Mise à jour 19 Décembre 2021
CONFÉRENCE de Pauline ZARROUK
Astrophysicienne CEA-Saclay. Durham University
LPNHE
«
L’EXPANSION DE
L’UNIVERS S’ACCÉLÈRE !
QUI APPUIE SUR LA PÉDALE D’ACCÉLÉRATEUR ? »
Organisée par la SAF
En direct du siège et par téléconférence
Le Samedi 11 Décembre 2021 à 15H00
À l'occasion de la réunion de la Commission de Cosmologie
Photos : JPM pour l'ambiance (les photos avec
plus de résolution peuvent
m'être demandées directement)
Les photos des slides sont de la présentation
de l'auteur. Voir les crédits des
autres photos et des animations.
Le conférencier a eu la gentillesse de nous
donner sa présentation, elle est disponible sur
ma liaison ftp et
se nomme :
PZarrouk_SAF_11-12-21.pdf,
qui se trouve dans le dossier COSMOLOGIE-SAF/
saison 2021-2022.
Il est aussi sur le
site de la commission.
Ceux qui n'ont pas les mots de passe doivent me
contacter avant.
Les actualités
présentées
sont ici.
La vidéo se trouve ici : URL à venir
Une belle salle, bien remplie, de plus, plus
de quarante membres suivaient la réunion à distance sur Zoom.
Voici son impressionnant CV :
Après avoir obtenu son doctorat en cosmologie
au CEA-Saclay en 2018, Pauline Zarrouk a effectué un post-doctorat en Angleterre
à l’Université de Durham puis elle a obtenu un poste de chercheur CNRS en
octobre 2020 à Paris au Laboratoire de Physique Nucléaire et de Hautes Énergies,
Sorbonne Université.
En 2018, Pauline a obtenu une des 30 bourses
L'Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science ainsi que le prix de thèse 2018 du
LabEX P2IO.
Depuis son doctorat, Pauline est très
impliquée dans la diffusion scientifique, elle a notamment développé un jeu de
plateau sur les exoplanètes et elle est membre du comité scientifique du
Festival d’Astronomie de Fleurance et du Festival Atmosphères de Courbevoie.
Elle nous parle ce soir de :
L’expansion de l’univers s’accélère ! Qui
appuie sur la pédale d’accélérateur ?
Résumé : La mise en évidence de l’accélération
tardive de l’expansion de l’univers vers la fin des années 90 a déclenché un
vaste programme de recherche en vue d’identifier l’origine de ce phénomène,
appelé « énergie noire ». Cette mystérieuse composante constitue près de 70% du
contenu énergétique de l’univers, ce qui en fait une des énigmes les plus
importantes de la cosmologie moderne. Nous verrons comment en apprendre
davantage sur cette énigme grâce aux cartographies qui décrivent la répartition
des galaxies dans le ciel.
La présentation pdf étant très complète, le CR
sera succinct.
UN
RAPPEL HISTORIQUE.
L’histoire de l’Univers depuis l’origine d’après les dernières découvertes
cosmologiques. Crédit NASA/WMAP
En 1915 Albert Einstein publie sa loi de la
Relativité Générale :
Espace, temps et gravitation ne sont plus
séparés,
La gravité ne s’interprète plus comme une
force attractive entre objets massifs mais comme une manifestation de la
courbure de l’espace-temps, courbure imposée par la distribution de la matière.
Donc nous vivons dans un espace-temps à 4D (3D
espace + 1D temps) courbé par les masses et l’énergie qu’il contient.
Plus un objet est massif, plus il va courber
l’espace-temps
à déviation des rayons lumineux
par le Soleil confirmée en 1919 par la RAS de Londres à partir de clichés
photographiques lors d’éclipses du Soleil au Brésil et en Afrique.
Dans les années 1920 on prouve l’expansion de
l’Univers, avec l’éloignement des galaxies (Hubble, Lemaitre).
On arrive à mesurer les distances grâce aux
phares de l’Univers
que sont les Céphéides et les Supernovae Ia.
On met en évidence la formation des grandes
structures. On découvre le CMB.
