Géométrie de la Relativité Générale : l’approche contemporaine ref 13

 

<!DOCTYPE HTML PUBLIC "-//W3C//DTD HTML 4.0 Transitional//EN"><!-- saved from url=(0056)http://cdfinfo.in2p3.fr/Culture/Cosmologie/cosmorg3.html -->Variétés

 

Si l’espace-temps forme une variété, on dispose d’un "atlas de cartes" (les coordonnées x ou x) et des "fonctions de transition" x=f(x) d’une carte à l’autre. L’espace tangent T en un point de la variété définit alors les vecteurs (base /xm) ou tenseurs de type (0,1) qui se transforment comme /xm  = xm/xm /xm  . Le dual T* de l’espace tangent définit les formes monolinéaires (base dxm) ou tenseurs de type (1,0). Les tenseurs de type (p,q) sont définis sur le produit tensoriel (T)pÄ(T*)q , dont (dxm)pÄ(/xm)q forment une base (  ƒ dénote le produit tensoriel).

 

Les tenseurs définis en un point de la variété n’ont a priori aucun rapport avec ceux définis en un autre point. En particulier la dérivée d’un tenseur n’est pas un tenseur (elle n’a pas les bonnes lois de transformation sous changement de coordonnées).

 

On définit alors la dérivée covariante Dm d’un vecteur Vn par :

Dm Vn = m Vn + Gmnr Vr  ,  en introduisant des connexions  Gmnr  avec des propriétés de transformation ad hoc pour que Dm Vn  soit un tenseur.

 

Du coup, ces connexions ne sont pas elles-mêmes des tenseurs. Avec ces connexions, on peut comparer des tenseurs pris à des points différents, c’est à dire transporter un tenseur le long d’un chemin. Le transport est parallèle si la dérivée covariante est nulle.

Géodésique

Une géodésique est une courbe transportée parallèlement à elle-même, et elle est donc la courbe la plus "droite" possible sur une variété. Si une notion de longueur existe (donc une métrique, mais ce n'est pas une propriété obligatoire pour une variété en général) la géodésique sera aussi la courbe la plus courte ( ou la plus longue , en fait un extrémum).

 

Si on transporte parallèlement un tenseur d'un point à un autre par deux chemins différents, on n'obtient pas en général le même tenseur à l'arrivée. Sur une courbe fermée, un tenseur peut ainsi ne pas revenir identique à lui-même après transport parallèle.

 

On dit alors que la variété possède une courbure, définie mathématiquement par le commutateur des deux dérivées covariantes :

 

(Dr Ds - Ds Dr ) Vm = Rmnrs Vn

 

où = Rmnrs   est le tenseur de courbure de Riemann.

 

S’il est nul en tout point, la variété est plate et il existe un système de coordonnées (les coordonnées cartésiennes!) où les connexions sont nulles en tout point.

Si la connexion Gmnr  n’est pas symétrique , on dit que la variété possède aussi une torsion. Cartan avait étudié une généralisation de la relativité avec torsion pour géométriser l'électrodynamique avec la gravité.

 

Les équations du mouvement étant symétriques, la torsion ne les modifie pas.


Métrique

 

L’existence d’une métrique sur une variété définit la notion de distance. La métrique g est un tenseur (2,0) de composantes gmn . Un changement de coordonnées change les composantes de la métrique, mais non sa signature (le nombre de valeurs propres positives, négatives, ou nulles). Si toutes les valeurs propres sont positives, on dit que la variété est riemannienne, si certaines sont négatives, la variété est pseudo -riemannienne ou Lorentzienne comme l’espace-temps. Une métrique permet de relier vecteurs Vm et formes monolinéaires car les {gmnVm} sont les composantes d’une forme monolinéaire (notée Vn bien entendu) qui définit le produit scalaire de 2 vecteurs g(V,V’) = gmn Vm Vn = Vn V’n.

 

La courbe la plus « courte » possible allant d’un point à un autre est solution de l’équation "des géodésiques" :

 

d²xm/ds²+ Gnmr .(dxn/ds)(dxr/ds) =0

 

On définit les symboles de Christoffel:  Gnmr = 1/2(glm )(  grl/xn  +  gnl/xr  - gnr/xl )

et on retrouve l’équation de mouvement d’une particule dans un champ de gravitation si on choisit pour connexion les symboles de Christoffel (qui ont les propriétés de transformations requises). La courbe la plus courte est alors aussi la plus droite.

La dérivée covariante de la métrique est automatiquement nulle et le produit scalaire invariant par transport parallèle.


