Extrait de «
Cosmology and particle astrophysics » par Lars Bergström et Ariel Goobar
(traduction, J. Fric qui endosse la responsabilité des erreurs que sa
traduction aurait pu introduire)
6-2 Petite revue des particules en physique
6-4 Degrés de Liberté dans le modèle standard
6-7 Bosons de jauge massifs et mécanisme de Higgs
6-9 Au dela du modèle standard
6-10 Un peu de phénoménologie des particules
6-10-1 Estimation de sections efficaces
6-11 Exemple de calculs de sections efficaces
6-11-1 Définition de la section efficace
6-11-2 Interaction des neutrinos
6-11-3Le système photon electron
Un des sujets les plus
passionnants de la cosmologie moderne est sa relation avec la physique des
particules. C’est peut être paradoxal, que l’étude des objets les plus petits
que nous connaissons, les particules élémentaires, puisse avoir des
applications sur les plus grandes structures de l’univers. C’est pourtant le
cas, et les relations entre ces deux domaines sont l’objet de nombreux
développements scientifiques aujourd’hui. On l’appelle quelquefois, la physique
des astroparticules , qui inclut habituellement
les rayons cosmiques et l’astrophysique relativiste. Il est de bon ton,
aujourd’hui que les astrophysiciens se familiarisent avec les modèles de
physique des particules.
Une découverte essentielle du
20 ième siècle, a été l’importance des champs
pour la compréhension des intractions fondamentales de la physique. Bien
sûr la formulation des théories actuelles est compatible avec avec la relativité et la mécanique quantique.
Dans ce livre nous ne présentons pas la théorie relativiste quantique des
champs dans toute sa splendeur.. cependant à partir des connaissances acquises dans les chapitres
précédents et si vous étudiez l’annexe B
( dynamique relativiste) et l’annexe C ( L’équation de Dirac), dans ce livre ,
vous aurez acquis une bonne base de connaissances pour aborder la physique des
particules appliquées à la cosmologie et à l’astrophysique relativiste. D’autre
part, si vous admettez certains résultats sans démonstration, vous pouvez vous
contenter des résumés faits à la fin de chaque chapitre et annexe . Repétons que certaines notions comme les
champs quantifiés en espace courbe ne sont pas traités dans ce livre.
Commençons notre introduction
de la physique des particule, en passant en revue, les bases sur les constituants
élémentaires de la matière. Selon le modèle standard de la physique des
particules, bien établi aujourd’hui, les briques de base de la matière sont les
quarks et les leptons, et on en connaît six ( table 6.1 ci dessous).
Charge électrique |
Q=0 |
Q=-1 |
Q=+2/3 |
Q=-1/3 |
Famille 1 |
ν |
e |
u |
d |
Masse |
< 5 eV |
511 keV |
2-8 MeV |
5-15 MeV |
Famille 2 |
νµ |
µ |
c |
s |
Masse |
< 170 keV |
106 MeV |
1-1 .6 GeV |
100-300 MeV |
Famille 3 |
ντ |
τ |
t |
b |
Masse |
< 24 MeV |
1,78 GeV |
170-190 GeV |
4.1-4-5 GeV |
Notons que comme les quarks
sont confinés, la masse du quark n’est pas un paramètre défini de façon unique.
Comme on peut le voir les quarks
et les leptons sont groupés naturellement en 3 familles, chacune comportant un
lepton électriquement neutre (comme le neutrino νe ), un lepton
de charge électrique – e ( comme
l’électron), un quark de charge + 2/3 e ( comme le quark u), et un quark de charge – 1/3 e ( comme le
quark d). Petite curiosité, les quarks ne se manifestent pas à l’état
libre. Un proton est constitué de 2
quarks u et d’un quark d, un neutron d’un quark u et de 2 quarks d ( vérifiez
que cela donne bien la bonne charge électrique). Les forces qui lient ces
quarks ensemble sont si fortes qu’un quark ne peut pas être extrait du système
lié. On appelle cela le confinement des quarks. Cependant il existe des
méthodes permettant de « secouer » les quarks dans un proton et
démontrer ainsi leur existence en tant que constituants individuels des
nucléons. Le fait que les quarks fortement liés dans les nucléons ( protons,
neutrons) puissent se comporter comme des particules libres pendant des
instants très courts comme constaté expérimentalement, est une propriété
intriguante des théories modernes appelée liberté asymptotique. La
configuration particulière de charges et autres nombres quantiques dans une
famille de 2 leptons, et 2 quarks signifie
que la théorie va être compatible avec la mécanique quantique. S’il avait
manqué une particule, une anomalie aurait été générée et cela aurait eu des
conséquences catastrophiques pour la théorie. ( En gros, on n’aurait rien pu
calculer, du fait des infinis, qui n’auraient pas pu être renormalisés de façon
controlée). C’est la raison pour laquelle le quark Top a été prédit , bien
avant qu’il n’ait été finalement découvert expérimentalement en 1995.
Dans la table 6.1, nous avons
supprimé quelques nombres quantiques, par exemple chaque quark a 3 degrés de
liberté appelés couleurs. La théorie de l’interaction forte , la
chromodynamique quantique ( QCD) décrit comment les quarks colorés
interagissent. Les leptons et les quarks ont des spins ½ ( en unités de h,
la constante de Planck divisée par 2π ). Ce sont des fermions qui
obéissent au principe d’exclusion de Pauli. Enfin à chaque particule connue,
correspond une antiparticule, de même masse et spin mais de charge électrique
opposée. Les neutrinos qui sont neutres , possèdent un autre type de charge,
l’hypercharge faible, qui signifie que le neutrino et l’antineutrino sont des
particules différentes. Cependant tous les neutrinos semblent avoir un spin
« gauche » ( ou une hélicité, qui est la projection du spin dans la
direction de la quantité de mouvement). Par symétrie, les antineutrinos sont
« droitiers ». C’est ainsi que les neutrinos apparaissent dans le
modèle standard. Cependant le domaine des neutrinos est très difficile à
étudier du fait de leur faible interaction avec la matière. Il est possible que
les neutrinos soient en fait leurs propres antiparticules ( voir annexe C),
alors appelée particukes Majorana.
Le concept de nombre
quantique est important en physique des particules. Comme nous le dit la mécanique
quantique, le moment angulaire interne s d’une particule est quantifié
par pas de 1 ou ½ de h , ce moment angulaire ( spin) est un nombre quantique. D’habitude,
l’existence de nombre quantiques conservés
reflète l’invariance de la théorie
par certaines transformations. Par exemple la conservation du moment
angulaire est une conséquence de
l’invariance par des rotations de la forme discutée au chapitre 2.3. Un système donné de particules peut avoir un moment angulaire total qui est
donné par le spin total de toutes les
particules qui le constituent couplé au moment orbital total, conformément aux
règles de la mécanique quantique. Une utilisation pratique de cette
conservation est une règle générale qui stipule qu’un système qui a un moment
angulaire total demi entier ne peut pas dégénérer en système avec un spin total
entier.
