Cosmo-Info….n°24
Cassiopée A
26 septembre 2004
Une équipe américaine a publié de nouvelles images,
prises en X par l'observatoire spatial Chandra de la
NASA, des restes de la supernova Cassiopée A (voir : Chandra Press Release du 23 août
2004).
Elles ont été élaborées à partir de
l'équivalent de plus de 11,5 jours entiers de pose (un million de secondes !!).
Elle sont les plus détaillées jamais obtenues dans ces longueurs d'ondes, ce
qui permet une analyse très fine du phénomène.
Sur l'image en fausses couleurs, l'anneau
extérieur vert, d'environ 20 années-lumière de diamètre, marque les limites de
l'expansion de la matière dans le milieu interstellaire. Sa forme asymétrique
montre que l'explosion pourrait avoir généré deux jets bipolaires de matière,
qui s'avèrent être riches en silicium et pauvres en fer.
Au centre, l'étoile à neutrons résiduelle ne
se manifeste que par un faible point brillant.
Tout ceci montre bien que l'effondrement en
fin de vie d'une étoile massive est sans doute un phénomène plus complexe que
prévu. En particulier, la présence de jets pourrait être plus répandue que ce
qui avait été envisagé par les astronomes.
Cosmo-Info….n°23
Nouvelles exoplanètes
26 septembre 2004
Mu-Arae (HD160691) est une étoile assez proche, située à 50
années-lumière de nous. Elle ressemble beaucoup à notre soleil et est tout
juste visible à l'œil nu. Une planète massive de type Jupiter a déjà été
détectée autour de cette étoile.
Un nouvel instrument, le spectrographe HARPS
(High Accuracy Radial velocity Planet Searcher), monté au foyer du télescope de 3,60 m de l'ESO à
La Silla au Chili, a été mis en service en octobre 2003. C'est un outil
optimisé pour permettre les détections planétaires. La méthode utilisée
consiste à mesurer les variations périodiques des vitesses radiales des étoiles
autour des centres de masses de leurs systèmes, lorsqu'elles sont accompagnées
de planètes, avec une précision qui atteint le m/s maintenant. Le programme est
animé par M. Mayor de l'observatoire de Genève.
L'observation par une équipe européenne de mu-Arae avec HARPS a permis récemment de mettre en évidence
l'existence d'une seconde planète et peut-être même d'une troisième. Ce
résultat sera publié prochainement dans la revue Astronomy
and Astrophysics. (voir : ESO Press Release 22/04 du
25 août 2004)
La masse de ce nouvel objet serait de
l'ordre de 14 masses
terrestres, légèrement inférieure à celle d'Uranus, sa
période de révolution de 9,5 jours seulement autour de l'étoile,
à une distance de l'ordre de 10% de la distance de la Terre au Soleil.
C'est la planète la moins massive
détectée à ce jour autour d'une étoile de type solaire.
Il parait vraisemblable aux chercheurs qu'il
s'agit d'un astre essentiellement rocheux entouré d'une quantité limitée de gaz
dont la masse ne dépasserait pas 10% de la masse totale, c'est-à-dire d'un
objet intermédiaire entre une planète tellurique et une géante gazeuse.
Après les européens, les célèbres
découvreurs américains P. Buttler et G. Marcy (Carnegie Institut of Washington et University of Californie Berkeley) ne pouvaient pas rester
inactifs. Ils annoncent à leur tour des nouveautés : des planètes de 10 à
20 fois la masse de la Terre, c'est-à-dire comparables à Neptune. (voir : Planet Quest
de la NASA, du 31 août 2004).
L'une d'entre elle tourne autour de Gliese 436, une étoile naine, l'autre est la quatrième
planète de l'étoile 55Cancri dans la constellation du Cancer.
Les instruments modernes permettent donc
maintenant de détecter des exoplanètes de quelques
masses terrestres autour d'étoiles proches. Pour "voir" des objets de
taille inférieure, il faudra attendre les instruments futurs, comme COROT à
partir de 2006 et plus tard Kepler.
Mais il n'est pas indispensable de disposer
de moyens énormes pour faire des découvertes.
Le Trans-Atlantic Exoplanet Survey (TrES) est
assuré par une équipe américaine et un réseau de quelques petits télescopes bon
marché, des Schmidt de 4 pouces (10 cm environ) d'ouverture couplés à des
caméras CCD.
Ils surveillent en permanence quelques
milliers d'étoiles, dans l'espoir de détecter d'infimes variations périodiques
de luminosité engendrées par le passage de planètes devant les étoiles.
Ils viennent ainsi de mettre en évidence un
nouveau "Jupiter chaud" baptisé au moins provisoirement TrES-1, une
planète dont la masse est de 0,7 fois celle de Jupiter, tournant en 3 jours sur
une orbite très proche de l'étoile, à 0,04 unités astronomiques, et donc très
chaude (voir : astro-ph/0408421) Il s'agit d'une
planète gazeuse car sa densité est intermédiaire entre celle de Saturne et
celle de Jupiter.
Compte tenu du matériel nécessaire, il y a
de l'espoir pour pas mal d'astronomes amateurs !!
L'observation, qui sera publiée dans Astrophysical Journal Letters, a
été confirmée par des observations complémentaires et des spectres à haute
résolution obtenus avec le Keck I de 10 m à Hawaï.
Cosmo-info….n° 22
1er juillet 2004
Un ancien sursaut
gamma
W49B est une nébuleuse en forme de tonneau
située dans la Voie Lactée, à 35 000 années-lumière environ de nous.
De nouvelles observations effectuées en X
avec l'observatoire Chandra de la NASA et en
infrarouge au Mont Palomar, ont été présentées récemment par J. Keohane (JPL) à une conférence de presse à Denver de l'American Astronomical Society.
L'image en X de Chandra
fait apparaître deux jets axiaux de matière issus du centre de l'objet, portés
à plusieurs millions de degrés et riches en fer et en nickel ionisés.