Les grandes structures se sont formées à
partir des infimes fluctuations de densité de l’Univers primordial que l’on
repère sur
le
diagramme du CMB.
Ce qui conduit aujourd’hui à un Univers qui
est :
·
Très inhomogène
·
Hiérarchie de
structures liées par interaction gravitationnelle
·
Accélération
tardive de l’expansion de l’univers (z < 0.6)
La
matière noire.
A été nécessaire pour expliquer la vitesse des
étoiles dans les galaxies, il n’y avait pas assez de matière visible pour
assurer la cohésion des étoiles. Une énorme masse de matière devait se trouver
aux abords des galaxies, dans le halo pour assurer assez de gravité pour ces
étoiles.
Par exemple, notre propre galaxie possède un
halo de cette matière invisible, que l’on a appelé matière noire.
Elle est 10 fois plus massive que notre galaxie même.
On s’est donc mis à étudier la matière noire
surtout à base de simulations numériques.
On s’est mis à définir une matière noire froid
et une chaude.
En fait :
La matière noire chaude (HDM Hot Dark Matter)
correspond à des particules très rapides et donc relativistes (par exemple les
neutrinos)
La matière noire froide (CDM : Cold Dark
Matter) correspond à des particules plus lentes.
Les simulations ont été effectuées avec ces
deux types, et on s’est aperçu que c’est la matière noire froide (CDM) qui
collait le plus à la réalité. Cela a donné le modèle
LambdaCDM devenu le
modèle standard.
L’ACCÉLÉRATION DE L’EXPANSION DE L’UNIVERS.
C’est en voulant connaitre le destin de
l’Univers à la fin du XXème siècle : comment se termine l’histoire ?
La gravité aura-t-elle le dessus et tout se
terminera-t-il dans une grande concentration de matière ou alors, l’expansion
sera-t-elle éternelle et nous désagrégera tous ?
En fait, on s’aperçu que
ce n’était ni l’une ni
l’autre des hypothèses.
Pour cette étude on se basait sur les SN Ia,
balises de l’Univers, en effet, leur explosion correspondant toujours au même
phénomène physique (dépassement d’une masse limite), l’énergie émise (la courbe
de lumière) était toujours plus ou moins la même, d’où l’utilisation comme
référence ou étalon de
lumière.
Or les SN lointaines apparaissaient moins
lumineuses que prévu. Donc :
Surprise, surprise, l’Univers était en expansion accélérée contre toute attente.
Tout ceci conduisant au modèle actuel, pouvant
bien sûr être mis en cause à tout moment avec de nouvelles découvertes, c’est
cela la Science !
Contenu
énergétique actuel d’après les dernières théories.
Ceci permet de mettre l’Univers en équation,
incroyable expression !!!!
Voici l’équation d’Einstein avec constante
cosmologique : Cette équation lie la géométrie de l'espace-temps à la
répartition de matière et d'énergie.
À gauche l’espace-temps à droite l’énergie.
Lambda a été rajoutée pour tenir compte de l’expansion accélérée depuis approx.
6 milliards d’années.
Cette accélération nécessite une pression
négative (fluctuations quantiques, effet Casimir..)
Ici j’introduis un de mes commentaire d’une
conférence précédente :
C'est
le principe
cosmologique, à
grande échelle l'Univers est homogène (identique à lui-même partout) et isotrope
(identique à lui-même dans toutes les directions), cela veut dire qu'il est le
même en tous les endroits et qu'il n'y a pas de direction privilégiée.
Cela veut dire aussi
accessoirement, qu'il n’a pas de centre ni de bords !!!
Un espace de cette nature est
à courbure constante K; il est soit en expansion soit en contraction.
Sa métrique, c'est à dire en
simplifiant, la distance entre deux points est donnée par un facteur
d'échelle a(t)
qui dépend du temps.
Le contenu matériel de cet
espace est donné par sa densité d'énergie r et
la pression P.
La relation de la pression en
fonction de la densité P(r)
est appelée équation d'état, comme pour les fluides ordinaires.