Il y a d’autres types de
transformations, en relation avec les degrés de liberté internes, qui
impliquent aussi des conservations de nombres quantiuqes. Un exemple important
est la charge électrique, dont la conservation résulte d’une invariance de
jauge. ( 2.78). De plus, il y a d’autres « charges » telles que le
nombre baryonique, qui semble être conservé avec une très grande précision ( La
durée de vie du proton est au moins de 10 34 ans, d’après les
expériences). Là, l’invariance, source de la conservation du nombre baryonique
est moins bien comprise ( en fait selon certaines théories, il n’y aurait pas
une conservation exacte de ce nombre) , Mais du point de vue phénoménologique,
cela peut être considéré comme une loi empirique qui nous indique quelles réactions impliquant des baryons sont
permises. La normalisation attribue habituellement un nombre baryonique égal à
+1 au proton ( et donc de -1 pour
l’antiproton). Alors un quark a un nombre baryonique de +1/3.
De même pour les leptons, il
semble qu’il y ades nombres quantiques qui soient conservés au moins
approximativement. On attribue à l’électron et au neutrino électronique un
nombre leptonique de +1 et de même pour les autres leptons. Il semble que ce
nombre leptonique soit conservé avec une bonne approximation. Leur somme , le
nombre leptonique total, semble encore mieux conservé. Cependant, répétons
qu’il n’y a pas de raison théorique contraignante associée à cette
conservation, à la différence de la charge électrique, conséquence d’une
invariance de jauge). Il est possible que la conservation du nombre
leptonique soit violée à un certain
niveau, bien que cela n’ait pas été constaté expérimentalement. Le nombre leptonique
individuel n’est probablement pas conservé comme nous le verrons au chapitre
15.
Une manière très utile de
considérer les degrés de liberté de spin d’une particule est de considérer
qu ‘un état associé à n’importe
laquelle des 2s+1 valeurs de ms, est une particule différente.
Ceci est justifié, car comme
nous le verrons au chapitre 7, chacun de ces états contribue indépendamment,
par exemple, à la densité d’énergie. La transformation de Lorentz, n’agit pas
seulement sur l’espace temps, mais aussi
sur les états internes de spin : ils se mélangent.
Ici ms est la
projection du spin sur un axe arbitraire mais fixé. D’ordinaire c’est l’axe z.
Cependant , un choix encore meilleur qui
permet de mieux traiter les particules sans masse (comme par exemple peut être
les neutrinos) est d’utiliser l’hélicité c’est à dire de prendre la direction du mouvement comme axe
de projection.
Comptons le nombre gfam
d’états d’hélicité indépendants d’une famille de quark et de leptons. Chaque
quark a 3 couleurs et 2 spins, soit 12 états pour les quarks u, d et les
antiquarks. Le lepton chargé a 2 états et le neutrino 1. Donc une famille a 15
états, soit 45 pour les trois. Avec les antiparticules cela fait 90 pour les
fermions
Au dessus d’une certaine
température, de l’ordre de 100-300 MeV, où on suppose que la transition de
phase quark-gluon se produit, on subbodore que les quarks et les gluons se
comportent comme de particules libres.
En dessous de la température
de transition de phase QCD, seuls les systèmes non colorés semblent viables.
Une manière de faire pour un quark est de se lier avec un antiquark, formant un
sytème incolore fortement lié, qu’on appelle un méson ; Les plus légers
sont les mésons π , ou pions. La
masse du pion ( énergie au repos) est d’environ 140 MeV. Une particule π+
est constituée d’un quark u et d’un antiquark d. D’ordinaire, une barre
sur le nom de la particule désigne l’antiparticule, donc on écrit π+
= ud . Le π- qui est l’anti^particule du π+
est évidemment constitué d’un quark d et
d’un antiquark u. Il y a aussi un pion neutre , le π0, qui est
un mélange quantique de (uu) et (dd). Une autre façon d’obtenir
une particule incolore est de prendre 3 quarks, chacun d’une couleur différente
ce qui donne, par exemple, un proton ou
un neutron.
Donc les particules
constituées deq uarks et soumis à l’interaction forte sont de deux types. Soit
des baryons constitués de trois quarks comme les nucléons ( le proton, le
neutron) ou des mésons constitués d’un quark et d’un antiquark comme le pion.
On suppute qu’il existe des particules plus exotiques constituées par exemple
de deux quarks et deux antiquarks, mais jusqu’à présent rien n’a été prouvé.
Quand
le quark apparut dans les années 60, il offrait une solution à la prolifération
des centaines de particules qui avaient
été produites dans les accélérateurs. Avec quelques quarks et antiquarks on
peur construire un garnd nombre d’états de mésons et de baryons, en utilisant
les règles de construction de la mécanique quantique. Les plus importants sont
ceux montrés sur la fig 6.1 , qui représentent les états du niveau de base (
qui sont les moins massifs) des mésons et baryons. La classification utilise la
symétrie SU(3) de la mécanique quantique
qui est fondée sur le principe
que les trois quarks légers u,d et s sont sur un pied d’égalité.
Comme la classification en
termes d’octets, décuplets et singlets assure une symétrie exacte entre les
quarks légers u,d et s, et que cette symétrie est brisée en pratique du fait des masses différentes (
le quark s est plus lourd), il se produit un mélange des états. Par exemple les
mésons η0 et η’ sont des mélanges états de singets et de multiplets.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Un méson K+ par
exemple, est constitué d’un quark u et d’un antiquark s , tands qu’un méson
π+ est constitué d’un
quark u et d’un antiquark d . Les mésons π0 et η sont
constitués de combinaisons linéaire d’états de (dd), (uu) et (ss)
.
Des états
supplémentaires sont produit par les
exitations des états fondamentaux des
mésons et baryons. Par exemple le proton est l’état fondamental d’un système
constitué d’une combinaison de de quarks uud , avec les quarks d’un moment
angulaire l=0 ( Onde –S) et un spin
total 1/2 . Alors, il doit aussi exister un état avec les mêmes constituants
mais un spin total de 3/2. En fait une telle particule existe. C’est le baryon
Δ+ , qui joue un rôle important en astrophysique. Comme il est très
semblable au proton, il est facile d’éxiciter cet état epar collision d’un
proton et d’un photon. Nous verrons plus loin, ( chapitre 13.3) que de telles
interactions entre des rayons cosmiques ( protons) de très haute énergie et le
RFC détermine le libre parcours moyen de tels rayons cosmiques.
