Mise à jour 29 Septembre 2021
CONFÉRENCE de Cyril TASSE
Observatoire de Paris (GEPI (Galaxies, Étoiles, Physique et Instrumentation)
et Rhodes University (Afrique du Sud)
« L’UNIVERS PROFOND
DÉVOILÉ À BASSES FRÉQUENCES
PAR LES PRÉCURSEURS DE SKA »
Organisée par la SAF
En direct du siège et par téléconférence
Le Samedi 25 Septembre 2021 à 15H00
À l'occasion de la réunion de la Commission de Cosmologie
Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec
plus de résolution peuvent
m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation
de l'auteur. Voir les crédits des
autres photos et des animations.
Le conférencier a eu la gentillesse de nous
donner sa présentation, elle est disponible sur
ma liaison ftp et
se nomme :
CosmoSAF-Tasse-sep2021.pdf,
qui se trouve dans le dossier COSMOLOGIE-SAF/
saison 2021-2022.
Il est aussi sur le
site de la commission.
Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me
contacter avant.
Les actualités
présentées
sont ici.
La vidéo se trouve ici : URL à venir
Chers amis de la cosmologie de la SAF, je suis
très heureux que l’on puisse reprendre devant public nos commissions, en
« présenciel » comme on dit maintenant ;
Cette commission est la première, donc, après
une longue absence où nous n’avons fonctionné qu’à distance par l’intermédiaire
de zoom.
Ça me fait chaud au cœur de pouvoir me
retrouver physiquement parmi vous.
Évidemment, certains sont encore un peu
hésitants et préfèrent suivre cette conférence à distance sur zoom, vous étiez
une quarantaine dans la salle virtuelle.
La
SAF s’est dotée d’un ensemble PC/Vidéo unique
pour permettre à la fois la visualisation de la conférence du conférencier et de
pouvoir en même temps retransmettre à l’aide de caméras et micros répartis dans
la salle rue Beethoven, la conférence et une vue d’ensemble du public et du
conférencier. Le public distant pouvant aussi intervenir et poser des questions.
Ce fut une première pour notre commission, et d’après les retours, tout semble
s’être bien passé. La vidéo sera disponible d’ici quelques jours.
|
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Le matériel vidéo vu de l’arrière |
L’écran tactile vu de l’avant, ici
vue de la salle, sert aussi à présenter la présentation |
J’ai présenté brièvement les
actualités cosmologiques
(disponibles sur le
site
de la commission)
et notre nouveau secrétaire Thierry Foult, qui remplace Bernard Christophe très
souvent hors de Paris.
Un
mot sur Bernard Christophe, il est
astronome amateur et membre du Conseil d’administration de la SAF, il a été
admis comme membre honoraire par l’Union Astronomique Internationale (UAI),
l’organisation mondiale qui regroupe plus de 12 000 astronomes professionnels
dans plus de 100 pays.
Il a été choisi pour ses contributions
exceptionnelles en tant qu’astronome amateur, notamment la construction de son
propre télescope de 600 mm avec lequel il a découvert 250 astéroïdes, et la
remise à neuf d’un instrument (appelé Miosotys), qui permet la détection du
passage d’un objet transneptunien devant une étoile. Sa candidature a été
proposée par la Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique (SF2A).
L’annonce a été faite lors des réunions de
l’UAI tenues en ligne du 23 au 26 août 2021. Cette catégorie de membres,
introduite lors de la XXXe Assemblée générale de l’UAI, tenue en août 2018 à
Vienne, reconnaît officiellement les personnes qui ont contribué de manière
significative aux progrès de la recherche et de la culture astronomiques dans
leur pays, mais qui ne sont pas astronomes professionnels. L’UAI a admis 20
membres honoraires depuis 2018.
Maintenant on passe la parole à notre invité.
Cyril Tasse est un astronome spécialisé
en radioastronomie,
il nous présente d’abord un résumé de sa conférence en introduction :
SKA est un projet de très grand
radiotélescope. Quelques-uns de ses prototypes - LOFAR, MeerKAT, NenuFAR - sont
déjà opérationnels. Leurs champs de vue et leurs sensibilités permettent de
poser un regard neuf sur notre Univers.
« Je présenterai ces projets, ainsi que les
résultats scientifiques les plus importants concernant la physique des trous
noirs supermassifs, la dynamique de la structure à grande échelle, ou encore les
interactions magnétiques entre certaines étoiles et leurs exoplanètes. »
La radioastronomie est moins connue que
l’astronomie dans le domaine visible, avec ses belles images.
La radioastronomie, c’est le domaine des ondes
dont la longueur d’onde est comprise entre
le millimètre et le
kilomètre, c’est-à-dire un domaine de fréquence entre un et un million de
MHz.
Elles ont été découvertes par Karl Jansky en
1933.
