Numéro 8

Editorial

La parution de Cosmo-Info est devenue rare et irrégulière, faute de temps disponible en ce qui me concerne.

Je le regrette car c'est l'occasion d'évoquer et d'approfondir l'actualité et donc de mieux "sentir" le sens des recherches et l'importance des observations et des découvertes. Il serait intéressant que nous puissions trouver collectivement un moyen de faire davantage vivre ce support.

Pour ne pas complètement supprimer cet apport, je vous propose dans ce numéro 8 un rapide survol de l'actualité des derniers mois, sous forme de brèves avec quelques références.

Bonne lecture et à bientôt.

Claude Picard

Des quasars trop brillants [1]

La luminosité des quasars lointains pourrait être fréquemment amplifiée par les effets

gravitationnels de la matière située sur la ligne de visée.

Ces objets seraient donc moins massifs et plus proches et donc plus récents.

Certains chercheurs estiment que 1/3 des quasars observés à 10 Gyr seraient 10 fois moins lumineux que ce que l'on peut voir.

C'est peut-être vrai, mais cela arrangerait aussi bien les choses: on observe des quasars très lointains, donc nés très tôt après le Big Bang, avec des métallicités importantes (voir [2]) et inattendues.

Matière noire et whimps [3]

Les théories super-symétriques prévoient que la matière noire puisse exister sous forme de whimps, des particules massives qui interagiraient très faiblement avec la matière en dehors des aspects gravitationnels.

Les premières expériences avec Edelweiss n'ont rien détecté et ont même contesté des résultats antérieurs qui laissaient apparaître quelques espoirs.

On est en train d'améliorer fortement la sensibilité des détecteurs.

Faudra-t-il chercher autre chose ??

Matière noire autour des galaxies [4]

L'observation de certaines galaxies laisse apparaître un halo de gaz lesentourant, ce gaz très chaud émettant en X. La gravitation de la matière visible ne suffit pas à retenir ce gaz.

D'où l'idée d'envisager que le gaz est maintenu par un halo de matière noire autour de la galaxie, ce qui serait cohérent avec les modèles en vigueur.

Matière et antimatière[5]

L'expérience BaBar réunit plus de 600 chercheurs pour essayer de comprendre l'asymétrie entre matière et antimatière, liée à la violation de symétrie CP (Charge-Parité).

Les chercheurs viennent de mettre en évidence une légère différence entre la désintégration des mésons B par rapport à leurs antiparticules, ce qui conforte des résultats semblables déjà observés sur les mésons K et est conforme avec le modèle standard.

Ceci dit, la dissymétrie constatée s'avère être trop faible pour expliquer l'excès de matière dans l'univers. Là aussi, il faut trouver autre chose.

Trous noirs du troisième type [6]

On connaissait les trous noirs de taille stellaires, qui apparaissent en fin de vie des étoiles massives et les trous noirs des centres galactiques dont la masse pourrait atteindre quelques millions ou milliards de masses solaires.

On vient de trouver dans les amas globulaires M15 et M31G1, des trous noirs intermédiaires de quelques milliers de masses solaires.

Ceci conforte l'idée de la croissance des structures, et des trous noirs qui y sont contenus, par fusion au cours du temps de structures plus petites.

Fabrication d'éléments légers [7]

Les noyaux actifs de galaxies émettent bien souvent des jets qui interagissent avec le milieu intergalactique.

A cette occasion, des éléments légers comme le deutérium ou le lithium, ainsi que des éléments plus lourds pourraient être créés.

Cette nouvelle source d'éléments légers pourrait expliquer en particulier la non uniformité observée du deutérium.

Paramètres cosmologiques [8]

Trois expériences distinctes (Archéops, Cosmic Background Imager, Very Small Array), menées avec des matériels différents et des équipes différentes, aboutissent à des conclusions semblables qui confortent les valeurs des paramètres du même modèle cosmologique (matière noire froide avec inflation et constante cosmologique).

On confirme donc à peu de chose près un "Oméga matière" égal à 0.3 et un "Oméga Lamda" de 0.7, avec une connaissance plus précise du spectre de puissance du rayonnement cosmologique.

Nous en saurons plus en janvier prochain avec les premiers résultats de MAP.

Polarisation du rayonnement cosmologique [9]

La polarisation du fond diffus cosmologique a pu être mesurée grâce à un radiotélescope installé au pôle sud (DASI – Degree Angular Scale Interferometer).

Cette polarisation a été créée lors de la dernière diffusion des photons sur les dernières particules chargées libres, lors de la recombinaison, lorsque l'univers est devenu transparent. L'observation de ce phénomène montre qu'il y a bien eu diffusion a travers un plasma et les paramètres mesurés correspondent tout à fait à ceux attendus dans le modèle devenu standard de Big Bang.

 

 

[1] Ciel et Espace et La Recherche septembre 2002

[2] Is the Universe older than expected ? ESA/XMM-Newton 9 juillet 2002

Discovery of an ionized Fe-K edge in the z = 3.91 broad absorpsion line quasar APM 08279+5255 with XMM-Newton G. Hasinger and al astro-ph/0207005/

[3] voir sites IAP et http://edelweiss.in2p3.fr

[4] Chandra Press Room 22 octobre 2002

[5] Communiqué CNRS/IN2P3/CEA du 9 juillet 2002 sur l'expérience BaBar

SLAC Press Release 23 juillet 2002

[6] Hubble Press Release 17 septembre 2002

[7] Ciel et Espace Octobre 2002

[8] Cosmological constrainst from Archéops A. Benoit and al. Astro-ph/0210306/

Cosmic Background Imager http://www.astro.caltech.edu/~tjp/CBI/press

et astro-ph/0205388/

First results from the Very Small Array R. Watson and al. MNRA may 2002

[9] Sciences et Avenir et Pour la Science novembre 2002

University of Chicago Press Release septembre 2002

Détection of polarisation in the CMB using DASI J. Kovac and al astro-ph/0209478/