Plus loin, on peut distinguer en infrarouge
des anneaux brillants de gaz chaud issus de l'étoile quelques centaines de
milliers d'années auparavant et repoussés par le vent stellaire.
En fin de vie, l'étoile massive forme un
trou noir massif, et une partie de la matière est éjectée à très grande vitesse
à cette occasion. Ces jets relativistes dotés d'une énergie fantastique créent
alors une intense émission gamma (un "sursaut gamma") lorsqu'ils
rencontrent les gaz préalablement éjectés.
Image composite de l'intense émission X
des jets (en bleu) et des anneaux éjectés au préalable vus en IR (en rouge et
vert) ©NASA/CXC/SSC/J. Keohane et al.
Ce scénario est maintenant assez probable
pour W49B, qui a également le mérite d'être relativement proche, ce qui permet
l'étude détaillée d'un phénomène que l'on commence tout juste à comprendre.
Cosmo-Info….n°21
1er juillet 2004
Naissance d'une
étoile géante.
Messier 17, la nébuleuse Oméga, est une
région d'intense formation d'étoiles, à 7000 années-lumière de nous.
Extrêmement jeune, M17 contient beaucoup de jeunes étoiles de forte masse qui
ionisent fortement l'hydrogène du milieu interstellaire proche.
Une équipe allemande dirigée par R. Chini (Université de Bochum - Allemagne) a investigué ces
régions avec les meilleurs outils d'observation actuels de l'ESO, en visible et
infrarouge, y compris avec l'optique adaptative NAOS-CONICA du VLT (voir Eso Press Release 12/04 du 12 mai 2004).
Les clichés à haute résolution en IR
permettent de distinguer un énorme disque de matière, dont le diamètre est de
l'ordre de 20 000 UA*.
Ce disque a
été étudié avec l'interféromètre de l'IRAM (au
plateau de Bure près de Grenoble), et il s'avère qu'il est en lente rotation.
Ces observations permettent également d'estimer la masse du disque à au moins
110 masses solaires.
C'est le disque d'accrétion le plus grand et
le plus massif jamais observé, avec une étoile géante en cours de formation en
son centre.
On distingue également, en visible et en
infrarouge, une structure en forme de sablier perpendiculaire au plan du
disque. Les études spectroscopiques ont montré que cette structure est
constituée par un flux énergétique bipolaire de matière éjecté à grande
vitesse, en provenance de la région centrale.
L'objet central est largement caché par la
matière environnante en cours d'accrétion. L'observation infrarouge permet
néanmoins de voir que la zone centrale d'émission est très compacte, trop
réduite pour abriter un amas stellaire. S'il s'agit bien d'un astre unique, sa
luminosité est celle d'une étoile de la séquence principale de l'ordre de 20
masses solaires. Comme le phénomène d'accrétion est en cours, c'est une étoile
de 30 à 40 masses solaires qui serait en cours de formation, par le même
processus que pour les étoiles de masse plus modeste et plus habituelle.
*UA = unité astronomique = distance moyenne
entre la Terre et le Soleil = 150 millions de km
environ
Cosmo-Info….n° 20
1er juillet 2004
Formation de systèmes
planétaires
Le télescope infrarouge de la NASA, Spitzer, lancé en 2003, permet de voir profondément
l'intérieur des régions riches en gaz et en poussières, là où se forment les
étoiles. Il permet ainsi d'observer des objets très jeunes, la formation des
étoiles et leur croissance par accrétion de matière, ainsi que les disques qui
peuvent exister autour de ces proto-étoiles dans
lesquels peuvent apparaître des planètes.
Une équipe dirigée par E. Churchwell (Université du Wisconsin-Madison)
a ainsi étudié RCW49, une nébuleuse de la constellation du Centaure située dans
la Voie Lactée à 13700 années-lumière de la Terre. Il a pu mettre en évidence
plus de 300 étoiles récentes entourées de disques de gaz et de poussières, tout
à fait capables de former des systèmes planétaires.
Cette "pouponnière" d'étoiles
s'est avérée être plus prolifique que prévu et, au cours du processus de
formation des étoiles, la formation de protoplanètes semble y être un phénomène
assez probable.
Beaucoup plus près de nous, à 420
années-lumière dans la constellation du Taureau, D. Watson et W. Forrest de
l'Université de Rochester on étudié les spectres de cinq jeunes étoiles. Ils
ont ainsi pu montrer l'existence de glaces d'eau, de méthanol et de CO2 dans
les disques de matière autour de ces astres.
Ceci rappelle
fortement ce que l'on trouve dans les comètes du système solaire. La formation
de ces planétoïdes glacés pourrait donc elle aussi être assez commune.
Rappelons que l'on envisage déjà la présence de comètes dans le disque de Béta Pictoris.
Enfin, le télescope Spitzer
a également permis l'étude d'une très jeune étoile – CoKu
Tau 4 dont le disque de poussière qui l'entoure laisse apparaître une zone vide
de matière. Tout se passe comme si une planète géante avait "balayé"
sur son passage la matière du disque à cet endroit.
Mais comme l'étoile est très jeune (son âge
ne serait que d'un million d'années environ) l'âge de la planète devrait être
du même ordre, voire même inférieur. On a donc peut-être repéré la plus jeune
planète connue.
Mais ce très jeune âge pose problème : les
modèles classiques de formation des planètes par agrégation de matière dans un
disque ne permettent pas d'expliquer la formation d'une planète importante en
si peu de temps.
Cosmo-Info......n° 19
Le 8 Mai 2004
Gravity Probe B
Lancement
réussi, le 20 Avril 2004 (cf : http://einstein.stanford.edu/.)
En orbite polaire quasi idéale, à 640 km d’altitude,
plan contient la référence.