Illustration Wikimedia CCA
Plusieurs types d’ondes radiométriques sont
émises dans ce domaine de la radioastronomie, le plus important
est la raie de 21 cm
de l’Hydrogène neutre (nommé HI ou H1). En effet, l’Hydrogène est l ‘élément le
plus répandu de l’Univers ; il émet une raie caractéristique de 21 cm de
longueur d’onde (ou 1420 MHz), lorsqu’il est dans son état le plus froid (par
exemple dans les grands nuages d’H neutres et froids entre les étoiles, ou dans
le disque des galaxies spirales).
La mesure de cette raie, permet d’atteindre la
quantité d’H présente et sa proportion par rapport aux étoiles et poussières.)
L’émission
de cette raie est due au mouvement des électrons autour du noyau qui induit une
transition entre deux sous-niveaux créés par l’orientation magnétique du spin de
l’électron. Voir les explications plus complètes en référence plus bas.
Cyril nous fait remarquer que cette émission
est très rare (une fois tous les millions d’années approx) mais, il y a
énormément d’hydrogène dans l’Univers !!!
Illustration M101 en visible à gauche et en 21
cm à droite à la même échelle. (photo : DR)
Il existe aussi un deuxième type de
rayonnement, le
rayonnement synchrotron. C’est un rayonnement émis par des particules
chargées se mouvant dans un champ magnétique. Leurs trajectoires sont déviées
par ce champ, généralement elles suivent un cercle
Les électrons tournant à une vitesse proche de
celle de la lumière dans le vide, et à chaque fois qu’ils rencontrent un champ
magnétique pour les mettre sur la bonne trajectoire, ils perdent un peu
d’énergie et émettent une lumière bien particulière, appelée rayonnement
synchrotron, on l’a aussi appelé rayonnement de courbure.
Ce rayonnement radio correspond par exemple à
de la matière qui tombe en spirale dans un trou noir.
COMMENT OBSERVE-T-ON CES ONDES RADIO ?
À l’aide d’antennes paraboliques de plus en
plus puissantes.
Puis, on a eu l’idée de combiner les signaux
de plusieurs antennes et de les
faire interférer,
cela correspond à un radiotélescope plus grand, d’une taille égale à la distance
entre les deux antennes les plus éloignées !!!
Ce fut l’idée de la construction du réseau
VLA
(Very Large Array) ou
ALMA
par exemple.
Cela a donné naissance à un projet encore plus
récent le SKA : Square Kilometer Array, réseau d’un km carré.
Il est établi en Australie et en Afrique du
Sud, à 9000 km l’un de l’autre.
Ce
devrait être le plus grand radiotélescope du monde avec près de 3000 antennes
sur des dizaines de km. Ces antennes sont reliées par fibre optique et
constituent une surface équivalente d’un km carré !
Cet ensemble devrait être 50 fois plus
sensible que les radiotélescopes actuels.
La résolution devrait être de 10 milli arc
seconde à 1 GHz.
Illustration d’artiste du site sud-africain.
Crédit SAK org.
La quantité d’information est phénoménale, de
l’ordre de 1 exa Octet
par jour (exa = 1018 ; peta = 1015 ; tera = 1012 ;
giga = 109 )
Comme déjà dit,
SKA,
c’est un réseau de radiotélescopes déjà existants aussi, comme :
·
MeerKAT
(d’après le nom d’un suricate africain) KAT = Karoo Array Telescope
·
LOFAR
(Low Frequency Array) dans plusieurs pats européens
·
NenuFAR
(New Extension in Nançay Upgrading LOFAR) situé à Nançay
·
ASKAP
(Australian Square Kilometre Array Pathfinder)
·
Etc …
Le
projet est découpé en deux phases :
·
La phase 1 de
2020 à 2024 : 131.000 télescopes basse fréquence en Australie occidentale
(SKA1-LOW) et 200 télescopes en Afrique du Sud (SKA1-MID)
·
La phase 2
(SKA2) vers 2030, devant être l radiotélescope ultime en basse fréquence de ce
siècle.
Actuellement, le système peut fonctionner même
s’il n’est pas complet. Il devrait être capable de permettre de détailler les
premiers instants de l’Univers. Notamment de comprendre la période appelée âges
sombres qui a succédé au CMB.
Maintenant quelques informations sur les
systèmes existants :
LE
SYSTÈME LOFAR INTERNATIONAL
LOFAR est un système européen de
radiotélescopes (approx 100.000 antennes) piloté par un centre aux Pays bas. Il
est actuellement équivalent à un radiotélescope de 1500 km de diamètre.
LOFAR est constitué d’approx 50 stations en
Europe. En France, c’est le centre de Nançay.
LOFAR est spécialisé en cosmologie et en
astrophysique.
Illustration : crédit ASTRON
Le site de Nançay inclut aussi, le système
NenuFAR (New Extension in Nançay Upgrading Lofar).
