Cosmo-Info......n° 19
Le 8 Mai 2004
Gravity Probe B
Lancement
réussi, le 20 Avril 2004 (cf : http://einstein.stanford.edu/.)
En orbite polaire quasi idéale, à 640 km d’altitude, plan
contient la référence.
Objectif : Expérience visant à vérifier « directement » deux prédictions de la Relativité générale dans le champ de gravitation terrestre
(orbite polaire optimisée), les effets sont
«orthogonaux» (cf
figure ci dessous) ce qui permet de les séparer
-
Effet de précession
géodésique (Effet de Sitter, lié à la
courbure de l’espace par le champ terrestre): 6,6 seconde d’arc/an (précision de la mesure 0,01%). [ Remarque cet effet
a déjà été validé expérimentalement sur le système Terre –Lune, précision 1%]
-
Effet
Lense Thirring (entraînement
du référentiel, liée à la rotation de la Terre, effet gravito
magnétique): 0,042 seconde d’arc par an (précision de la mesure 1%): Un
défi technologique!!!!!
-
En ce
deuxième point, l’expérience permettra de valider les prévisions «gravito-magnétiques»de
la Relativité générale, liés au champ crée par les masses en mouvement
Schéma de principe ( ci dessus) et vues du
satellite en Vol ( ci dessous)
Principe de
l’expérience : Un système
de quatre gyroscopes « ultra
précis », (sens de rotation inversé par paire et le système tournant
lentement autour de son axe de visée pour s’affranchir de dissymétries
éventuelles), doivent fournir une référence inertielle
stable, en l’absence de perturbation. Un
télescope embarqué pointe très
précisément (0,0001 sec arc) sur une référence lointaine dont la position (et
dérive éventuelle) est connue (HR8703, IM Pegasus).
Le plan de l’orbite polaire passe par cette référence.Une dérive de ces gyroscopes, dont l’axe est initialement
// à celui de visée du télescope, par rapport à cette référence, liée aux deux
effets testés de la valeur indiquée, est prédite
par la Relativité générale
Défi
technologique : Mesurer une
dérive aussi faible que 0,042 seconde d’arc /an
du système inertiel ainsi constitué nécessite de réaliser un système 106
(un million de) fois plus stable que le
meilleur système inertiel en service.
Gravity Probe se propose de vérifier cet effet à 1% : nécessite une stabilité de 10-11 degré d’arc / Heure.
Réalisation
de la prouesse technologique :
L’environnement : Les équipements expérimentaux du satellite
sont à l’intérieur d’un Vase Dewar contenant 2328L
d’hélium superfluide, pour maintenir les équipements à 1,8 °K pendant 2 ans.
Un blindage magnétique pour
s’affranchir du champ terrestre et solaire à plusieurs niveaux en particulier
par des métaux en état de supra conductivité
permettent de réduire le champ résiduel à l’intérieur à moins de 10-17 Gauss.
Le vide fait dans
l’équipement est de 10-14 bar
Un boule libre identique à
celle des gyroscopes, dans une cavité, à l’abri des perturbations extérieures (
vent solaire, atmosphère résiduelle, magnétisme…) au centre de gravité, fournit
la référence inertielle du centre de gravité du système sur la trajectoire
géodésique
(Accélération résiduelle à 10-10G ).
Au froid,
dans un vide poussé, en micro gravité, dans des conditions de symétrie maximum,
protégés des perturbations électriques et magnétiques, les gyroscopes tournent
dans un environnement qui les isole pratiquement complètement de leur milieu
Vue générale de l’enveloppe de
l’expérience
Les gyroscopes : Petites boules de
quartz fondues de la taille d’une balle de ping
pong, revêtues d’une couche de nobium ( supra
conducteur à cette température) , ils sont les objets les plus ronds et les plus homogènes que l’on trouve dans
l’univers ( à l’exception peut être des étoiles à neutrons). Ils sont en lévitation électrostatique dans une coquille
munie d’électrodes (faible tension)
La vitesse de rotation 10 000 tr/mn est
communiquée (en vol par un jet sonique d’hélium
gazeux (ensuite pompé ). Compte tenu du
vide cette vitesse ne varierait pas de plus de 1% en
1000 ans.
Vue du Gyroscope ( en quartz non métallisé) et de sa coquille en quartz
Le système de
lecture ( le
moins perturbant possible) de la position de l’axe du gyroscope se fait par SQUID. ( Superconductivity
Quantum Interference Device)
Principe de la lecture d’une
variation de position de l’axe de rotation
Le Télescope : Réaliser un pointage à 0,1 milliarcseconde, 1000 fois mieux que le pouvoir séparateur des
meilleurs télescopes n’est pas une mince affaire.
Comme le reste il fait d’un
bloc de quartz fondu, son ouverture est de 15 cm
environ, sa focale de 3,75 m (s’agissant
d’un Cassegrain sa longueur est de 35 cm)
Pour la mesure, il utilise
une technique différentielle (séparation du faisceau en 2, et séparation de
chaque image par un prisme en deux demi disques, chaque paire de demi images
transmise à des photo-détecteurs qui génèrent un
signal proportionnel au déplacement). Il utilise « l’aberration
astronomique » pour calibrer ses mesures.
La source IM Pegasus a été
choisie pour sa luminosité et la connaissance très précise ( 0,0002 sec-arc/an)
qu’on a de sa position et dérive par rapport à un référentiel
extragalactique (Campagne de mesures par interférométrie avec le VLBI).
Précautions
particulières : L’orbite étant « polaire » le satellite
est particulièrement exposé aux agressions des rayonnements (hors de la
protection du bouclier magnétique terrestre). Il a déjà subi et supporté avec
succès ce genre d’épreuve au cours de sa courte période de pré-activité.