Objectif : Expérience visant à vérifier « directement » deux prédictions de la Relativité générale dans le champ de gravitation terrestre
(orbite polaire optimisée), les effets sont «orthogonaux» (cf figure ci dessous) ce
qui permet de les séparer
-
Effet de précession
géodésique (Effet de Sitter, lié à la
courbure de l’espace par le champ terrestre): 6,6 seconde d’arc/an (précision de la mesure 0,01%). [ Remarque cet effet a déjà été validé
expérimentalement sur le système Terre –Lune, précision 1%]
-
Effet
Lense Thirring (entraînement
du référentiel, liée à la rotation de la Terre, effet gravito
magnétique): 0,042 seconde d’arc par an (précision de la mesure 1%): Un
défi technologique!!!!!
-
En ce
deuxième point, l’expérience permettra de valider les prévisions «gravito-magnétiques»de
la Relativité générale, liés au champ crée par les masses en mouvement
Schéma de principe ( ci dessus) et vues du satellite en Vol ( ci
dessous)
Principe de
l’expérience : Un
système de quatre gyroscopes «
ultra précis », (sens de rotation inversé par paire et le système tournant
lentement autour de son axe de visée pour s’affranchir de dissymétries
éventuelles), doivent fournir une référence inertielle stable, en
l’absence de perturbation. Un télescope embarqué pointe très précisément (0,0001 sec arc) sur une
référence lointaine dont la position (et dérive éventuelle) est
connue (HR8703, IM Pegasus). Le plan de
l’orbite polaire passe par cette référence.Une dérive de ces gyroscopes, dont l’axe est initialement //
à celui de visée du télescope, par rapport à cette référence, liée aux deux
effets testés de la valeur indiquée, est prédite
par la Relativité générale
Défi
technologique : Mesurer une
dérive aussi faible que 0,042 seconde d’arc
/an du système inertiel ainsi constitué nécessite de réaliser un
système 106 (un million de)
fois plus stable que le meilleur système inertiel en service.
Gravity Probe se propose de vérifier cet effet à 1% : nécessite une stabilité de 10-11 degré d’arc /
Heure.
Réalisation
de la prouesse technologique :
L’environnement : Les équipements expérimentaux du satellite
sont à l’intérieur d’un Vase Dewar contenant 2328L d’hélium superfluide, pour maintenir
les équipements à 1,8 °K pendant 2 ans.
Un blindage magnétique pour
s’affranchir du champ terrestre et solaire à plusieurs niveaux en
particulier par des métaux en état de supra
conductivité permettent de réduire le champ résiduel à
l’intérieur à moins de 10-17 Gauss.
Le vide fait dans
l’équipement est de 10-14 bar
Un boule libre identique à
celle des gyroscopes, dans une cavité, à l’abri des perturbations
extérieures ( vent solaire, atmosphère résiduelle, magnétisme…) au centre
de gravité, fournit la référence inertielle du centre de gravité du système sur
la trajectoire géodésique
(Accélération résiduelle à 10-10G ).
Au froid,
dans un vide poussé, en micro gravité, dans des conditions de symétrie maximum,
protégés des perturbations électriques et magnétiques, les gyroscopes tournent
dans un environnement qui les isole pratiquement complètement de leur milieu
Vue générale de l’enveloppe de
l’expérience
Les gyroscopes : Petites boules de
quartz fondues de la taille d’une balle de ping
pong, revêtues d’une couche de nobium ( supra conducteur à cette température) , ils sont
les objets les plus ronds et les plus homogènes que l’on trouve
dans l’univers ( à l’exception peut être des étoiles à neutrons).
Ils sont en lévitation électrostatique
dans une coquille munie d’électrodes (faible tension)
La vitesse de rotation 10 000 tr/mn est
communiquée (en vol par un jet sonique
d’hélium gazeux (ensuite pompé ). Compte tenu du vide cette
vitesse ne varierait pas de plus de 1% en 1000 ans.
Vue du Gyroscope ( en
quartz non métallisé) et de sa coquille en quartz
Le système de
lecture ( le moins perturbant
possible) de la position de l’axe du gyroscope se fait par SQUID. ( Superconductivity
Quantum Interference Device)
Principe de la lecture
d’une variation de position de l’axe de rotation
Le Télescope : Réaliser un pointage à 0,1 milliarcseconde, 1000 fois mieux que le pouvoir séparateur des
meilleurs télescopes n’est pas une mince affaire.
Comme le reste il fait
d’un bloc de quartz fondu, son ouverture est de 15 cm environ, sa focale de 3,75 m (s’agissant d’un Cassegrain sa
longueur est de 35 cm)
Pour la mesure, il utilise
une technique différentielle (séparation du faisceau en 2, et séparation de
chaque image par un prisme en deux demi disques, chaque paire de demi images
transmise à des photo-détecteurs qui génèrent un
signal proportionnel au déplacement). Il utilise « l’aberration
astronomique » pour calibrer ses mesures.
La source IM Pegasus a été
choisie pour sa luminosité et la connaissance très précise ( 0,0002 sec-arc/an) qu’on a de sa position et dérive par
rapport à un référentiel extragalactique (Campagne de mesures par
interférométrie avec le VLBI).
Précautions
particulières : L’orbite étant « polaire »
le satellite est particulièrement exposé aux agressions des rayonnements (hors
de la protection du bouclier magnétique terrestre). Il a déjà subi et supporté
avec succès ce genre d’épreuve au cours de sa courte période de pré-activité.
Cosmo-Info......n° 18
8 mai 2004
Quelles variations
pour les constantes fondamentales ?
La constante de structure fine
avec : q² = e²/4pe 0, e = charge de
l'électron, e 0 = permittivité du vide, h = constante réduite de
Planck, c = vitesse de la lumière.
Elle est sans dimension, indépendante du
système d'unités
1937: P. Dirac avait déjà envisagé une variation des constantes
fondamentales
1996 : Mine d'Oklo
au Gabon (T. Damour
et al)
Il s'agit des restes d'un réacteur naturel
d'uranium, qui a été actif pendant 200000 ans il y a 2 Ga*,
alors que le taux d' 235U était supérieur au seuil critique.