Pour les mésons et baryons
constitués de quarks c,b et t, la classification en termes de SU(N) n’est pas
très utile, car leurs masses au repos sont complètement déterminées par par les masses des quarks. Cependant , le
spectroscopie des états peut être interprétée par une simple combinatoire, avec
des baryons constitués de trois quarks
et des mésons constitués d’un quark et d’un antiquark. Aujourd’hui, nous
ne savons pas vraiment pourquoi, il ya trois familles de quarks et de leptons
dans la nature. La solution de cette énigme, comme d’autres, devra sans doute
attendre une théorie plus complète de toutes les particules et interactions de
la nature, incluant la gravitation quantique. Cette théorie aujourd’hui n’est
pas faite, les spéculations nous poussent vers une théorie sous jacente appelée
M-théorie, qui sous certaines conditions a des solutions qui se présentent sous
forme de cordes ou d’objets de dimensions supérieures appelées D-branes .
Quand une théorie correcte sera établie, on peut espérer que ce contexte (
comme le nombre de familles) , charges, les masses et autres attributs sera
expliqué par des propriétés géométriques dans l’espace comportant un grand nombre de dimensions correspondant au cadre
naturel et formel de ces théories .
Fig 6.1. L’octet du méson (
sur la gauche) et celui du baryon ( sur la droite) obtenu par la classification
SU(3) des états liés des trois quarks
Un
Univers qui ne serait constitué que de quarks et de leptons serait ennuyeux et
improductif. La dynamique est ce qui décrit leurs interactions, en particulier
les états liés dans les hadrons et les atomes. Une conséquence intéressante de
la Relativité et de la Mécanique Quantique est que leur interaction peut être
décrite en termes d'échange de particules de médiation.
Ce
n'est pas difficile à comprendre.
Considérons
deux particules chargées, disons un proton et un électron, séparées par une
distance finie. Etant chargées elles exercent l'une sur l'autre une action
Coulombienne "électronique" . Supposons que nous déplacions
légèrement le proton. Le champ environnant va changer , ainsi que son influence
sur l'électron. Mais la Relativité Restreinte nous dit que la perturbation ne
peut pas se propager plus vite que la lumière ( pas d'action instantanée à
distance).
La
description moderne des forces s'appuie sur la notion de champ, donc la
perturbation va moduler le champ entre le proton et l'électron. La mécanique
quantique considère ces modulations comme des degrés de liberté dynamiques qui
doivent être quantifiés comme les autres. Les excitations minimales ( quanta)
du champ sont interprétées comme des particules, et l'interaction entre un
proton et un électron est décrit en termes d'échange de ces particules.
Comme
les équations de Maxwell nous enseignent que le champ électromagnétique a des
solutions ondulatoires, dont la lumière est un exemple, nous identifierons ces
particules, associées au quanta du champ, aux photons qu'Einstein a introduit
pour expliquer l'effet photo-électrique.
La
théorie quantique décrivant l'interaction entre les photons et les électrons
est appelée l'électrodynamique quantique
( QED pour Quantum ElectroDynamics). Cette théorie s'est révélée très
fructueuse en termes de prédiction et de précision ( 10-11).
Il
se trouve qu'on peut déduire l'électromagnétisme classique et la QED de
symétries dites de "jauge" , introduites dans la théorie des
électrons libres. La QED est l'exemple type d'une théorie de jauge.
Regardons
comment ça marche sur un exemple simple, qui nous permettra également
d'introduire le concept de champ, fonction de l'espace temps dont la
quantification des excitations élémentaires seront interprétées comme des
particules.
Nous
nous en tiendrons à la Relativité restreinte ( la Relativité Générale
conduisant à un formalisme complexe rarement nécessaire, sauf en cas de
conditions extrêmes, à proximité d'un
trou noir par exemple). Un traitement plus exhaustif du champ Relativiste est
présenté en annexes B et C.
Un
pion, par
exemple, a un spin de 0 et peut être représenté par un champ scalaire où x représente la coordonnée d'espace temps x
.Par une transformation de Lorentz x -> x' et le champ se transforme
comme suit:
En
théorie des champs Relativiste, il nous faut aussi décrire simultanément l'antiparticule-
Ceci est nécessaire du fait que dans les réactions énergétiques des paires
de pions peuvent émerger ex nihilo. Par exemple dans les collisions
proton/proton, la réaction:
p + p ->
p + p + + - , est possible si l'énergie
cinétique de la paire de protons incidente au centre de masse est supérieure à
l'énergie de masse au repos des
deux pions. On pourrait introduire deux champs scalaires et pour décrire respectivement le pion et
l'antipion. Il est plus élégant de considérer et comme la partie réelle et imaginaire d'un champ complexe :
.
Si
le champ est sans interactions, il va satisfaire l'équation Relativiste du
mouvement:
où m
est la masse du pion ( Cette équation s'appliquant aussi pour le champ conjugué
*
qui associé à peut produire deux états indépendants au lieu
des deux fonctions et
).
Cette équation est invariante par transformation de Lorentz car le
d'Alembertien et m² sont invariants tous les deux.
L'équation
(6.3) peut être dérivée de l'équation d'Euler Lagrange ( cf B.27)
Si
nous choisissons la densité de Lagrangien invariante par transformation de
Lorentz L(x)
On
voit que (6.5) est invariant par changement de la phase d'une même valeur
partout,
avec
a constant, du fait de la présence des
fonctions conjuguées. Ceci est appelé une invariance globale du Lagrangien.
Supposons
maintenant que nous voulions que le Lagrangien soit aussi invariant par un changement
de phase qui pourrait avoir une valeur différente en chaque point,
Ceci
est appelé une invariance locale ou encore invariance de jauge.
Tel
quel , les dérivées partielles ne permettent pas l'invariance. Nous sommes
amené à ajouter d'autres champs à la dérivée avec les règles suivantes:
et poser
Quand
Le champ que nous avons ainsi introduit s'appelle le
potentiel électromagnétique.
L'équation (6.6) définit , la dérivée covariante de jauge, qui est similaire à la dérivée
covariante que nous avons introduit en Relativité Générale ( cf 3.36).
L'équation
du mouvement devient alors:
(6.8)
qui
décrit les propriétés électromagnétiques d'un champ scalaire chargé.
La
manière habituelle de description des couplages par échange de particules
utilise les diagrammes de Feynman, un des contributeurs majeurs à la QED. La
fig 6.2 montre un tel diagramme correspondant
à l'interaction de 2 électrons par échange d'un photon.