Suivant l'hypothèse de la
composition de l'Univers cette équation peut se simplifier :
· Univers composé
uniquement de matière non relativiste : P = 0
· Univers composé
uniquement de rayonnements : P = r/3
(en effet la pression est générée par l'impulsion des photons qui est égale a
son énergie (divisée par la vitesse de la lumière). Comme en moyenne cette
impulsion est dirigée vers une de trois dimensions elle génère une pression P=
r/3
· Univers uniquement
composé de "vide" P = -
r = Λ/8πG où Λ
est la constante
cosmologique.
Mais l’énergie noire n’est peut-être pas la
seule explication.
On peut aussi envisager
une modification de la
gravité, qui se passe de matière noire.
La Relativité Générale est-elle valable aux
échelles cosmologiques.
Pour cela il faut tester la croissance des
structures.
C’est justement le domaine de notre
conférencière : l’étude de la structuration des galaxies.
Elle participe
aux grands relevés
afin d’obtenir une cartographie 3D de l’Univers.
On s’aperçoit que la répartition des galaxies
est non uniforme (toile cosmique), il y a des régions avec énormément de
galaxies (les clusters) et des régions vides.
Relevé SDSS (Sloan Digital Sky Survey) de
l’Univers.
Chaque point est une galaxie. On remarque que
les galaxies ne sont pas
distribuées au hasard. Elles se regroupent le long de « filaments ».
Le SDSS est un programme initié par le mécène
Alfred Sloane, il doit cartographier approx. un quart du ciel avec 100 millions
de galaxies.
Le télescope dédié à cette mission est celui
d’Apache Point an Nouveau Mexique. Il mesure 2,5 m de diamètre.
Crédit : SDSS
Le programme est toujours actif, il est dans
la phase BOSS (Baryon Oscillation Spectroscopic Survey) et même eBOSS. On mesure
la distribution des galaxies en se basant sur le phénomène des oscillations
baryoniques (BAO en anglais).
Voici l’explication de Pauline Zarrouk :
Des ondes de pression (acoustiques) se
propageaient dans l'Univers primordial lorsque celui-ci était plus chaud et
dense que l’univers que nous observons aujourd’hui.
Ces ondes sonores qui se sont propagées
pendant les 400 000 premières années de l’univers, et se sont figées au moment
où la matière ordinaire et la lumière ont cessé d’interagir dans le plasma
primordial. L’arrêt de ces oscillations a laissé
une empreinte
sous forme d’une distance caractéristique dans la distribution actuelle de la
matière, appelée « pic BAO » (pour Baryon Acoustic Oscillations) et qui est
utilisée pour mesurer les distances dans l’univers et retracer l’histoire de son
expansion.
De ces genres de relevés on a réussi à
déterminer une distance moyenne entre deux galaxies de l’Univers : 500 millions
d’al.
Il permet de définir ce que l’on va appeler le
modèle de concordance.
D’après site Planck :
Le modèle de concordance est le nom donné au
scénario qui permet aujourd'hui d'expliquer au mieux l'ensemble des propriétés
de l'univers que nous connaissons.
Comme tout modèle, celui-ci est incomplet et
présente un certain nombre de zones d'ombre, mais pour autant il n'a pas été mis
en défaut par les observations, d'où son nom.
On parle aussi de modèle ΛCDM (prononcer
"LambdaCDM") pour indiquer ses deux constituants majoritaires, à avoir de la
matière noire froide (pour "Cold Dark Matter") et de l'énergie noire, symbolisée
depuis Einstein par la lettre grecque Lambda (Λ).
Légende de l’illustration : Contraintes en
2008 sur la densité de matière totale Ωm (matière noire + matière ordinaire) et
la densité d’énergie noire d’après les observations des supernovae de type Ia
(SNe), le rayonnement fossile (CMB) et les ondes acoustiques des baryons (BAO).
La notion de “concordance” est fort bien illustrée !