L'études des divers isotopes trouvés montre que :
D a / a < 10-7 depuis 2 Ga*.
2001 : Lumière des quasars (J. Webb et al)
La lumière des quasars lointains est
absorbée par le milieu intergalactique, à des distances variables de l'observateur
et donc à des dates diverses du passé. On peut alors évaluer la variation dans
le temps de la structure fine des raies d'absorption, en particulier pour des
métaux comme Mg, Al, Si, Cr, Fe,
Ni, Zn.
L'analyse de spectres en provenance de 13
quasars au Keck de 10 m à Hawaï (0.5 < z < 3.5)
a montré que :
D a / a = (- 0.72 ± 0.18) 10-5
entre 6 et 11 Ga* dans le passé.
Mais ces observations ont été effectuées à
la limite des instruments, avec beaucoup de perturbations possibles des
mesures.
2002 : Météorites
L'analyse de la désintégration de certains
isotopes dans les météorites amène à penser que :
D a / a < 10-7 depuis la
formation du système solaire, il y a 4.6 Ga*
2003 : Fontaines atomiques
La comparaison pendant 5 ans des fréquences
hyperfines des atomes de 133Cs et de 87Rb a permis à une
équipe de l'Observatoire de Paris de trouver :
D a / a < 7 10-16 par
an, soit D a / a < 0.7 10-5 en 10 Ga*
2004 : Lumière des quasars (Srianand, Petitjean et al)
L'utilisation du VLT et de son spectrographe
UVES, sur 18 quasars lointains (0.4 <z < 2.3) a permis de trouver :
D a / a = ( -0.06
± 0.06) 10-5
La variation des constantes en 10 Ga* n'est pas évidente avec ces derniers résultats, plus
précis que les précédents.
Sur la figure ci-contre, les 2 mesures
noires sont celles d'Oklo et les lignes pointillées
celles de J. Webb.
Par contre, suite à une autre analyse des
spectres de 6 quasars, on annonce également une
possible variabilité du rapport
µ= masse du proton/masse de l'électron (= 1836)
qui pourrait atteindre :
D µ / µ = (2.97 ± 0.74) 10-5
sur 12 Ga*
Ce résultat préliminaire reste à confirmer.
En conclusion :
* 1 Ga = 1 giga
années = 1 milliard d'années
Cosmo-Info...17
1er mai 2004
Saturne et Titan
La mission Cassini/Huygens de la NASA et de
l'ESA, lancée en 1997, s'approche de Saturne qu'elle atteindra début juillet
2004. La sonde européenne Huygens devrait descendre quelques mois plus tard
dans l'atmosphère de Titan, au bout d'un parachute.
En attendant, Saturne et Titan bénéficient
d'une attention toute particulière. Compte tenu de sa proximité grandissante -
Cassini est maintenant à moins de 60 millions de km
de son but – on utilise de plus en plus efficacement ses instruments, ce
qui permet par ailleurs de vérifier leur bon fonctionnement avant l'arrivée de
la sonde.
L'utilisation de filtres placés devant la
caméra a ainsi permis de mettre en évidence les mouvements de la haute
atmosphère de Saturne, dans l'hémisphère sud et la zone équatoriale. On a
également repéré deux taches noires dans l'atmosphère de l'hémisphère sud de la
planète et on ne sait pas de quoi il peut bien s'agir.
Une fois placé en orbite, Cassini pourra
longuement observer ces phénomènes et essayer de mieux les comprendre.
La planète a
également été observée avec le Chandra X-Ray Observatory de la NASA.
Encore une surprise : l'émission X est concentrée dans la région équatoriale de
la planète, alors qu'elle se concentre vers les pôles pour Jupiter. Le
rayonnement émis est très semblable à celui du soleil et il doit s'agir d'une
simple réflexion sur l'atmosphère, mais l'intensité du phénomène reste
inexpliquée. Par contre, rien n'est observé au pôle sud et les anneaux restent
invisibles à ces longueurs d'ondes (voir Chandra Press Room du 8 mars 2004) Cassini a de plus permis de
retrouver des concentrations de matière dans l'anneau F de la planète. Ce
phénomène avait déjà été détecté par les sondes Voyager en 1980 et 1981, mais
les idées ne sont pas encore très précises en ce qui concerne leur formation et
leur durée de vie.
Saturne vue en X par Chandra © NASA/U. Hamburg, J.
Ness et al.
Il semble par contre très clair que nous
aurons bien d'autres surprises, si la mission se déroule comme prévu, par des
observations orbitales de longue durée autour de Saturne.
Titan est le plus gros satellite de Saturne.
Son diamètre atteint 5150 km, ce qui est supérieur à
celui de Mercure. Il a une atmosphère opaque constituée d'azote, de méthane et
autres hydrocarbures.
On ne sait pas grand-chose de son
atmosphère, de ses variations saisonnières et diurnes, et encore moins de son
sol dont on se demande toujours s'il est solide ou liquide.
Pour mieux connaître tout ceci et préparer
la descente de Huygens en janvier 2005 si tout va bien, une équipe française
principalement constituée d'astronomes de l'Observatoire de Paris et de celui
de Grenoble, vient de publier de remarquables clichés de Titan pris avec
l'optique adaptative NAOS-CONICA du VLT de l'ESO au Chili dans le proche
infrarouge (voir ESO Press Release du 1er
avril 2004).
La résolution atteinte est maximale, atteint
1/30 de seconde d'arc, et montre ainsi des détails de l'ordre de 200 km sur la surface de Titan. L'utilisation de divers filtres
permet de faire varier l'altitude observée dans l'atmosphère. Différentes
perturbations ont ainsi pu être observées, dans diverses régions de
l'atmosphère du satellite.