Fig 6.2 : Diagramme de
Feynman représentant la diffusion de deux électrons via un échange de photon
Nous
savons de l'étude de la désintégration du neutron , qu'il existe une autre interaction
plus faible que l'électromagnétisme. C'est à cette "interaction
faible" que les neutrinos sont sensibles, ce qui permet leur détection
expérimentale. Cependant un neutrino de 1 Mev interagit si faiblement avec la
matière que son trajet moyen d'interaction est d'environ 1 année lumière dans la matière, ce qui rend
leur détection difficile.
Du
fait du succès de la QED , il a paru naturel de la généraliser aux autres
interactions. Dans les années 1970, une théorie de jauge de l'interaction
faible a été élaborée, et sa relation avec la QED était si forte, que ces deux
interactions ont été unifiées et
considérées comme une seule "l'interaction électrofaible". Bien sûr à
cette interaction correspond des particules échangées les bosons W± et Z0 . En 1982 ces particules ont été détectées au CERN à Genève. La figure
6.3 montre la désintégration b
du neutron par échange d'un boson W. Nous voyons que cela se traduit par le
changement de saveur d'un quark médiatisée par le courant chargé associé au
boson W±.
Fig 6.3 : Désintégration
d'un neutron en un proton, un électron et un antineutrino
La
masse de ces particules s'est révélée très élevée ( 80-90 Gev), par opposition au photon
de masse supposée nulle.
Cette
asymétrie de masse dans les bosons des deux interactions nécessite pour
l'expliquer un mécanisme de " brisure de symétrie, appelé le Mécanisme de
Higgs. Cette dernière partie de la théorie électrofaible n'a pas
encore été prouvée expérimentalement. Si elle est correcte, elle implique un
nouveau champ, le champ de Higgs et sa particule associée le boson de Higgs qui
a la propriété de conférer une masse aux bosons W et Z ainsi que d'ailleurs aux
leptons et aux quarks.
Dans
le modèle standard le champ de Higgs est un champ scalaire, ce qui signifie
qu'il a une densité de Lagrangien du type de celle définie par l'équation (6.5)
à une différence importante près car il auto interagit , ce qui peut être
décrit par un potentiel V()
de la forme:
Où doit être positif pour avoir une théorie stable ( V
doit être borné inférieurement).
Par
contre b peut être quelconque.
S'il
est positif, nous voyons que le minimum est donné par , ceci donne un état du vide unique et
symétrique.
Par
contre si b est négatif nous pouvons
écrire:
avec
ce
qui signifie que l'état de moindre potentiel, l'état du vide, qui est l'état de
moindre énergie, n'est pas donné par un champ nul ,
mais par la valeur . La forme de l'équation du potentiel de Higgs
(6.10) montrée en figure 6.4 est typique d'une brisure spontanée de symétrie et
on montre que c'est la valeur supposée non nulle du vide du champ de Higgs qui
confère une masse aux fermions et aux bosons W et Z.
Figure 6.4 : Forme du
potentiel de Higgs qui entraîne une brisure spontanée de symétrie
Sans
rentrer dans les détails de la théorie des champs, il est utile pour les
applications cosmologiques de donner la forme du tenseur énergie impulsion d'un
champ scalaire décrit par un Lagrangien de la forme
Le
tenseur énergie impulsion associé vaut:
Le
tenseur énergie impulsion associé vaut:
C'est
cette expression que nous allons utiliser quand nous étudierons le modèle de
l'inflation en Cosmologie.
La
particule de Higgs est sans doute la particule de la physique, la plus recherchée
aujourd'hui. Les expérimentations au LEP du CERN nous indiquent que sa masse
est supérieure à 90 Gev.
La
masse importante des bosons de l'interaction faible expliquent la faiblesse de
cette interaction, ce qui est simple à comprendre qualitativement. En
examinant, dans la figure 6.3, l'état
intermédiaire indiqué par la ligne verticale pointillée, on voit que cela se
passe comme si le neutron s'était désintégré
en un proton et un boson W. Comme l'énergie du neutron est de 0,94
Gev et celle du boson W de 80 Gev, on se demande comment c'est
possible du point de vue énergétique. Avons nous commis une erreur en traçant
ce diagramme? Non ,car en mécanique quantique, rappelons nous que le principe
de conservation de l'énergie peut être violé pendant des temps très courts.
Conformément au principe d'incertitude d'Heisenberg, nous pouvons
"emprunter une énergie pendant un temps sous réserve que .
Comme
une fluctuation d'énergie aussi importante est peu probable, cela explique
pourquoi l'interaction faible est rare , c'est à dire faible. Une particule de
masse M, dans un diagramme de Feynman, qui n'existe pas en tant
que particule réelle, parce qu'elle viole le principe de conservation de l'impulsion énergie ( appelée
particule virtuelle) réduit
l'amplitude de transition d'un facteur 1/M² soit un facteur de 1/M4
pour la probabilité d'interaction ( la section efficace d'un processus de
diffusion ou le rythme de désintégration selon le cas) car la mécanique
quantique nous indique que cette probabilité est proportionnelle au carré de
l'amplitude.
La
théorie de l'interaction forte, la QCD ( Quantum Chromo Dynamics ) peut être
présentée comme l'aboutissement le plus achevé aujourd'hui de l'application de
la théorie des champs quantifiés.
La
QCD nous dit que l'interaction entre les quarks est véhiculée par des bosons de
jauge appelés gluons. A la différence des photons en QED ( mais conformément
aux bosons de l'interaction faible) les gluons se couplent entre eux ( cf Fig
6.5).
Figure 6.5 : Diagramme de
Feynman montrant l'interaction de gluons
Ceci
est dû au fait que les gluons sont eux mêmes porteurs de la charge de couleur
de l'interaction forte. A l'inverse le photon se couple avec les particules chargées,
mais est lui même électriquement neutre. En fait il y a 8 gluons
différents correspondant à 8 charges différentes. La propriété de liberté
asymptotique a été vérifiée en QCD, qui explique comment pendant des
durées très courtes les quarks et les gluons se comportent presque comme s'ils
étaient des particules libres, même si cette situation ne perdure pas sur des
durées plus longues. De même, on suppose que le confinement est du à l'auto interaction des gluons, bien
que cela n'a pas été prouvé rigoureusement compte tenu de la complexité
analytique de la théorie. Mais il y a de fortes présomptions que ce soit le
cas.
