NÉBULEUSES, SUPERNOVAE ET ASTRES COMPACTS
(Claude PICARD 12 mars 2005)
Ce sont des phénomènes qui apparaissent en fin de vie des étoiles et des états finaux après l'arrêt des réactions thermonucléaires.
Les objets compacts (naines blanches, étoiles à neutrons et trous noirs stellaires) sont de petite taille, très denses ; ils génèrent des champs gravitationnels importants.
Masse (Ms) |
Rayon (km) |
Densité (kg/m3) |
Compacité X |
|
Soleil | 1 |
7 105 |
103 |
10-6 |
Naines Blanches | 0.1 à 1.4 |
~ 104 |
~ 1010 |
10-4 à 10-3 |
Étoiles à neutrons | 1 à 3 |
~ 10 |
~ 1018 |
~ 0.2 |
Trous noirs stellaires | > 3 |
9 pour 3 Ms |
NS |
1 par définition |
X : paramètre de compacité = G M/Rc², pris égal à 1 pour les trous noirs
I LES NAINES BLANCHES
La première observation d'une naine blanche date de 1783 et est due à W. Herschel (40 Eridani B). En 1915, l'américain W.S. Adams a établi avec Sirius B que la masse de ces objets est de l'ordre d'1 Ms. En 1926, R.H. Fowler est le premier à comprendre la physique de ces astres, avec la toute nouvelle physique quantique. On peut citer ensuite Chandrasekhar, Landau, Schatzman, etc
Exemple de Sirius B
Température de surface : 24700 K
Densité moyenne : 3 109 kg/m3
Des astres chauds, de la taille d'une planète, très denses, issus d'étoiles d'une masse initiale comprise entre 0.3 et 8 à 10 Ms.
On en connaît aujourd'hui plusieurs milliers.
ÉVOLUTION D'UNE ÉTOILE DE 1 Ms
La température du cur reste trop basse pour permettre sa fusion.
L'ASTRE RÉSIDUEL
Une naine blanche est composée d'une fine enveloppe d'H ou d'He (10-4 Ms) et d'un intérieur formé essentiellement de noyaux de C et d'O, d'électrons, d'un peu de Ne et de Mg pour les astres les plus massifs.
L'équilibre de l'objet est assuré par la "pression de dégénérescence des électrons" qui s'oppose à la gravitation.
La structure atomique est détruite et les électrons sont découplés des noyaux. Ils constituent un gaz relativiste dit "dégénéré", régi par la statistique de Fermi-Dirac. Les fermions s'excluent mutuellement (principe d'exclusion de Pauli) ce qui crée la pression nécessaire.
Masse
Il existe une masse maximum, dite masse de Chandrasekhar, au-delà de laquelle la pression des électrons ne suffit plus à contrebalancer la gravitation.
Mc = 1.457 (Ye/0.5)² Ms Ye = nb d'électrons / nb de baryons
Des interactions faibles ( p + e- ® n + n e ) viennent diminuer Ye, jusqu'à 0.46 pour les étoiles les plus massives, ce qui limite Mc à 1.233 Ms
La masse moyenne des naines blanches est estimée à 0.6 Ms
TAILLE DE L'ÉTOILE
La taille de l'étoile est de l'ordre de celle de la terre, 1% environ de celle du soleil.
Elle diminue lorsque la masse de la naine blanche augmente; elle est indépendante de la température
REFROIDISSEMENT DES NAINES BLANCHES
Le refroidissement est assez rapide pendant 1 ou 2 Ga, plus lent ensuite, et peut durer plus de 15 Ga, d'autant plus que l'astre est moins massif.
II LES SUPERNOVAE (SN)
Fréquence : on attend environ 0.1 à 0.3 SN/siècle/1010 LS soit 1 à 3 par siècle pour la Voie Lactée.
.
Les restes de la supernova de Kepler SN 1987 A © NASA/ESA
II 1: LES SN Ia
Le modèle adopté en général est celui de lexplosion dune naine blanche qui appartient à un système binaire serré. Ces conditions peuvent se rencontrer dans les galaxies elliptiques et spirales
Lautre étoile, la plus légère a priori, évolue vers une géante rouge. Un flux de matière peut alors se déverser sur la naine blanche via les lobes de Roche et la masse de la naine blanche augmente.
En cas daccumulation lente on peut avoir des phénomènes répétitifs de novae.
En cas daccumulation plus rapide, le centre de la naine blanche peut atteindre la température critique d'allumage de la fusion du C ( juste avant d'atteindre la masse limite de Chandrasekhar) et une combustion explosive se développe.
Le cur, formé de C et O essentiellement, fusionne en Si, qui fusionne à son tour en 56Ni (jusqu'à 0.7 Ms, période de 6 jours), qui va se désintégrer en 56Co , qui lui-même va se transformer en 56Fe (période de 77 jours).
Des éléments plus légers (Si, Ca, Mg) se forment dans les couches externes plus froides que le cur
Lénergie totale libérée est de lordre de 1044 J, soit ~ 5 10-4 Mc² "seulement", lénergie lumineuse est 100 fois moindre. L'énergie de liaison de l'astre est de l'ordre de 2 1043 J, ce qui explique l'explosion de l'étoile.
Les SN Ia comme "chandelles" standard
Les courbes de lumière sont voisines dune SN Ia à lautre. Les luminosités maximum diffèrent assez peu (D ~ 20 à 30%).
