Fred HOYLE : Britannique, né en 1915 dans le Yorkshire décédé à Bournemouth le 20 août 2001 à lâge 86 ans.
ASTROPHYSICIEN : théoricien et observateur ; ECRIVAIN et Philosophe.
Durant la guerre de 1939 / 1945 : affecté aux recherches sur le radar ; avec Hermann BONDI et Thomas GOLD, il développa la théorie de létat quasi-stationnaire dans un univers en expansion.
Vers 1950 : il sattaqua à la théorie de lOeuf Originel qui, sous limpulsion de GAMOW, supposait encore que les éléments lourds sétaient formés " dans les minutes " suivant lExplosion Originelle.
Par dérision, estimant que " lExplosion Originelle est une théorie naïve et puérile, digne dun enfant de 8 ans " ; il créa le terme de BIG BANG.
Fondateur de lInstitut théorique dastrophysique de Cambridge, président de la Royal Society of Astronomy ; en 1972 il fut anobli par la reine dAngleterre.
En 1957, avec William FOWLER et les époux BURBIDGE, il démontra que les supernovae créent, puis éjectent tous les éléments lourds ; et il publia son roman de science fiction " LE NUAGE NOIR ". En 1983 , FOWLER obtint seul le prix Nobel pour cette découverte ; et, à partir de cette date, HOYLE fut mis à lécart. POURQUOI ?
Fred HOYLE ne fut pas seulement un homme de convictions.
Auteur de plusieurs romans de science fiction, il ne parvint pas (ou ne chercha pas) à les séparer de son oeuvre scientifique ; et certains de ses collègues, après avoir fait une découverte, se plaisaient à dire : " contrairement aux vues de Fred HOYLE " .Il défendit parfois des idées contestables, telles la possibilité dune origine extraterrestre de la Vie et de certains virus comme celui de la grippe. En particulier, il nhésitât pas à soutenir lhypothèse quune intelligence cosmique supérieure (différente de Dieu) avait ensemencé la Terre.
Aussi : en 1997 , et peut-être afin de sexcuser de ne pas lui avoir donné de Nobel, lacadémie suédoise lui attribua le prix Crafoord !
LA PHILOSOPHIE de Fred HOYLE
Nous ne devons pas nous demander pourquoi les lois de la physique sont ce quelles sont : il faut en rester au domaine de lobservation. Si nous cherchons à connaître les concordances , nous entrons dans le domaine de la métaphysique. La loi de la Gravitation est un fait que la science ne nous a pas encore permis de concevoir ; le zéro absolu est à -273° C ; et la vitesse limite est celle des ondes électromagnétiques ...
Cependant il ne faut pas se limiter aux causes immédiates : lensemble du cosmos est responsable du détail (principe dErnst MACH).
On ne doit pas admettre ce qui semble inconcevable (lUnivers entier ne peut donc pas être issu dun point singulier dénorme masse).
Origine de nos références
Fred HOYLE : " AUX FRONTIERES DE LASTRONOMIE "
Traduit de langlais par Maurice et Edith VINCENT Editions CORREA Buchet / Chastel
Imprimé à Nevers le 3 octobre 1956 ; donc, à la date où Hoyle présentait que les supernovae créent, puis éjectent tous les éléments lourds.
Les renvois sont liés à la pagination de cet ouvrage.
LE CONCEPT D'UNIVERS QUASI STATIONNAIRE
Le paradoxe dOlbers pose le problème de lobscurité du ciel nocturne. Avant les travaux de Oort, Lindblet puis Hubble, il impliquait soit :
- un univers homogène mais limité dans le temps ou lespace ;
- un univers très hétérogène avec une densité variable des étoiles.
Lobservation montre quil existe un décalage spectral général, saccroissant avec la distance des sources émettrices de lumière. Ce décalage spectral explique fort bien cette obscurité.
Suite aux connaissances actuelles, la meilleure hypothèse est celle dun mouvement global dexpansion de lUnivers. (p 326 à 336) LUnivers nétant pas apparu dans une singularité de très grande masse, on ne peut pas lui attribuer dâge : il est indéfini donc très grand.
Cependant, la vitesse limite " C " implique : ( p 334 / 335) un univers limité si la vitesse dexpansion reste linéaire dans lespace. Dans le cas contraire, tout est à repenser et, une vitesse dexpansion décroissante avec la distance impliquerait un très vaste univers. Avec une origine " explosive " de la matière (p 341 / 344) :
- lorigine dépend des conditions de départ et non des lois physiques ;
- aucune prédiction ne peut être faite ou vérifiée ; tout est arbitraire.