Les
particules de jauge sont synthétisées dans le tableau 6.2. En supplément on
suppose l'existence du graviton, médiateur de l'interaction gravitationnelle,
mais comme aucune théorie de gravitation quantique digne de ce nom n'existe
aujourd'hui son existence reste hypothétique. La théorie de la Relativité
Générale d'Einstein a une structure de théorie de jauge ( les transformations
de jauge, étant liées à l'invariance par transformation générale de
coordonnées). Le tenseur de Riemann en Relativité générale s'identifie à
l'intensité du champ d'une théorie de jauge non abélienne comme la QCD, les
connexions métriques jouant le rôle du potentiel de jauge.
Particule |
Interaction |
Masse |
Charge
electrique |
spin |
Photon |
Electromagnétique |
0 |
0 |
1 |
Boson
Z0 |
Faible
( courant neutre) |
91 Gev |
0 |
1 |
Bosons W± |
Faible
( courant chargé) |
80 Gev |
± 1 |
1 |
Gi, i=1,2,..,8 (gluons) |
Forte |
0* |
0 |
1 |
Graviton
(hypothétique) |
Gravitationnelle |
0 |
0 |
2 |
Boson
de Higgs |
Mécanisme
de Higgs |
>
90 Gev |
0 |
0 |
*
Comme les gluons sont "confinés" leur masse est indéterminée.
Signalons
que des développements récents dans certaines théories de jauge, permettraient
d'expliquer le mécanisme du confinement ( par des propriétés de dualité).
Si nous
continuons de recenser les états d'hélicité dans le modèle standard, au 45
états déjà trouvés nous devons en ajouter deux pour le photon et pour
chacun des huit gluons. Comme ils ont un spin de 1 ( s = 1) , cela
signifie qu'ils peuvent avoir 2s+1 états d'hélicité, soit 3 états , mais
étant sans masse seules les hélicités
+1 et -1 sont permises soit deux états seulement. Les bosons W+ , W- et
Z0 sont des particules massives de spin 1, qui possèdent
donc 3 états d'hélicité chacune. Le boson de Higgs est de spin 0 et électriquement neutre,
donc possède un seul état.
Le
total vient donc à 90 +18 +9+1 = 118.
Expliquer l'existence de ces
118 états , est une des tâches les plus importantes de la théorie des
particules moderne, dont nous pouvons espérer qu'elle nous montrera qu'il
existe une structure plus vaste,
unifiant ces états comme des degrés de liberté d'un objet plus fondamental
Le modèle standard s’est révélé très efficace, pour
expliquer et interpréter toutes les expériences
et observations relatives aux trois forces fondamentales :
l’électromagnétisme, l’interaction faible, et l’interaction forte. Pourtant,
beaucoup de problèmes fondamentaux sont loin d’être résolus, ce qui nous incite
à chercher une théorie plus fondamentale.
- Qu’est ce qui détermine les masses et les couplages des
particules du modèle standard. Existe t’il un principe unificateur ?
- Nous sommes amenés à supposer que les constantes de couplage
des interactions électromagnétiques, faibles et fortes dépendent du niveau
d’énergie de telle sorte qu’elles s’unifient à très haute énergie (autour de 10
15- 10 16 GeV). Est ce une
coïncidence ou existe t’il une théorie de grande unification (
TGU), qui unifie toutes les forces à cette échelle.
Pourquoi l’échelle de grande unification et l’échelle de masse
de la gravitation, la masse de Planck sont elles énormément plus élevées que
les masses qu’on observe dans le modèle standard ?
En particulier si on calcule la contribution à la masse du
boson de Higgs, qui viendrait des corrections
quantiques (particules virtuelles) à
l’échelle de TGU ; les masses du boson de Higgs
et aussi des bosons Z0 et W+- deviennent énormes. Qu’est
ce qui les empêche de devenir énorme.
-
Comment
décrire la gravitation quantique ? Comment unifier la gravitation
quantique avec les trois autres forces fondamentales.
-
Pourquoi y
a t’il plus de matière que d’antimatière dans l’univers ? Dans le modèle
standard, il y a une différence absolument minuscule entre les particules et antiparticules ( Ce qu’on appelle
la violation CP), mais cette différence ne semble pas suffisante pour expliquer
l’asymétrie baryonique de l’univers ( voir chapitre 1.3).
Ces questions demeurent sans réponse, mais nous croyons que
nous avons de bonnes chances de les trouver dans les théories des supercordes et celles qui en dérivent. Dans l’attente d’une
théorie achevée, nous pouvons examiner quelques caractéristiques que ces
théories prédisent. En particulier la grande disparité des masses à l’échelle de
la TGU et à la notre que nous avons mentionné peut s’expliquer s’il existe un
nouveau type de symétrie, appelé supersymétrie dans
une nouvelle théorie. Autre point intéressant, la supersymétrie
semble nécessaire pour unifier la gravitation avec les autres forces.
La supersymétrie est une symétrie
entre les bosons et les fermions. Dans une théorie supersymétrique , la
première chose, c’est qu’il y ait un nombre égal d’états d’hélicité
pour les bosons et les fermions. Donc, a un photon de spin 1 doit correspondre
une particule de spin ½ appelée photino. Au spin ½
des fermions doivent correspondre des sfermions de
spin 0 (squarks et sleptons).
Les partenaires supersymétriques des Z0, W+-,
des gluons et des bosons de Higgs sont les zinos, les winos, les gluinos et higgsinos de spin ½.
Les particules neutres sont des particules de Majorana,
qui sont leurs propres antiparticules. De plus si la supersymétrie
n’est pas brisée, les particules doivent avoir les mêmes masses que leurs superpartenaires respectifs. Cette dernière propriété n’est
manifestement pas satisfaite ( un selectron
de 511 KeV de masse est hors de question, il aurait
été détecté , la limite pratique de masse obtenue par les grands accélérateurs
est de 100 GeV environ !). Il est intéressant de
noter que la supersymétrie peut être brisée de sorte à expliquer le
problème de masse lié au boson de Higgs et cependant
conserver les autres caractéristiques
intéressantes de la théorie de grande unification. Pour cela, cependant,
il faut que la plus légère des particules supersymétrique
ait une masse inférieure à quelques centaines de GeV,
ce qui suscite un intérêt évident pour des programmes de recherche de ces
particules, dans les plus grands accélérateurs modernes. Beaucoup de théories supersymétriques font apparaître un nombre quantique
conservé multiplicativement ( appelé parité-R) qui a la valeur +1 pour les particules ordinaires
et -1 pour les particules supersymétriques. Ceci
implique que les particules supersymétriques ne
peuvent être créées ou annihilées que par paires. Cela implique, de fait,
qu’une particule supersymétrique unique, ne peut pas
se désintégrer en particule ordinaire. Si elle est lourde, elle peut se
désintégrer en une particule supersymétrique plus
légère plus des particules ordinaires. De ceci il résulte que la particule supersymétrique la plus légère est stable, car il n’existe
pas d’état dans lequel elle puisse se désintégrer.