On discerne des
structures dans l'atmosphère de Titan grâce à l'optique adaptative : dans
l'hémisphère sud à gauche, près du pôle sud à droite.
Cosmo-Info....n° 16
1er mai 2004
Sedna
Loin dans le système solaire, au-delà de
Neptune, les découvertes vont bon train.
En février dernier, des chercheurs américains
du California Institut of Technology
(Caltech) et de l'Université de Yale ont repéré 2004
DW, un objet de la ceinture de Kuiper, dont le diamètre a été estimé à 1400 km environ, un peu plus que Quaoar
découvert en 2002 dont la taille serait de l'ordre de 1250 km.
Mais les caractéristiques physiques de ces objets et les paramètres de leurs
orbites restent assez mal connus et incertains.
Plus récemment, la même équipe a découvert
2003 VB rebaptisé Sedna, un objet dont la taille
serait de l'ordre de 1600 km, les trois quarts de
celle de Pluton.
Son
orbite très elliptique autour du soleil est parcourue en plus de 10000 ans et
va très au-delà de la ceinture de Kuiper. Mais elle n'atteint pas, il s'en faut
d'un facteur 10, la distance que l'on envisage pour l'hypothétique nuage de
Oort : son aphélie se situe vers 900 unités astronomiques du soleil (900 fois
la distance de la Terre au Soleil). Cette orbite inhabituelle est peut-être le
résultat de perturbations gravitationnelles passées.
L'astre apparaît très rouge et l'on ne
comprend pas ce qui recouvre sa surface malgré les observations effectuées avec
le télescope Gemini de 8 m à Hawaï. Par ailleurs, il
n'est pas impossible qu'il soit accompagné d'un satellite.
Les progrès dans l'observation des objets faibles
et les programmes de surveillance systématique vont permettre d'obtenir
progressivement une meilleure connaissance de ces régions.
Sedna – vue d'artiste © NASA/JPL
– Caltech
COSMO-INFO n° 15
31 mars 2004
Z = 7 ! z = 10 !!
Les galaxies les plus
lointaines jamais observées
Une équipe internationale, avec en
particulier J. P. Kneib de l'Observatoire
Midi-Pyrénées et du California Institut of Technology (Caltech), a récemment découvert une galaxie
particulièrement lointaine. Ceci sera publié prochainement dans l'Astrophysical Journal.
La lumière émise par cette galaxie a un décalage vers le rouge (redshift
dû à l'expansion de l'univers) proche de 7, ce qui suppose une distance de
l'ordre de 13 milliards d'années-lumière de nous. Cette lumière a donc été
émise alors que l'univers n'était âgé que de 750 millions d'années environ,
soit 6 % seulement de son âge actuel (compte tenu des valeurs des paramètres
cosmologiques généralement acceptées aujourd'hui)
Cette galaxie a été étudiée sur des clichés du Hubble
Space Telescope pris par l'ACS (Advanced Camera for Surveys). Ces clichés de l'amas de galaxies Abell 2218
montrent que cet amas massif, relativement proche, fait office de lentille
gravitationnelle pour des objets d'arrière plan, ce qui explique en particulier
les images multiples et les nombreux arcs lumineux visibles. Mais cette
"lentille" a également pour effet d'amplifier la faible luminosité
des objets lointains. Le coefficient d'amplification est de l'ordre de 25 pour la galaxie en question. L'observation a été complétée
par photométrie infrarouge au Keck Telescope de 10 m à Hawaï.
La structure observée semble être d'une
taille maximum de quelques milliers d'années-lumière seulement, mais avec un
taux important de formation d'étoiles estimé à 2 ou 3
masses solaires par an. Il semblerait par ailleurs que cette galaxie émette
beaucoup plus de lumière ultraviolette que les galaxies proches, ce qui permet
d'envisager des étoiles en moyenne plus massives et plus chaudes à cette
époque. C'est une origine possible de la "réionisation"
du milieu interstellaire, qui était neutre après sa formation, et qui a pu
ensuite être fortement ionisé par les rayonnements UV intenses des premières
étoiles.
L'amas de galaxies Abell 2218 fait
office de lentille gravitationnelle pour une galaxie très lointaine, dont on a
repéré trois images rouges et faiblement lumineuses, cerclées sur le cliché (C)NASA/ESA
Quelques jours seulement après l'annonce de
cette découverte, une équipe franco-suisse dirigée par Roser Pello de l'observatoire Midi-Pyrénées, avec à nouveau la
participation de JP. Kneib, a annoncé à son tour un
nouveau "record" (voir A&A volume 416).
Grâce au VLT de l'ESO au Chili, ils ont pu
observer une galaxie dont la lumière est décalée d'un redshift
de l'ordre de 10. Ceci veut dire, toujours avec les mêmes hypothèses
cosmologiques, que cette lumière a été émise il y a 13.2 milliards
d'années, lorsque l'univers n'était âgé que de moins de 500 millions d'années.
De la même manière que précédemment, cette
observation n'a été possible que grâce à une amplification gravitationnelle
d'un facteur de 25 à 100 par l'amas de galaxies Abell 1835. (ce
qui aboutit au même résultat que si l'on utilisait un instrument d'une
ouverture de 40 à 80 m !)
Là aussi, la galaxie semble avoir une taille
réduite, une masse limitée à quelque millions de masses solaires et serait le
siège d'un intense processus de formation d'étoiles. Est-ce une
"brique" primitive dont l'agrégation avec d'autres va permettre de
former les galaxies telles que nous les connaissons ?
Image ISAAC/VLT en infrarouge proche de
l'amas de galaxies Abell 1835. A droite, dans l'agrandissement, la faible image
de la galaxie lontaine a été cerclée. (C) ESO
Il est possible également que nous
disposions là des premières observations de la fin des "âges
sombres", période de la formation de l'univers située entre l'émission du
rayonnement cosmologique, 380000 ans après le Big
Bang, et avant la formation des premières structures lumineuses constituées
d'étoiles et de galaxies.