Courbure

 

Les composantes de la métrique dépendent du système de coordonnées, mais il existe des fonctions de g qui n’en dépendent pas et sont intrinsèques à la variété. A 1 dimension, il n’y en a pas : toutes les variétés sont plates. A 2 dimensions, Gauss a démontré qu’il n’existe qu’une fonction, la courbure gaussienne K qui permet de classer les variétés : quand la courbure est constante, cela se limite à l’espace de Gauss-Bolyai-Lobatchevski (K = - 1/a2) qui n’est pas un sous-espace de l’espace euclidien, au plan (K = 0) et aux sphères (K = 1/a2).

On ne peut construire aucun tenseur nouveau à partir de g et de ses dérivées premières (puisque celles-ci s’annulent dans un repère inertiel). Il n’existe qu’un seul tenseur construit à partir de g et de ses dérivées premières et secondes qui soit linéaire dans ces dernières (ce qui est nécessaire pour la physique), le

tenseur de Riemann :                  Rnmrs = sGmnr - rGmns  + Glnr.Gmsl  - Glns.Gmrl

L’annulation du tenseur de courbure en tout point est la condition nécessaire et suffisante pour que l’espace soit plat . Ce tenseur mesure d’ailleurs la déviation des géodésiques. S’annulant en espace plat, on peut l’ajouter multipliant n’importe quel tenseur, dans une expression correcte en l’absence de gravitation, par exemple le mouvement d’une particule libre. C’est une source d'ambiguïté (quelle est la "bonne" généralisation gravitationnelle?) dont on se débarrasse en notant que le tenseur de courbure possède une dérivée de plus que la connexion G, et que les termes où il figure sont a priori d’ordre devant ceux où figure G.

Par contraction, le tenseur de Riemann donne le tenseur de Ricci Rns=  Rmnms  = lGnls   - Gnlr .Gsrl 

 puis le scalaire de courbure R = gns Rns. Le tenseur de Riemann possède de nombreuses symétries. En utilisant la forme complètement covariante Rmnrs  = gmlRlnrs   on a :

Rmnrs = Rrsmn,  Rmnrs = - Rnmrs  = - Rmnsr  = Rnmsr  et Rmnrs + Rmsnr + Rmrsn  = 0

 

Les 2 premières impliquent que le tenseur de Ricci est symétrique, et qu’il est l’unique tenseur de rang 2 que l’on peut construire à partir du tenseur de Riemann, les 2 dernières que le scalaire de courbure R est unique. En raison de ces symétries, le tenseur de Riemann n’a que n2(n2-1)/12 composantes indépendantes en n dimensions. A 2 dimensions, la seule composante indépendante s’exprime donc nécessairement en fonction du scalaire R. De fait, Rmnrs = R [gμρgνσ-gμσgνρ]/2 . En 3 dimensions, il y a 6 composantes indépendantes que l’on peut exprimer en fonction des 6 composantes indépendantes du tenseur de Ricci. En 4 dimensions, il y a 20 composantes indépendantes, les 10 composantes du tenseur de Ricci ne suffisent plus à absorber l’information, et le reliquat définit le tenseur de Weyl (symboliquement, Riemann = R*g*g + Ricci*g + Weyl).Ce n’est pas tout

Le tenseur de Riemann étant le commutateur de 2 dérivées covariantes, sa dérivée covariante Di est nulle. Plus exactement on obtient l’identité de Bianchi  :

Dδ Rmnrs + Dσ Rmnδr  + DρRmnsδ   = 0

Celle-ci joue un rôle essentiel dans la théorie de la relativité générale. Par contraction, elle devient :

 

Dμ [ Rμν - gμν .R/2 ] = 0

 

ce qui suggère directement la forme des équations d'Einstein de la gravitation :

 Rμν-gμν.R/2= - 8p.G.Tμν , en présence de matière,car DμTμν = 0 (conservation de l'énergie-impulsion). Plus profondément, l'identité de Bianchi est reliée à l'invariance des équations par changement de coordonnées.


Espaces symétriques

 

On s’intéresse souvent à des espaces-temps possédant certaines symétries (sphériques pour Schwarzschild, espace homogène et isotrope pour Friedmann…). Dans un changement de coordonnées x ® x’, la métrique se transforme suivant gμν(x) = (x'r/xm )(x's/xn ).g’ρσ(x’) .

                       

Si sa forme fonctionnelle ne change pas, c’est à dire que g’ρσ(x’) = gρσ(x) pour tout x, on dit qu’on a une isométrie. Pour une transformation infinitésimale x’ = x + ex, cela se traduit par Dmxn + Dnxm = 0 (équation de Killing).

 

Inversement, il existe des isométries s’il existe des solutions de l’équation de Killing (les vecteurs de Killing xm). On montre que sur une variété de dimension n il existe n(n+1)/2 isométries au maximum.

 

Si la variété est isotrope en un point, on peut permuter tous les vecteurs de base de l’espace tangent en ce point : en dimension n, il y a n(n-1)/2 permutations (qui sont des isométries). Le tenseur de Riemann prend alors une forme particulièrement simple : Rmnrs = K(gμρgνσ-gμσgνρ  ) .