Si la supersymétrie existe, cela a des
conséquences importantes en cosmologie. Dans l’univers primordial, la
contribution des champs supersymétriques à l’énergie potentielle effective, a pu être
très importante, et déclencher l’inflation, entre autres. Peu après le Big Bang , quand l’énergie
thermique était élevée, comparativement à la masse des superparticules,
ces particules ont pu être produites par paires en grande quantité.Puis quand
l’univers s’est refroidi et étendu, la
plupart se sont désintégrées sauf la plus légère qui est stable. Ces particules
peuvent exister alors en tant que résidu du Big Bang.
Si elles sont électriquement neutres, elles doivent interagir très faiblement
avec la matière ( comme les neutrinos), mais étant
massives elles peuvent contribuer à la matière noire de l’univers. Plus tard
nous verrons comment calculer la densité du résidu de telles particules.
Dans les théories supersymétriques,
le candidat le plus probable pour la matière noire est une superposition
quantique, appelé neutralino χ de fermions neutres supersymétriques.
où est le photino , le Zino, et et sont les superpartenaires des deux particules différentes scalaires
neutres de Higgs qui sont imposées par les
théories supersymétriques.
Les coefficients Ni sont normalisés de sorte que :
Quelquefois on définit le paramètre jaugino
et le paramètre higgsino
La masse et la composition du neutralino
le plus léger, dépend de plusieurs paramètres
actuellement inconnus de la théorie supersymétrique.
L’approche habituelle consiste à balayer une large gamme de valeurs des
paramètres, et à calculer les quantités pertinentes pour le jeu de paramètres
sélectionné. Dans les modèles
cosmologiques intéressants, en général, le neutralino
le plus léger est un higgsino, si la masse est élevée
( de quelques centaines de GeV
à quelques TeV), et un jaugino
or un mélange complet de jaugino et higgsino pour des modèles prédisant des masses plus faibles
( la masse la plus faible compatible avec les expérimentations avec les
accélérateurs serait de 20-30 GeV) . Aujourd’hui
c’est le neutralino qui tient la corde pour la
matière noire, et de nombreuses expériences tentent de le détecter. Nous y
reviendrons plus tard..
Dans les chapitres
précédents nous avons parlé de particules variées comme les protons, neutrons,
pions et leurs constituants, les quarks.
Les leptons: électrons, muons et t leptons avec
leurs neutrinos respectifs sont pour autant que nous le sachions élémentaires.
Tous ont joué un rôle important dans l'Univers primitif quand la température
était très haute, et beaucoup jouent un rôle important aujourd'hui dans divers
phénomènes astrophysiques.
Bien que les
quarks et les leptons sont intégrés dans le modèle standard au même plan, la
phénoménologie engendrée par les quarks est bien plus riche que celle des
leptons. Ceci est dû au fait que les quarks sont forcés de former des états
liés, sous l'emprise de l'interaction forte.
Comme les
quarks u,d et s sont bien plus légers que les trois
autres, les hadrons ( baryons et mésons) qu'ils forment sont les plus faciles à
étudier dans les accélérateurs, et ils ont été les premiers à être investigués
expérimentalement. Avant 1973, ils étaient les seuls quarks connus.
Comme l'interaction
forte (à la différence de l'électrofaible) est la même pour tous les quarks
indépendamment de leur saveur, ceci doit se retrouver dans les propriétés des
hadrons.
En fait le
neutron et le proton sont deux particules assez semblables. Elles ont le même
spin 1/2, un couplage à l'interaction forte très semblable et
une masse qui ne diffère que de moins de
1%. La différence principale est la charge électrique, qui peut
s'expliquer comme nous l'avons vu par la différence de charge des quarks.
En fait la
petite différence de masse pourrait aussi s'expliquer par la différence des
masses des quarks u et d et une possible contribution
électromagnétique liée à la différence des charges.
Alors, il
semble que les hadrons devraient refléter une symétrie vis à vis de l'échange
des quarks u et d qui devrait produire des hadrons très similaires (en
particulier la masse ne devrait pas beaucoup changer)
En mécanique
quantique, les symétries telles que celle (approximative) liée à l'échange des
saveurs de quarks, sont générées par ce que nous appellerons des opérateurs
unitaires.
Si nous nous
limitons aux quarks u et d seulement, il semble que nous pouvons remplacer le
doublet (u,d) par une combinaison linéaire
sans changer l'interaction forte. Ceci implique une symétrie
appelée "invariance d'isospin" pour l'interaction forte à basse
énergie. Cependant les autres quarks sont beaucoup plus massifs et en
conséquence leurs symétries de saveur ne sont pas aussi bien respectées.
Le calcul
des sections efficaces de collision et d'annihilation, et de désintégration des
particules est une des tâches importantes de la physique. Nous allons ici faire
une brève description de la méthode, et nous concentrer sur une estimation
"à la louche" qui peut être très utile en cosmologie et
astrophysique.
Pour la
microphysique locale dans le modèle FLRW, nous ne considérerons que trois
interactions ( électromagnétique, faible et forte).
L'interaction gravitationnelle est complètement négligeable entre les
particules élémentaires, par exemple la force gravitationnelle entre un proton
et un électron dans un atome d'hydrogène est environ 1040
fois plus faible que la force électromagnétique.
Par contre
la gravitation, du fait de son action à grande distance doit être prise en
compte pour son influence sur la métrique. Cela signifie que la dilution des
densités numériques liée à la dépendance temporelle du facteur d'échelle a(t) doit être considéré. Au prochain
chapitre nous verrons comment. Commençons par la force des interactions.
La force de
l'interaction électromagnétique est régie par la constante de couplage
électromagnétique gem qui est simplement la charge
électrique. Comme d'habitude nous prendrons la charge du proton e comme unité
et nous pouvons écrire :
où Q est la charge de la particule en unités de charge du
proton (pour un quark u, par
exemple, Qu = +2/3). Dans notre
système d'unités,
où est appelée la constante de structure qui a
une valeur d'environ 1/137 à basse énergie4 (Habituellement on la
note simplement sans l'indice.) La constante de couplage
faible est d'un ordre de grandeur semblable:
avec qui est l'angle d'interaction faible ( de
Weinberg) et qui a une valeur numérique donnée par . Le fait que
les constantes de couplage des interactions faibles et électromagnétiques
soient du même ordre de grandeur est bien sûr lié au fait qu'elles sont unifiées
dans le modèle standard par l'interaction électrofaible.
