosmologique actuel de l’Univers est assez invraisemblable :
·
D’abord une
phase ultra-courte de décélération extrêmement violente (environ 10-35
seconde)
·
Suivie d’une
phase également extrêmement courte d’inflation, première phase d’accélération de
l’expansion
·
Et on retrouve
une phase, très longue celle-là, de décélération, d’une violence qui diminue
avec le temps, alors que baisse la température
·
Et c’est
seulement au bout de quelques milliards d’années que débute une nouvelle phase
d’accélération de l’expansion, due à une mystérieuse énergie noire
·
Difficile de croire à un scénario aussi tarabiscoté…
En 1957,
Hermann Bondi
propose l'existence de
masses négatives.
La masse inertielle et masse
gravitationnelle passive restent positives alors que la masse gravitationnelle
active est négative.
La masse négative tombe ainsi
comme la masse positive dans un champ de gravité produit par une masse positive
mais cette masse négative produit une gravité répulsive pour une masse négative
et aussi positive.
On produit ainsi le phénomène
de runaway.
En 1993,
RM Price
utilise le concept de masse négative pour la masse inertielle et
gravitationnelle passive (respectant ainsi le principe d’équivalence).
La force est dirigée vers le
haut ce qui donne une accélération vers le bas pour une masse négative de Price.
Si on accroche la masse
négative pour éviter qu’elle ne tombe, il faut l’accrocher avec une force vers
le bas.
On obtient ainsi un système
flottant en équilibre si les deux masses se compensent (m-m=0), mais si le lien
entre les deux masses se cassent, alors elles tombent toutes les deux de façon
identique selon le principe d’équivalence.
Les régions moins denses dans
l’univers agissent de façon similaire à des masses négatives.
Le modèle d’univers utilisant
la notion de masse négative correspond à celui de
Dirac-Milne dans lequel la gravitation permet de séparer facilement
la matière de masse gravitationnelle positive et l’antimatière de masse
gravitationnelle négative. Dans cet Univers il y aurait autant de matière que
d’antimatière ; celle-ci serait présente dans les vides intergalactiques qui
repousseraient ainsi les grandes structures.
La relation distance-luminosité
des supernovae de type Ia entre le modèle standard Lambda-CDM et le modèle de
Dirac-Milne sont très proches.
Les mesures ne permettent pas
de départager les modèles.
Comment prouver cette nouvelle
théorie ?
Trois expériences sont en cours au CERN
(Gbar, AEgIS, ALPHA-g) pour analyser les trajectoires d’antiparticules dans le
champ gravitationnel terrestre. Elles n’ont pour l’instant par réussi à faire
des mesures fiables.
Il faut attendre 2021 pour la
reprise des expériences.
L’expérience
ALPHA
en cours au CERN veut montrer qu’un atome d’antihydrogène, tombe …vers le haut
soumis à un champ de gravité !
C’est le rôle de ELENA, (Extra
Low ENergy Antiproton) un décélérateur d’antiprotons de produire ces particules
de basse énergie pour les envoyer vers les expériences voulues. En 2011 Elena a
produit de grandes quantités d’antihydrogène pendant une quinzaine de minutes
afin d’étudier leurs propriétés.
L’expérience
Gbar est aussi sur la piste de l’antigravité.
AEGIS
(Antihydrogen Experiment: Gravity, Interferometry, Spectroscopy)
utilise un faisceau d’antihydrogène pour
mesurer l’effet de la gravitation terrestre sur l’antimatière. L'expérience
AEGIS devrait apporter la première mesure directe d'un effet gravitationnel sur
un système d'antimatière.
Afin de montrer que
l’antihydrogène monte au lieu de tomber (qu’elle antigravite comme on dit), il
faut s’assurer qu’il soit presque au repos, donc loin de toute agitation
thermique, c’est-à-dire à très basse température.
Les scientifiques de
l’expérience vont devoir le refroidir à quelques microkelvins, c’est là une des
difficultés de cette expérience, dont on devrait avoir les résultats dans les
mois qui viennent.
CONCLUSION.
·
La gravitation
est un domaine de recherche très actif
·
Sa
quantification reste un défi, quelle est la bonne solution ? cordes ? gravité à
boucles etc..
·
On ne comprend
pas l’énergie noire actuellement
·
L’antimatière
pourrait jouer un rôle de masse négative dans l’Univers
·
Cette hypothèse
pourrait expliquer beaucoup de choses incomprises actuellement
·
Les 3
expériences du CERN devraient nous en apprendre plus dans quelques années.
POUR ALLER PLUS
LOIN :
Un
Univers sans matière noire?
Par le journal du CNRS.
L’Univers de Dirac-Milne par
G Chardin.
Symétrie Matière/Anti-Matière et masse négative, une clé pour l'élégance ?
par le Dr E Simon
Le Cern sur la piste de l'antigravité avec GBAR et Alpha-g
PROCHAINES RÉUNIONS DE LA COMMISSION DE COSMOLOGIE :
Notez dès à présent les dates
des prochaines réunions : toujours à 15H au siège 3 rue Beethoven P16
Merci d’avance de votre
participation.
·
Samedi 13 Avril 2019
15H : Jeremy Neveu du LAL Orsay sur « le télescope cosmologique LSST »
·
Samedi 15 Juin
15H : JC Hamilton APC sur
« L’exploration de l’Univers primordial avec QUBIC »
·
Samedi 12 Octobre
15H : Denis Gialis sur « les multivers
et la cosmologie »
Prochaine conférence mensuelle de la SAF à TeleComParistech :
Vendredi 8 Mars 2019
19H00
CONFÉRENCE de Jean Pierre MARTIN
Physicien membre de la SAF
SUR « IL Y A 50 ANS : APOLLO et LA CONQUÊTE LUNAIRE.
COMMENT TOUT CELA A COMMENCÉ ?»
Réservation à partir du 9 Février
Entrée
libre mais
réservation
obligatoire. (Vigipirate)
Bon ciel à tous
Jean Pierre
Martin Président
de la commission de cosmologie de la SAF
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