Cette relative uniformité vient du fait quil sagit toujours du même phénomène : lexplosion de naines blanches de compositions voisines lorsquelle atteignent la même masse critique Mc.La variabilité observée peut être due :
Thermonuclear Supernovae: Simulations of the Deflagration Stage and Their Implications
V. N. Gamezo et al 2002 Astro-ph/0212054
II 2 : LES SUPERNOVAE GRAVITATIONNELLES (SN II, Ib, Ic)
Lorsque la masse est suffisante, au-delà de 10 Ms initialement, la température du cur permet la poursuite des réactions thermonucléaires au-delà de la formation du C et de l'O jusqu'à la synthèse du Fe. Il y a ensuite effondrement gravitationnel en un objet compact: étoile à neutrons ou trou noir.
Les étoiles massives ne pouvant être que jeunes, ces évènements ne se produisent pas dans les galaxies elliptiques.
Présupernova
L'étoile est devenue une géante rouge, avec une structure en couches : un cur de fer entouré d'une couche de Si, entourée de ....etc . entourée d'une enveloppe externe d'H.
Dans le cur, les réactions ne peuvent pas synthétiser d'éléments plus lourds que le fer, car les fusions deviennent endothermiques.
La température atteint ~ 109 K et la densité ~ 1013 kg/m3. C'est la pression des électrons dégénérés qui équilibre la gravitation, jusqu'à ce que la masse du cur de Fe atteigne Mc (~ 1.1 Ms).
Effondrement et rebond
L'effondrement s'emballe car :
Le cur de l'étoile se transforme en une majorité de neutrons. Lorsqu'il atteint la bonne taille, l'interaction forte entre neutrons s'oppose brutalement à l'effondrement. Sa température atteint 1011 K.Ce durcissement brusque crée un rebond, une onde de choc qui se propage vers l'extérieur de l'astre. Les couches externes sont éjectées avec une intense émission électromagnétique.
©Hans-Thomas Janka und Ewald Muller
Max-Planck-Institut fur Astrophysik,
©Hans-Thomas Janka und Ewald Muller
Max-Planck-Institut fur Astrophysik,
Spectres et courbes de lumière
Les spectres des SN II contiennent des raies H importantes en émission. Les SN Ib et SN Ic ne contiennent pas ces raies car les étoiles auraient perdu au préalable la couche d'H externe, comme dans des étoiles de Wolf-Rayet par exemple.
Les courbes de lumière peuvent être plus ou moins aplaties suivant l'épaisseur de cette couche externe.
Bilan énergétique
Énergie totale libérée : 3 1046 J, soit ~ 0.1 Mc², avec M = masse du cur de Fe.
C'est 100 fois plus qu'un SN Ia, avec un rendement bien meilleur.
99 % de cette énergie est consommée par l'émission des neutrinos.
II LES ÉTOILES À NEUTRONS
Ralentissement : 36 10-9 s/jour
Des astres de 10 km de rayon, dont la densité dépasse celle des noyaux atomiques, nés d'étoiles de masse initiale > 8 Ms.
On en connaît aujourd'hui quelques milliers.
LES PULSARS
En 1968, A. Hewish et J. Bell publient dans Nature leurs observations du signal radio périodique de PSR B1919+21, très stable (P = 1.3372795 ± 0.0000020 s). On découvre rapidement ensuite les pulsars rapides comme le pulsar du Crabe.
Modèle du "rotateur oblique"
Existence d'un fort champ magnétique dipolaire, non aligné avec l'axe de rotation de l'étoile. Une émission électromagnétique, essentiellement radio, est collimatée par le champ et décrit ainsi un "cône" dans l'espace
Le champ magnétique réagit avec son environnement, ce qui provoque des pertes d'énergie et un lent ralentissement de la rotation (D P/D t ~ 10-14)
L'ASTRE RÉSIDUEL
L'état interne de l'étoile est très mal connu, expérimentalement et théoriquement.
Surface : (< 0.1 km, densité ~ 106 g/cm3)
Croûte externe : solide, avec un gaz d'électrons relativistes dégénérés (0.5 km, densité 106 à 4 1011 g/cm3)
Croûte interne : solide riche en neutrons, avec un gaz de neutrons superfluides (1 km, densité 4 1011 à 2 1014 g/cm3)
Liquide de neutrons : superfluide (~ 9 km)
Cur (?) : très spéculatif (densité ~ 1015 g/cm3)
Masse
C'est l'interaction forte entre neutrons qui permet de résister à la gravitation. Ceci a une limite et, suivant les modèles, on estime la masse maximum à :
1.6 Ms < Mmax < 3.1 Ms
Il y a effondrement gravitationnel au-delà.
En réalité, on mesure une masse de l'ordre de 1.35 Ms ± 20%
Rotation
On estime à 0.28 ms la période minimale de rotation. Le minimum observé est de 1.56 ms.
Les pulsars ms (p < 10 ms) sont trop rapides pour avoir été créés par l'effondrement gravitationnel. En réalité, ils ont été accélérés par des acquisitions de masse et de moment angulaire en provenance de compagnons.
La rotation rapide et la composition interne influent sur la limite de masse.
Les fins de vie des étoiles et des astres compacts constituent un champ d'observation unique qui permet d'approfondir :