(4 Ces constantes de couplage, comme les autres dépendent de
l'échelle d'énergie, par exemple, à 100 Gev, = 1/128).
La constante
de couplage de l'interaction forte gs est passablement
plus élevée. Aussi, elle décroît plus vite en fonction du niveau d'énergie que
la constante électromagnétique. A des énergies de quelques Gev
on a:
(6.22)
Examinons un
diagramme de Feynman pour un processus simple tel que e+e- ->
µ+µ- (Fig. (6.6). L'amplitude sera
proportionnelle aux constantes de couplage aux deux sommets qui dans ce cas
sont toutes les deux égales à e. La section efficace étant proportionnelle au
carré de l'amplitude, est alors proportionnelle à e4
proportionnel à (/4p)²
Figure 6.6: Un
diagramme de Feynman représentant la
transmutation d'un électron et d'un positron en une paire de Muons ( via un photon virtuel).
Si nous considérons
l'énergie totale de la paire e+e- dans le
référentiel associé au centre d'impulsion, nous avons vus qu'on pouvait
l'exprimer E(e+) + E(e-) = . . Comme dans ce référentiel l'Impulsion totale est
nulle, la quadri impulsion p= (,
0, 0,0)
est identique à celle d'une particule massive de masse au repos.
La
conservation de l'énergie et de l'impulsion implique que le photon dans l'état
intermédiaire doit avoir cette impulsion. Comme un photon se propageant librement
est sans masse, cela veut dire que ce photon est virtuel dans une large mesure.
Dans la théorie quantique des champs, on montre que l'apparition d'un état
intermédiaire de masse virtuelle pour une particule de
masse réelle Mi provoque une réduction de l'amplitude ( de la
transition) par un facteur de (appelé facteur de propagation)
(6.23)
Dans ce
cas ( mi = 0) ce qui
implique un facteur de correction de 1/s.
Les particules
sortantes ( ici les muons ) offrent un grand nombre de
possibilités pour l'état final ( par exemple tous les angles de diffusion
possibles dans le référentiel du centre d'impulsion). Ceci doit être imputé via le facteur spatial de phase , qui généralement
croît avec s pour les hautes
énergies. Pour une section efficace
Si s est grand
comparé à ,
et
Ce n'est pas
une expression exacte. Un calcul rigoureux (voir § suivant et annexe D.2) donne
4pa²/3s, mais c'est étonnement précis et
souvent assez précis pour les estimations dont nous avons besoin dans la
cosmologie du big
bang.
Comme la
valeur de la constante de couplage faible est du même ordre que celle de l'électromagnétisme, la même formule
est valide, par exemple qui s'opère via l'échange d'un W ( voir fig 6.7). La seule
substitution à faire est pour le propagateur, alors:
quand ,
cela donne,
ce qui est une section efficace minuscule, pour par exemple des énergies de
l'ordre du Mev ( mais remarquons l'accroissement avec
l'énergie lié au facteur s ). C'est la
raison historique de la dénomination "interaction faible", qui n'est
pas appropriée comme nous le verrons aux hautes énergies (bien plus hautes que mw), ou deux types de section efficace
deviennent de taille semblables.
Figure 6.7 : Diagramme
de Feynman représentant l'annihilation / création d'un positron et d'un
neutrino électronique en un muon et un neutrino muonique.
Remarquons
qu'une fois qu'on a noté les facteurs des constantes de couplage et les
propagateurs, la taille de la section efficace peut souvent être estimée
simplement par analyse dimensionnelle. Une section efficace à la dimension
d'une surface, ce qui dans nos unités correspond à (masse)-2. Il est
très utile de vérifier que les expressions (6.25) et (6.26) ont bien les bonnes dimensions.
Un fermion a
un propagateur qui se comporte en 1/m au lieu de 1/m² aux basses
énergies. Ceci signifie que la section efficace de Thompson
à basse énergie peut être estimée à ( voir fig
6.8):
Fig 6.8 : Diagramme
de Feynman représentant un processus (Diffusion Thompson)
Pour les
applications cosmologiques et astrophysiques, les estimations suivantes simples
seront satisfaisantes. Cependant il y a des cas où il sera nécessaire de faire
appel à des formules plus précises ( ou quand il y
aura ambiguïté sur l'échelle de masse à considérer for ces estimations). Ici
nous allons proposer des estimations pertinentes dans le cadre d'applications
décrites dans cet ouvrage. Les calculs détaillés nécessitent de connaître
l'équation de Dirac et sont discutées dans l'annexe D. Nous résumons ici le
cadre général et les principaux résultats.
Dans
l'annexe D, nous montrons que la différentielle de la section efficace pour un processus de diffusion 2 -> 2, a+b
-> c+d, est donnée par
l'expression.
où ( cf § 2.4.3), et Ici est l'amplitude polarisée sommée de
transition de la mécanique quantique élevée au carré. Les limites d'intégration
pour la variable t sont données en (2.59).
Un calcul
typique (annexe D) implique le calcul de l'élément de matrice en termes de s et t et d'opérer
l'intégration sur t pour obtenir la section efficace
globale.
Dans
l'approximation d'échange d'un photon, la section efficace pour la transition:
vaut :
Où la seule
approximation a été de négliger me ( ceci est justifié du fait que 1.
Ici v est la
vitesse d'un des muons sortants dans le référentiel du centre d'impulsion,
Dans la limite relativiste où ceci devient :
comme indiqué précédemment.
Pour le processus , la section efficace vaut:
Avant que l'on
sache que les bosons existent, Fermi avait écrit une théorie phénoménologique
pour l'interaction faible avec une constante dimensionnée (
la constante de Fermi) GF. La
relation est :
En utilisant
la section efficace on peut simplement l'écrire:
Nous
observons que la section efficace s'accroît avec et donc linéairement avec l'énergie
du neutrino.
Quand s
commence à s'approcher de mw, le
propagateur W doit
être traité avec précaution. Cela peut être amélioré en l'écrivant dans la
forme de Breit Wigner.