 

La courbure gaussienne K peut varier d’un point à un autre, tout comme gmn. Si K º 0 (espace plat), les isométries sont des rotations (espace euclidien) ou des transformations de Lorentz (espace de Minkowski).

 

 

Si la variété est homogène, il existe des isométries transportant la métrique d’un point à un autre : en dimension n, il y a n vecteurs de Killing correspondants. Si l’espace est plat, ces isométries sont de simples translations. Si la variété est homogène et isotrope, on totalise n(n+1)/2 isométries, la symétrie est maximale et K est constant sur la variété. Dans ce cas, le tenseur de Ricci s’écrit Rmn = K(n-1)gmn et le scalaire             R = Kn(n-1). La valeur de n et de K (et la signature de la métrique) déterminent entièrement la métrique.

 

Mais, en général, on ne souhaite pas que l’espace-temps soit maximalement symétrique, mais seulement qu’un sous-espace le soit. Séparons les coordonnées xm en {ui,va}, où les indices i = 1…m décrivent ce sous-espace, et les indices a = m+1…n les dimensions complémentaires.

 

On démontre alors que la métrique peut s’écrire sous la forme ds² = gab(v) dvadvb + f(v) gij(u) duiduj, où la métrique gij a la forme déterminée par la symétrie du sous-espace, qui dans tous les cas physiques est un espace (par opposition à un espace-temps).

 

Par exemple, pour un espace-temps à 4 dimensions possédant un sous-espace à 2 dimensions de symétrie sphérique, il y a 2 coordonnées v (appelées en général t et r) et 2 coordonnées u (qui sont sinq.cosj et sinqsinj).

 

Pour une courbure K positive, la métrique du sous-espace est : dij +( Kuiuj./1- Kuiuj.)

 

La forme générale du ds² est alors :

 

ds² = gtt(t,r). dt² + 2 gtr(t,r). dt.dr + grr(t,r). dr² - f(t,r) ( dq² + sin²q .dj² )

 

gab(t,r) est une matrice 2 x 2 avec une valeur propre positive et une négative, et f(t,r) une fonction quelconque positive.

Par changement de variable, on peut la ramener à la forme :

ds² = A(t,r) dt² - B(t,r) dr² - r² ( dq² + sin²q .dj² )

 

Cette forme du ds² permet de calculer la métrique statique de Schwarzschild autour d’une masse ponctuelle. Elle sert aussi à calculer la métrique autour d’une distribution de masse variable mais sphérique.

En dehors de cette distribution, on retrouve d’ailleurs la métrique statique de Schwarzschild (théorème de Birkhoff, analogue au théorème de Newton qui permet de calculer le champ d’une distribution sphérique comme si toute la masse était concentrée au centre).

 

Si le sous-espace de symétrie maximale est l’espace à 3 dimensions lui-même, il n’y a qu’une coordonnée v et 3 coordonnées u (vecteur u), et le ds² prend la forme :

ds² = g(v) dv² - f(v)[ du² + K (u.du)²/1-Ku²)]

où f et g sont des fonctions positives de v. La forme classique de Robertson et Walker est obtenue par un astucieux changement de variables t = òdv/Ög(v) , u1 = r sinq cosj, u2 = r sinq sinj et u3 = r cosq :

ds² = dt² - a²(t) [( dr²/1-kr²) +r² ( dq² + sin²q.dj²)]

 

La fonction arbitraire a(t)Öf(v)  s’appelle le paramètre d’échelle , et le paramètre k ne prend que les valeurs 1, 0 ou -1. La courbure spatiale K3 = k/a2(t) s’annule pour k = 0, mais pas la courbure spatio-temporelle K4 = (k+2)/2a2 .

L’intérêt de ces divers métriques est qu’elles ne reposent que sur des hypothèses d’homogénéité et d’isotropie de l’espace, et sont totalement indépendantes des équations d’Einstein de la gravitation. Elles restent donc valables dans d’autres théories métriques de la gravitation que la relativité générale.


Variété : C’est un des concepts fondamentaux de la physique et des mathématiques.

La notion de Variété procède de l’idée que l’espace peut être courbe et avoir une topologie complexe, mais que localement , il peut être assimilé à l’espace Euclien, caractérisé par ses n-tuples Rn

 

Vecteurs de Killing :

Champ de vecteurs sur la variété qui caractérisent les isométries de la variété.Pour la métrique, ils caractérisent son invariance par transformation par ce champ de vecteurs.

Ils impliquent la conservation de quantités comme l’impulsion sur les géodésiques de particules en mouvement « libre ».. Le vecteur tangent à la géodésique est un vecteur de Killing.

Un espace de symétrie maximum est celui qui contient le maximum de vecteurs de Killing =< n(n+1)/2