Lhypothèse dun univers aux origines " superdenses " ne permet donc pas de saffranchir des conditions arbitraires liées à ces origines (p 338). LUnivers reste unique : il y a négation de toute possibilité dapparition (ou de création) dun autre univers. Cest le cas des antiques genèses.
La matière apparaît régulièrement et en tous lieux ; cette apparition régulière permet le maintien dune masse volumique moyenne correspondant à la densité critique car, suite au principe de Mach, lUnivers shomogénéise en permanence. La matière est donc uniformément répartie dans lUnivers.
Cependant, lexistence de vastes structures, tels les amas de galaxies, suppose une homogénéité à très grande échelle. (p 373 / 374) Luniformité, même à grande échelle, implique un facteur de reproduction égal à 1. Dans le cas contraire cette homogénéité ne pourrait pas se maintenir car, seules les propriétés se propageant elles-mêmes peuvent exister.
Par ailleurs, avec lapparition continue de matière : des amas de galaxies se condensent en permanence et aucun ne se forme mystérieusement dans le passé ; lensemble a quelque chose de plus que ses composants.
LUNIVERS EST ETERNEL
Cette particularité permet :
1) dexpliquer le fait que toutes les galaxies ne soient pas du même âge, et que seulement une faible partie de lhydrogène de lUnivers soit présentement condensé en étoiles. (p 355)
2) de limiter lapparition de matière aux atomes dhydrogène, car tous les autres composants des étoiles ou des galaxies peuvent déjà préexister dans les lieux où elles se condensent peu à peu.
3) détudier en laboratoire, voire sur linfiniment petit, tous les éléments susceptibles dexpliquer lorigine puis lévolution de lUnivers ancien, actuel et futur.
Seule la gravitation fait encore exception (p 375) Quel que soit le concept, la gravitation pose un vrai problème car : jusquà maintenant, on suppose quelle est toujours attractive.
Cependant : on peut admettre que la gravitation dépend de la densité de matière.
Cela est dailleurs le cas avec la théorie de lExplosion Originelle où lexpansion cesse de se manifester au niveau des amas de galaxies, cest à dire aux environs dune masse volumique de 10 -27 g / cm 3 . (p 340)
Gamow supposait que " la pression des radiations " pouvait sopposer à la gravitation et expliquer lexpansion : les calculs linfirment ! (p 345) Linfluence du rayonnement des étoiles est denviron 1% du total requis.
Au contraire, il faut se demander ce que deviennent ces radiations qui, participant à lexpansion, rougissent et perdent peu à peu leur énergie.
Lexpansion (ou son contraire, la contraction gravitaire) dépend de la densité de matière : il existe une valeur critique. (p 339)
LES PROBLEMES DU MODELE QUASI STATIONNAIRE
Nous nous reportons au document, traduit par M. FRIC et disponible en http://www.chez.com/cosmosaf/FAQ/Etat-quasi-stationnaire.htm
Le modèle dunivers quasi stationnaire fut élaboré, en 1948, par Bondi, Gold et Hoyle ; en un temps où H était nettement surévaluée. Bondi et Gold adoptèrent, de plus, le principe dun univers homogène (identique en tous lieux) et isotrope (identique dans toutes les directions).
Suite à la Relativité Générale (RG) il est admis, quen labsence de constante cosmologique, lUnivers est en expansion ; doù, un rayon de courbure croissant et constant : ce rayon de courbure ne peut donc être quinfini. Comme dans le cas du Big Bang avec une densité critique,
les sections de cet univers sont plates.
1) Lhomogénéité avec expansion conduit à
lapparition continuelle et diffuse de matière, car lexpansion dilue la matière existante.
Lâge moyen de cette matière est t = 1 / (3 . H) ,
ce qui est faible. De nouvelles galaxies apparaissent en
permanence et, à grand redshift,
le déficit de
radiosources sera, par conséquent, plus grand quavec le modèle
proposé par le Big Bang. On
séloigne encore plus du résultat des observations
récentes ; or ici, aucun ajustement nest possible.
2) Si lexpansion est isotrope, H est vraiment une constante. Le rayon de lUnivers, qui ne peut être quinfini, saccroît en permanence ; or ici, ce rayon est une exponentielle de H en fonction du temps. Comment faire coexister cette obligation avec la notion de vitesse limite C ? Le Big Bang connaît les mêmes difficultés, mais lui, ayant une origine, nadmet un rayon infini quau bout dun temps infini ...
Cependant, les observations prouvent que H est croissant avec t !
Sauf avec " lénergie du vide ", ce fait reste inexplicable.
Si le rayonnement du fond cosmologique (RFC) nest pas un rayonnement fossile, témoignant dune époque où lUnivers était opaque et isotherme ; le RFC est relié à léquilibre thermique de lunivers actuel. Sauf à le lier à la matière sombre, il est gênant pour tous les autres modèles.