D’après
le
site de NenuFAR :
NenuFAR est un très grand radiotélescope
basses fréquences, qui comptera parmi les plus puissants du monde dans sa gamme
de fréquences, entre 10 MHz et 85 MHz. Cette gamme correspond à la « fenêtre »
de plus basse fréquence dans laquelle on peut observer avec des radiotélescopes
sur la surface de la Terre.
NenuFAR, optimisé pour la gamme de fréquences
de 10 MHz à 85 MHz (longueur d’onde λ de 4 m à 30 m), y aura la meilleure
sensibilité.
Ses objectifs scientifiques principaux sont :
·
La détection
et l’étude des exoplanètes (planètes tournant autour d’étoiles autres que le
Soleil) en radio ;
·
La détection
du signal radio de l’ « Aube Cosmique » (moment de la formation des premières
étoiles et galaxies), quelque 100 millions d’années après le Big Bang ;
·
L’étude des
pulsars (étoiles mortes hyperdenses et fortement magnétisées en rotation rapide)
à basses fréquences.
NenuFAR permettra aussi de nombreuses autres
études : émissions radio d’étoiles éruptives ou magnétisées, galaxies et amas de
galaxies, raies spectrales dans le milieu interstellaire, éclairs d’orages
planétaires, sursauts radio de la magnétosphère de Jupiter, du Soleil, et
diverses sources encore inconnues (dont peut-être des signaux radio liées aux
événements catastrophiques provoquant l’émission d’ondes gravitationnelles)
NenuFAR sera un instrument triple :
·
Un
radiotélescope permettant de former de multiples faisceaux récepteurs très
sensibles répartis à volonté entre 10 et 85 MHz ; un mode spécial est destiné à
la détection des pulsars ; un autre – en cours d’étude – est destiné à la
recherche de possibles signaux extraterrestres artificiels (programme SETI =
Search for Extra Terrestrial Intelligence) ;
·
Un imageur
radio autonome, permettant de construire des images radio du ciel en quelques
secondes (à la résolution – la finesse des détails distinguables – de ~1°) à
quelques heures (à la résolution de ~10 minutes d’arc);
·
Une « super
station » de LOFAR, extension géante de la station LOFAR de Nançay, permettant à
NenuFAR+LOFAR de réaliser des images radio du ciel à la résolution ≤1 seconde
d’arc
LOFAR a déjà couvert 20% du ciel et détecté
près de 4 millions de sources, mais le manque de main d’œuvre pour les traiter
est criant !
Cyril nous indique qu’ils envisagent de faire
appel au public dans le cadre d’un grand mouvement coopératif. Ce projet
coopératif est baptisé « Lofar
Radio Galaxy Zoo ».
Les internautes sont invités à analyser le même coin du ciel à la fois en radio
et en optique et de comparer.
Les relevés LoTSS ((LOFAR Two Meter Sky
Survey) explore la voûte
céleste entre 120 et 168 MHz en utilisant les antennes hautes fréquences HBA de
Lofar. 16.000 heures d’observation.
Les relevés (survey) 1 et 2 ont été publiés.
https://lofar-surveys.org/
MEERKAT.
C’est un précurseur de SKA, il s’appelle
d’ailleurs SKA0.
Comprend 64 antennes sur 8 km, construit en
2017.
Résultats très probants, voir la comparaison
du centre galactique avant (avec le VLA) et après MeerKAT.
Merci à Cyril Tasse pour cette conférence.
POUR ALLER PLUS LOIN :
L’Univers profond
dévoilé aux basses fréquences par les éclaireurs de SKA
Des chercheurs
français améliorent la qualité des images radio du télescope SKA
Ultra-Sensitive Radio Images Reveal Thousands of Star-Forming Galaxies in Early
Universe
The LOFAR Two Meter Sky Survey(s)
The
LOFAR Two-meter Sky Survey: Deep Fields Data Release 1
La
raie à 21 cm : une clé pour l'astrophysique, la cosmologie et Seti
La
radioastronomie
par le CLEA.
La
France rejoint « le plus grand instrument de recherche en radioastronomie »
SKA
brochure
en pdf
SKA
(Square Kilometer Array) Radio Telescopes
chez EO Portal
LOFAR
à 5 ans et au-delà
par Philippe Zarka
Lofar
bouleverse notre vision de l’univers violent et primitif
PROCHAINE CONFÉRENCE MENSUELLE DE LA SAF :
Prochaine conférence SAF : Le mercredi 13 Octobre 2021 19H00
au CNAM amphi Grégoire. Benjamin Quilain du Labo Leprince Ringuet (École
Polytechnique), nous parlera DES NEUTRINOS, DÉCOUVERTES, MASSE, ANTIMATIÈRE
ETC..
Réservation :
https://www.planetastronomy.com/special/SAF/conf-mens.htm
ou SAF
Les conférences seront retransmises en
direct sur YouTube.
Bon ciel à tous
Jean Pierre
Martin
Président de la commission de cosmologie de la SAF
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