Tout ceci sera sans doute conforté et
précisé assez rapidement, mais il faudra certainement attendre une nouvelle
génération d'instruments comme le futur James Webb Space
Telescope pour avancer de manière significative dans
la connaissance observationnelle de cette époque.
COSMO-INFO
n° 14
31 mars 2004
Voyager 1 va sortir
du système solaire
La sonde Voyager 1 a été lancée le 5 septembre 1977
et se trouve maintenant à 90 unités astronomiques (1) de à la Terre
après avoir survolé Jupiter, Saturne et Titan.
Elle s'approche des limites du système
solaire, plus précisément de la frontière entre la zone d'influence du soleil -
l'héliosphère - et le milieu interstellaire. Cette limite, l'héliopause, se situe entre 70 et 150 UA de nous et est
précédée, 20 ou 30 UA auparavant, par une onde de choc (on parle de "choc
terminal") qui correspond à un fort ralentissement du vent solaire et à
son passage en régime subsonique.
Voyager 1 est maintenant parvenue dans ces
régions. Il semble clair qu'elle n'a pas encore franchi l'héliopause.
Certaines observations récentes (voir Nature 426,45 et 48, 2003) montrent
qu'elle a pu se trouver au-delà de l'onde de choc, mais cette interprétation
est contestée. Il semble d'ailleurs que ces frontières soient très fluctuantes
et se déplacent en fonction des variations de l'intensité du vent solaire.
La tâche est rendue encore plus ardue par le
non fonctionnement de certains instruments de cette vénérable sonde de plus de
25 ans d'âge.
L'important est que pour la première fois,
un engin va sortir du système solaire, à la vitesse de 3,6 UA par an, et que
des informations seront recueillies in situ pendant le passage des zones
frontière, et même au-delà, dans le milieu interstellaire.
Voyager 2, sur une autre trajectoire, aura
le même destin quelques mois plus tard.
(1)unité
astronomique (UA) : c'est la distance moyenne Terre/Soleil soit 150 millions de
km environ.
COSMO-INFO….13
25 février 2004
Collision de Galaxies
Que se passe-t-il lorsque deux galaxies
entrent en collision?
Les rencontres stellaires sont peu
probables, mais les nuages de gaz interstellaires entrent en contact, ce qui
crée ainsi des surdensités locales qui amorcent les
processus de créations d'étoiles. Les étoiles les plus massives ne vivent que
quelques millions d'années, synthétisent des éléments lourds que les supernovae
dispersent rapidement dans le milieu interstellaire environnant. Les fins
cataclysmiques de ces étoiles créent à leur tour des ondes de choc qui
propagent le phénomène.
La célèbre structure des Antennes (NGC
4038/39), à 62 millions d'années lumière de nous, est un bel exemple de la
collision de deux grandes galaxies qui a débuté depuis quelques centaines de
millions d'années.
Les galaxies des Antennes : les effets
gravitationnels ont engendré deux grands arcs de gaz et d'étoiles, qui ont
donné son nom à la structure. © NASA-HST
Elle a longuement été observée en X par le télescope
spatial Chandra de la NASA, depuis fin 2000, et
pendant 114 heures au total. Le résultat de ces observations a été présenté
récemment par une équipe de scientifiques américains et anglais (G. Fabbiano et al. dans Astrophysical
Journal Letters, préprint
sur astro-ph/0401241)
La matière interstellaire, chauffée à
quelques millions de degrés par les supernovae, parait être très enrichie en
éléments lourds, fer, néon, magnésium et silicium, avec des teneurs atteignant
dans certaines zones 10 à 30 fois ce qui est constaté dans le voisinage solaire
pour Mg et Si. On peut ainsi penser que le taux local de supernovae pourrait atteindre
une trentaine de fois celui de notre propre galaxie.
Compte tenu de la forte métallicité
constatée, on peut également penser que des planètes pourraient se former plus
facilement, en quantité supérieure à la normale, autour des étoiles nouvelles qui
apparaîtront.
Ceci nous donne une idée de ce qui a pu se
produire dans le passé quand les collisions galactiques devaient être plus
fréquentes qu'aujourd'hui, dans un univers plus réduit.
Cela nous donne aussi un avant goût du
devenir de la Voie Lactée et de sa voisine Andromède qui se rencontreront sans
doute dans 3 ou 4 milliards d'années. La gravitation devrait alors former
progressivement une galaxie géante, sans doute elliptique, avec son halo de gaz
chauds, des centaines de millions de jeunes étoiles, et sans doute beaucoup de
systèmes planétaires.
Le centre de la structure des Antennes vu
en X par Chandra. Les points brillants correspondent
à des émissions ponctuelles d'objets compacts (étoiles à neutrons ou trous
noirs). Les émissions plus diffuses sont celles des nuages de gaz portés à
plusieurs millions de degrés qui s'étendent dans le milieu interstellaire. Les
couleurs rouge, verte et bleue correspondent respectivement à des énergies de
plus en plus élevées. (C) NASA/Chandra
Références :
Chandra Press Release 7 janvier
2000 http://chandra.harvard.edu/press/04_releases/press_010704.html
Ciel des hommes 10 janvier 2004 http://www.cieldeshommes.com/article.php?_a_id=742
X-raying
chemical evolution and galaxy formation in the Antenna.
G.
Fabbiano et al. astro-ph/0401241
COSMO-INFO….12
25 Janvier 2004
L'univers en UV et en
IR
On parle peu de deux observatoires spatiaux
américains lancés récemment : GALEX et SIRTF.
Ils sont pourtant parfaitement opérationnels
avec des détecteurs de très bonne qualité complémentaires de ceux du Hubble Space Telescope, et leurs
observations aux deux extrémités du spectre, respectivement en ultraviolet et
en infrarouge, vont faire progresser fortement les connaissances en fournissant
au passage "de bien belles images".