.
où est la largeur totale de désintégration (
environ 2 Gev) du W. Nous voyons
donc qu'une amélioration significative de la section efficace est possible pour Ceci
est un exemple d'effet de résonance dans le canal s. Pour un électron cible au repos cette
résonance se produit se produit à 6,3 PeV (appelée résonance de Glashow). S'il existe des
sources astrophysiques qui produisent des antineutrinos électroniques de telles
énergies, alors les possibilités de les détecter s'en trouveraient grandement
améliorées. Juste au dessus de la résonance la section efficace va re-décroître
en 1/s, comme c'était le cas dans le processus
Nous pouvons
remarquer que ce dernier processus , reçoit aussi
une contribution d'un boson intermédiaire Z. A basse
énergie elle est complètement négligeable, mais du fait de l'amplification par
la résonance elle va dominer vers s = m²z. L'étude des
bosons Z au LEP du CERN utilisent cette propriété ( où
toutes les autres paires fermions / antifermions sont
produites sauf tt, qui n'est cinématiquement pas possible. Un calcul
complet doit additionner de façon
cohérente les deux contributions qui peuvent interférer de manière
intéressante, produisant par exemple une asymétrie avant/arrière entre les deux
muons sortants.
En permutant
de différentes façons, les particules incidentes et sortantes, l’interaction de
base (montrée sur la figure 6.8) peut
décrire et .
Pour le résultat est
où v est maintenant la vitesse d’un des électrons produits dans
le centre du moment d’inertie (impulsion) .
Près du seuil, pour v petit, l’expression entre crochets peut être développée en série et donner et donc
Pour l’autre
extrême, v à 1 on obtient :
On voit avec
satisfaction que nous aurions pu estimer la plupart de ces résultats, avec une
bonne approximation par des arguments dimensionnels et application des règles
de comptage des vertex. A basse énergie la seule échelle de masse disponible est me, donc on pouvait
s’attendre au facteur .
On pouvait s’attendre au facteur v avec
un peu plus de connaissance des amplitudes d’onde partielles. A basse énergie
l’amplitude l = 0 (onde S) doit dominer, et ceci contribue
à la section efficace proportionnellement à v. Une onde partielle l contribue à la section efficace
totale avec un terme proportionnel à v 2l +1. [Nous
voyons ( 6.29)
que dans le cas l’onde S domine à basse énergie, mais que
quand v 1, la contribution de l’onde P est 1/3]
A haute
énergie, quand me peut être négligé, la dimension est portée par s.
Seul le facteur de correction logarithmique dans ( 6.37)
ne pouvait pas être facilement deviné.
Il ressort
de ces formules que la section efficace de croît
depuis un seuil jusqu’à un maximum à des énergies intermédiaires et décroît
environ en 1/S à plus haute énergie ( voir fig 6.9).
Les
résultats de la réaction inverse sont
bien sûr très similaires. Maintenant le
processus est toujours au dessus du seuil. Pour v à 0 ( avec v qui est maintenant la vitesse d’une particule
incidente dans le centre d’impulsion, est toujours donné par la formule ,
le facteur de flux en dans ( D7) diverge. Comme les photons sortants
vont toujours à la vitesse v = c = 1, il n’y a pas de facteur de suppression
d’onde partielle, et on peut s’attendre à ce que la section efficace à basse
énergie se comporte comme :
et le comportement à haute énergie obéit à la même formule avec me²
remplacé par s ( et un éventuel facteur logarithmique). Ces suppositions
sont portées par le calcul effectif qui donne :
Notons la
similitude avec (6.35)
Finalement
intéressons nous à la diffusion Compton D’habitude on a un faisceau de photons
d’énergie « oméga » qui frappent des électrons au repos. Pour un
angle de diffusion « theta », par
rapport au faisceau incident, l’énergie du photon sortant « oméga’ »
est donnée par la conservation de l’énergie impulsion selon :
Dans ce
référentiel, la section efficace différentielle non polarisée, calculée en
premier par Klein et Nishina vaut
En intégrant
sur tous les angles possibles de diffusion, cela donne la section efficace
totale
où v est maintenant la vitesse incidente de l’électron par
rapport au centre d’impulsion Si
on développe ce résultat autour de v = 0, on retrouve le résultat de la
diffusion Thompson.
et pour s grand ( régime de Klein Nishima)
on a
Nous voyons
que pour des énergies bien supérieures à me, c’est à dire en régime Klein Nishina, la section efficace de diffusion Compton décroît
rapidement.
Cette
formule a beaucoup d’applications. Dans le cas classique de diffusion Compton,
l’énergie du photon sortant est toujours inférieure à celle du photon entrant.
Donc des photons énergétiques traversant un « gaz » d’électrons
froids vont être refroidis par la diffusion Compton. Dans d’autres cas ( par exemple, le RFC traversant un amas de galaxies avec
gaz chaud) , les électrons énergétiques peuvent transférer de l’énergie aux
photons et les « réchauffer », ce qu’on appelle parfois l’effet
Compton inverse ( bien que, si nous exprimons l’énergie en fonction de s
, ce soit la même formule qui s’applique
dans les deux cas).
Dans le cas
d’une application numérique concrète, pour la section efficace (qui a les
dimensions d’une surface), dans nos unités, un facteur de conversion utile est
La figure
6.9 résume ces résultats numériques. Les sections efficaces sont montrées (en
cm²) pour et en
fonction de l’énergie disponible au centre d’impulsion, en unités de masses
d’électron
où pour et et pour
la diffusion Compton Nous
voyons sur cette figure les différents comportements à basse énergie ( y
petit) déjà présentés, mais elle montre une décroissance similaire à haute
énergie.
Un autre
processus d’un grand intérêt en astrophysique st le rayonnement de freinage. Il
s’agit démission de photons par des particules chargées qui sont accélérées ou
décélérées. Si cette accélération est due à un mouvement circulaire dans un
champ magnétique, on parle de rayonnement synchrotron. Dans ces processus, à la
différence de la diffusion Compton, le nombre de photons peut changer. Ceci est
nécessaire si l’équilibre thermique doit être maintenu, car nous avons vu que
la densité numérique de photons dépend fortement de la température. La plupart
des photons produits, par ce rayonnement de freinage, ont des énergies faibles
(grande longueur d’onde).
Si des électrons
rapides passent par là, ces photons poussifs peuvent être revigorés par une
diffusion Compton inverse. Ceci peut explique les observations de photons très
énergétiques dans les noyaux de galaxies
actives ( voir chapitre 14).
Pour plus de
détails référez vous à un ouvrage traitant de l’électrodynamique quantique dans
la théorie quantique des champs.
Figure 6.9 :
Section efficace (en cm²) pour les processus d’annihilation de photons, et la diffusion Compton en fonction de
l’énergie (en masses d’électrons) disponible au centre d’impulsion
En fait les
calculs développés ci avant s'appliquent mal du fait que la constante de
couplage liée à l'interaction forte est élevé ( 0,2 à 10 Gev)
et que l'approximation au premier ordre qui était permise dans le cas précédent
( constante de couplage << 1 ) ne
donne plus de résultats corrects.