Crédits : M.Kowalski et les autres,
http://arxiv.org/abs/0804.4142
Ce modèle de concordance nous donne comme
valeur de la densité d’énergie matière sombre :
Un modèle purement constante cosmologique
impliquerait exactement
w = -1 et P=−ρ
Dans la décennie 2010/2020 de nouveaux
programmes d’étude de l’énergie noire sont développés, comme :
·
Subaru
·
SDSS
continuation
·
DESS
·
VIMOS
·
Etc…
Tout ceci menant à une évolution du modèle
dans les années 2020 pour la détermination de la densité d’énergie sombre :
Diverses valeurs sont ainsi proposées :
·
WDE
= -1,047 +/- 0,038 comprenant Planck + BAO + SN + H
et
·
WDE
= -1,026 +/- 0,033 comprenant Planck + SN et
·
WDE
= -0,991 +/- 0,074 comprenant Planck + BAO.
On attend maintenant les prochains projets de
la décennie 2020, comme :
·
DESI
·
EUCLID
·
LSST
·
Etc…
Les projets les plus prometteurs sont DESI et
EUCLID.
DESI :
·
3 miroirs (8.4,
3,42 et 5 mètres)
·
Caméra avec 3,2
milliards de pixels
·
6 bandes
photométriques
·
18 000 deg2
·
1ère lumière en
2023
·
Début du relevé
scientifique en 2024
Il est capable de :
Observer la moitié du ciel en 3 nuits !
40 milliards d’étoiles et de galaxies !!
15 téraoctets de données par nuit !!!
EUCLID :
·
Miroir de 1,2m
·
Caméra grand
champ pour le visible avec 600 millions de pixels
·
Spectro-imageur
pour le proche IR
·
15 000 deg2
·
Lancement prévu
pour 2023
·
Début du relevé
scientifique en 2024
Il va pouvoir :
Étudier 100 millions de spectres de galaxies !
Mesurer des formes pour 2 milliards !!
Espérons que Pauline pourra revenir nous
parler des premiers résultats de ces deux nouveaux instruments !
POUR ALLER PLUS LOIN :
Pleins feux sur la
matière noire :
CR de la conf IAP de N. Pal. Delabrouille du 4 sept 2018
Jean-Michel Alimi :
L’énergie noire, le mystère du XXIème siècle, CR conf. Du 8 Juillet 2009
L’Univers
invisible :
CR conf SAF de David Elbaz du 22 Sept 2017
Euclid, et énergie
sombre : CR
de la conf SAF (Cosmologie) de Y Mellier du 19 Janv 2013
Saul Perlmutter in
Paris :
CR de sa conférence à Sciences Po le 18 Oct 2017
L’Univers en
accélération :
CR de la conférence du Prix Nobel S. Perlmutter du 17 dec 2011
The
eBOSS 3D map of the Universe
Extraction des paramètres cosmologiques par une approche multi-sondes
24 –
Le côté obscur de l’univers
par Alain Bouquet.
Énergie noire : la constante cosmologique d'Einstein implique-t-elle une crise
en cosmologie ?
Energie Noire, qui es tu?
Pdf de Pierre Astier LPNHE
La constante cosmologique
par G Villemin.
Cosmologie 3 : la constante cosmologique
La constante
cosmologique, pour le meilleur et pour le pire
par A. Füzfa.
Le BB naissance évolution Univers :
CR conf VEGA d’O. Laurent du 19 Mai 2018
Vidéo :
Temps
et Cosmologie : retracer notre histoire cosmique
– vidéo par Pauline Zarrouk
PROCHAINE CONFÉRENCE MENSUELLE DE LA SAF :
Prochaine conférence SAF devant public :
Le mercredi 12 Janvier 2021 à 19H00 au CNAM amphi Grégoire (220 places).
Aurélie MOUSSI CNES spécialiste astéroïdes
chef projet Hayabusa/Mascot et
MMX/MIRS, nous parlera de : L’EXPLORATION
DES ASTÉROÏDES : PETITS CORPS MAIS GRANDS EXPLOITS. Réservation
comme d’habitude ou
à la SAF directement.
Transmission en direct sur le canal YouTube de la SAF
Sinon à suivre en direct :
https://youtu.be/dEYzUxHXLIg
Les conférences seront retransmises en
direct sur YouTube.
Bon ciel à tous
Jean Pierre
Martin
Président de la commission de cosmologie de la SAF
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