GALEX (Galaxy Evolution
Explorer) a été lancé en avril 2003 et placé sur une orbite quasi-circulaire à
700 km d'altitude environ. C'est un télescope qui
fonctionne dans l'ultraviolet, plus précisément dans deux gammes d'ondes de
l'ultraviolet proche et lointain, et sa mission devrait durer au moins 2,5 ans.
Il fournit des images circulaires de 1,2 ° de diamètre dans les deux bandes de
fréquences, avec une résolution de 5" d'arc.
Sa vocation est de permettre d'obtenir une
première carte d'une grande partie de l'univers dans ces longueurs d'ondes, de
la Voie Lactée aux galaxies lointaines. Il permettra ainsi de mieux comprendre
les processus de formations des étoiles et des galaxies et les évolutions de
ces structures depuis quelques 10 milliards d'années.
La galaxie Andromède vue en ultraviolet
(à gauche) et en visible (à droite). L'image en UV est une mosaïque de 9 images
de Galex prises en septembre et octobre 2003. L'UV
lointain est en bleu, l'UV proche en blanc/jaune. © NASA/JPL/Caltech
La magnifique image en UV récemment publiée
de notre plus proche voisine, la galaxie Andromède (Messier 31), met en
évidence les régions des bras spiraux, zones de formations intenses d'étoiles,
où se trouvent un grand nombre d'étoiles jeunes chaudes et massives, alors que
le centre galactique apparaît beaucoup plus froid et ancien. Cette vue est tout
à fait complémentaire avec les observations disponibles dans d'autres longueurs
d'ondes, en lumière visible et en infrarouge par exemple. D'autres clichés sont
disponibles sur le site Internet de Galex (1).
Le télescope infrarouge SIRTF (Space Infrared Telescope Facility) a été
rebaptisé Spitzer Space
Telescope (SST) en hommage à Lyman
Spitzer Jr, un
astrophysicien pionnier de l'observation spatiale. C'est, avec le Hubble Space Telescope (en visible) et Chandra (en X), un des grands observatoires spatiaux en
service de la NASA. Il a été lancé en août 2003 sur une orbite héliocentrique
et sa mission pourrait durer 5 ans.
Il est doté d'un télescope de 85 cm, d'une
caméra qui opère dans le proche et moyen infrarouge, d'un photomètre multibandes dans l'infrarouge lointain et d'un
spectrographe. Les instruments sont plongés dans de l'hélium liquide à 5,5 K.
Il va permettre d'étudier les zones
obscurcies par les gaz et les poussières où se forment souvent des étoiles, les
centres galactiques plus ou moins actifs, ainsi que les objets relativement
froids comme les étoiles naines, les disques protoplanétaires
autour des jeunes étoiles, les planètes et les petits corps du système solaire,
etc…, sans oublier l'univers jeune où les
rayonnements optiques et UV sont observables en infrarouge compte tenu du
décalage spectral engendré par l'expansion de l'univers.
Les premiers clichés disponibles sont
exceptionnels. Deux exemples :
D'autres images sont disponibles sur le site
Internet du Spitzer Space Telescope(2).
Le disque de poussières autour de Fomalhaut vu à diverses longueurs d'ondes. La vue à 70
microns montre l'asymétrie de la répartition de la matière. La vue à 24 microns
indique que la région centrale n'est pas vide. L'image de droite est une image
radio. © NASA/JPL/Caltech
M 81 vue par le
Spitzer Space Telescope. L'image a été formée à partir de clichés pris
dans 4 longueurs d'ondes dans l'infrarouge. L'importance des émissions des
poussières présentes dans les bras spiraux apparaît clairement. © NASA/JPL/Caltech
(1) Site Internet de Galex : http://www.galex.caltech.edu/index.html
(2) Site Internet du SST: http://sirtf.caltech.edu/index.shtml
Références :
Sky and Telescope
News 19 décembre 2003
http://skyandtelescope.com/news/article_1129_1.asp
Jet Propulsion Laboratory
News 10 et 18 décembre 2003
COSMO-INFO…11
25 janvier 2004
De l'antimatière au
centre de la Galaxie !
Le satellite européen Intégral d'observation
en rayons gamma vient de célébrer sa première année de bons et loyaux services.
Des chercheurs – dont M. Cassé de l'Institut d'Astrophysique de Paris et
J. Paul du CEA/Saclay – ont publié un certain nombre d'articles suite à
l'observation de fortes émissions gamma dans le centre de la Galaxie à une
énergie de 511 keV, caractéristique des annihilations
d'électrons et de positons (1)
c'est-à-dire de matière et d'antimatière.
Ces émissions, déjà détectées en 1997 par le
satellite américain CGRO (Compton Gamma Ray Observatory)
ont pu être cartographiées avec une meilleure précision par Intégral et il
semble bien qu'elles soient assez bien réparties dans le bulbe galactique, dans
une région d'environ 12° autour du centre.
Le flux mesuré est considérable et a été estimé à
quelques 1,5 1043 positons par seconde ! Mais d'où peut provenir
toute cette antimatière ?
Elle a sûrement été produite récemment par
des processus très énergétiques : supernovae de divers types, accrétion et jets
de matière au voisinage d'astres massifs comme des étoiles à neutrons ou des
trous noirs, action de rayons cosmiques sur le milieu interstellaire, éruptions
stellaires d'étoiles plus ou mois massives et instables, etc….
Carte gamma partielle
de la Galaxie établie par le spectromètre SPI. Les zones jaunes correspondent
aux émissions les plus intenses, les bleues aux émissions les plus faibles. ©
ESA-SPI team
Après réflexion, deux explications semblent
aujourd'hui prévaloir :
- Explosion d'étoiles très massives de
plusieurs dizaines de masses solaires, en hypernovae
; il suffirait, disent les scientifiques, d'une explosion de ce type tous les
5000 ans pour produire le flux d'antimatière nécessaire.