De plus, les observations à fort
redshift montrent que, dans (les ou des) nuages lointains, qui
produisent les raies dabsorption dans le spectre
démission des quasars, la température du RFC est
croissante avec le redshift de ces nuages. Si ces nuages
sont bien représentatifs dun lointain passé,
ce fait est incompatible avec le modèle de létat quasi
stationnaire : cette température devrait y rester voisine de 3°
K .
Les partisans du modèle
quasi stationnaire sen tirent en superposant, dans ce
diagramme de lespace-temps, une modulation sinusoïdale à la
croissance exponentielle du facteur déchelle ; mais, cette adjonction nest pas convainquante
car elle implique lobservation de sources faibles ayant
un décalage spectral vers le bleu, ce qui nest pas.
Dans leurs publications récentes, Burbidge, Hoyle et Narlikar, introduisent un champ de création produisant une densité dénergie négative. Cette énergie est du type rayonnement ; elle devient prépondérante pour les forts redshifts et provient de lénergie du vide. Cette adjonction conduit à la modélisation dun univers dont lévolution du facteur déchelle est plus ou moins cyclique. Exception faite dune période de rebond, où nous serions présentement, cet univers est généralement en décélération. Lobservation des supernovae lointaines montre plutôt une constante accélération de H . Pour respecter ce fait, il est enfin supposé que le RFC provient de " lextinction de la lumière les étoiles lointaines par des filaments de carbone et de fer ".
Si, pour les différents modèles, on trace alors le diagramme des distances modulées en fonction des redshifts ; on saperçoit que le diagramme du modèle quasi stationnaire, ainsi corrigé, reste très voisin des autres.
Chaque modèle peut donc être promu après adaptation.
COMMENTAIRES
Hoyle exprime toujours la constante de Hubble en durée : t = 1 / H
H = 2,998 . 10 5 . 3,262 . 10 6 km / s par méga parsec, t (années)
Avec la valeur retenue par Hoyle
pour la constante de Hubble, (soit 7 milliards dannées, ou
140 km / s par méga parsec) , cela correspond à
lapparition dun atome dhydrogène par seconde
et par cube de 160 km de côté. (p 352) Cette valeur de H étant
quasiment double de celle maintenant admise (71), il suffirait quil apparaisse, en
moyenne, un atome par seconde et par cube de
315 km de côté.
Les volumes requis sont en effet inversement proportionnels à H
3.
Dautre part, Hoyle ne dit jamais où cette matière apparaît ;cela pourrait se produire à loccasion de " Mini Bangs " (?)
A lépoque où le concept dUnivers quasi stationnaire fut élaboré, on ignorait lévolution lointaine de H et supposait seulement lexistence des neutrinos afin de satisfaire à lexigence de la conservation de lEnergie.
Laccélération de lexpansion, (traduisant le fait, quà grande distance, la vitesse observée est de plus en plus faible) ; peut, comme cela fut évoqué précédemment, impliquer la présence dun très vaste univers ; puisque les limites, imposées par C , peuvent être repoussées fort loin.
A la différence de Gamow, qui supposa que tous les éléments sétaient formés " dans les minutes " suivant lExplosion Originelle ; Hoyle défend le processus opposé : pour lui, seul lhydrogène est primordial ; lhélium interstellaire lui-même fut donc produit par des étoiles. (p 230)
Depuis la publication des principales oeuvres de Hoyle, la physique nucléaire a fait de gros progrès. En particulier, lors des transmutations, les quarks et les neutrinos sont fortement mis en avant. En conséquence, dans la transformation originelle des neutrons en protons et électrons, le décompte des quarks nest pas correct ; la rectification de lerreur conduit à une forte diminution du nombre des protons obtenus et :
le rapport hydrogène / hélium cesse dêtre valable.
Dautre part, lUnivers est-il vraiment en expansion, ou, sagit-il seulement dun phénomène apparent, comparable à celui dhorizon ?
CONCLUSION
Les différents modèles continuent dévoluer en fonction des connaissances théoriques et des observations effectuées.
Exception faite du modèle stationnaire, tous admettent une relation entre lexpansion et le décalage spectral des objets lointains. Cependant :
- les forces électromagnétiques sont encore très peu prises en compte ;
- laccélération de lexpansion permet un vieillissement de lunivers ;
- lexpansion pourrait ne pas être la seule cause des redshifts.
La RG, liée à la flèche du temps ; ou, la propagation dune onde électromagnétique " dans un milieu inadéquat " ; pourraient aussi bien rendre compte de nombreux redshifts.
Lexpansion restera-t-elle fondamentale pour la cosmologie ?
Guy Chollet
10 mai 2003