- Présence de matière noire dans le centre
galactique, sous forme de particules
exotiques envisagées dans certains développements théoriques, qui pourraient se
désintégrer et produire des positons dont on détecte l'interaction avec des
électrons ( MeV dark matter : has it been detected ? C. Boehm and al. Physical Review astro-ph/0309686)
La dernière hypothèse est bien sûr assez
spéculative! Mais les observations continuent et la
plus au moins grande uniformité des émissions permettra de privilégier une ou
l'autre des hypothèses. On a peut-être observé au centre de notre galaxie une
manifestation autre que gravitationnelle de la matière noire.
(1) Le positon est une
anti-particule qui a la même masse que l'électron,
mais une charge électrique opposée.
Références :
Un océan d'antimatière dans la Voie Lactée.
Sciences et Avenir décembre 2003
La source d'antimatière du centre
galactique. CEA/DSM-DAPNIA Actualités
http://www-dapnia.cea.fr/Phys/Sap/
Antimatter
clouds and fountain discovered in the milky way
http://cossc.gsfc.nasa.gov/epo/news/antimatter.html
Cosmo-Info...10
4 janvier 2004
Éta de la Carène
Éta de la Carène (NGC 3372) est une étoile géante bleue,
la plus lumineuse de notre galaxie, située à quelques 7500 années lumières de
nous, environ cent fois plus massive et cinq millions de fois plus lumineuse
que le soleil. Elle émet en permanence un puissant vent stellaire et est très
instable. Elle est souvent le siège d'évènements violents et a éjecté au XIXème siècle deux gigantesques lobes symétriques de
matière, en forme de champignons, qui masquent aujourd'hui l'étoile et dont la
masse est estimée à une dizaine de masses solaires.
Pour la première fois, une équipe
internationale dirigée par Roy van Boekel (ESO et
Université d'Amsterdam), aidé en particulier d'A. M. Lagrange de l'Observatoire
de Grenoble, a réussi à analyser plus finement la région centrale de l'astre,
en utilisant les instruments NAOS-CONICA et VINCI d'optique adaptative et
d'interférométrie du VLT de l'ESO au Chili. La résolution obtenue avec les
interféromètres du VLTI atteint 0,005 secondes d'arc, ce qui correspond à 11 UA
compte tenu de la distance, c'est-à-dire à peu près le grand axe de l'orbite de
Jupiter.
Les observations infrarouges permettent de
détailler la structure centrale complexe de l'objet, avec l'étoile géante et
quelques autres zones lumineuses au sein de la nébuleuse (voir Astronomy and Astrophysics
410, L37-L40 et astroph-0310399)
L'étude montre également que le vent
stellaire est plus important dans l'axe des deux lobes. On pense que cette
orientation correspond à l'axe de rotation de l'étoile qui doit être fortement
aplatie aux pôles compte tenu de sa rotation rapide. Les régions polaires de
l'étoile, plus proches des réactions nucléaires centrales, sont ainsi plus
chaudes que les régions équatoriales, ce qui doit favoriser l'émission de
matière.
Si ce modèle est correct, on peut calculer
la vitesse de rotation de l'étoile qui atteindrait 90 % de sa vitesse limite,
ce qui amplifie son instabilité. L'étoile a sans doute entamé la dernière
partie de sa vie qui va se terminer en supernovae dans quelques milliers ou
dizaines de milliers d'années, avec très vraisemblablement d'ici là quelques
nouveaux phénomènes spectaculaires.
Claude
Picard
Références
:
Van Boekel et al Direct measurement of the
size and shape of the present-day stellar wind of Eta Carinae A&A 410,
L37-L40 astro-ph/0310399
ESO press release 31/03 26 novembre 2003
http://www.eso.org/outreach/press-rel/pr-2003/pr-31-03.html
Cosmo-Info....9
4 janvier 2004
Le cannibalisme de la
Voie Lactée
Une équipe internationale, dont notamment N.
Martin et R Ibata de l’observatoire de
Strasbourg, a découvert une nouvelle galaxie satellite de la Voie Lactée. Ces
résultats sont publiés dans le MNRAS du mois de novembre 2003
Cette galaxie naine d’un milliard de
masses solaires environ est à une distance de l’ordre de 25000 années lumières
du soleil et de 42000 années lumière du centre galactique, dans la direction de
la constellation du Grand Chien. C’est la galaxie connue la plus proche
de la nôtre.
La Voie Lactée arrache
les étoilesde la galaxie naine du Grand Chien. La
traînée formée s'enroule autour de notre Galaxie et peuple son disque.
© CNRS - Université de
Strasbourg
Elle est habituellement cachée par le disque
galactique et sa forte concentration de poussières interstellaires ; elle
a été découverte à l’occasion de l’analyse des données du relevé
2MASS (Two Micron All Sky Survey) en infrarouge proche.
Les astronomes ont pu observer des étoiles
géantes rouges du centre de la galaxie naine, ainsi que de longues traînées
d’étoiles engendrées par les interactions gravitationnelles avec la Voie
Lactée. Le processus aurait commencé il y a deux milliards d’années et
devrait se poursuivre encore pendant un ou deux autres milliards
d’années, jusqu’à la dilution complète de la galaxie naine dans la
Voie Lactée, beaucoup plus massive.
Ceci confirme que notre galaxie continue à
grossir par cannibalisation de galaxies satellites plus petites. Ceci pourrait
également expliquer l’origine d’une couronne d’étoiles autour
du disque galactique, à 60000 années lumières du centre.
Claude Picard
Références :
CNRS Communiqué de Presse du 4 novembre 2003
et Observatoire de Strasbourg
Découverte de
la galaxie la plus proche de notre Voie Lactée
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/312.htm
http://astro.u-strasbg.fr/canm.html
Sky and
Telescope News
The newest closest galaxy